Les metteurs en scène
de Edith Wharton

critiqué par Jules, le 29 janvier 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une histoire bien construite
Edith Wharton est américaine, née en 1862 et morte en 1937 près de Paris, ville dans laquelle elle a fini par choisir de vivre. Elle fut vraiment très proche d'Henry James, l’écrivain qui marqua fortement des auteurs comme Fitzgerald et Hemingway.
Il s'agit plutôt ici d'une nouvelle et non pas d'un roman.
Jean Le Fanois attend une jeune femme dans le hall d'un grand hôtel de Saint-Germain. Elle se nomme Blanche Lambart et est américaine. Elle en a la fraîcheur, les dents blanches et régulières, la démarche plutôt libre et sportive. Wharton écrit : « Le contact d’une autre civilisation avait produit sur elle un tout autre effet que chez Le Fanois : elle avait gagné à ce commerce cosmopolite, autant que lui paraissait y avoir perdu. »
Tous deux sont dans la même situation : ils n'ont que peu de moyens et adorent la vie qu’ils mênent, entourés qu’ils sont par le luxe. On comprend de suite qu’ils sont associés. Leur moyen d’existence consiste à faire rencontrer à de riches américaines, ou américains, des membres de grandes familles françaises. Les premiers sont très nouvellement enrichis, et pas encore acceptés dans le « beau monde » de leur pays, et les seconds sont plutôt dans une courbe plus que descendante.
Mrs Smithers et sa jeune fille viennent de débarquer à Paris. Madame Smithers est une relativement jeune veuve. Le but premier est de trouver un mari bien né, ou pour le moins des mieux introduit dans la bonne société parisienne. Mais, après tout, la mère est libre également…
Nous sentons très vite que les rapports entre les deux associés ne sont pas que professionnels. Mais à défaut de moyens suffisants, on ne creuse pas plus loin. Mais je vous laisse découvrir cette histoire.
L'honnêteté me force à dire que, à défaut d'avoir trouvé de bons traducteurs (Gide avait même été demandé, ainsi que l’intervention de Proust), Edith Wharton s'est finalement résolue à écrire ce livre directement en français. Henry James le lui a d’ailleurs reproché par la suite en lui faisant remarquer qu'à utiliser une langue qui n'était pas la sienne elle a parfois versé dans le cliché. On ne l’y reprendra plus par la suite !
Cette nouvelle n’est pas mal faite du tout, mais il est vrai qu'elle est parfois caricaturale. De plus, je lui ferais le reproche d'écrire sur un thème qu’Henry James a fréquemment utilisé, que ce soit avec des américains en Angleterre ou des Anglais, ou Anglaises, en Amérique. Et, je trouve, le style d’Henry James supérieur.
Il me faut avouer qu’en lisant ce texte j'au eu le sentiment d’avoir un Henry James entre les mains, mais un Henry James qui n’aurait pas encore atteint le sommet de son art.