Les naufragés de l'autocar de John Steinbeck

Les naufragés de l'autocar de John Steinbeck
( The Wayward bus)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Roulemabosse, le 27 janvier 2002 (Tournai, Inscrite le 15 mars 2001, 87 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (472ème position).
Visites : 10 276  (depuis Novembre 2007)

On se dévoile, on se livre, et puis on oublie....

Un autocar en panne sur la grande autoroute de Californie...Les voyageurs sont obligés de passer la nuit dans le restaurant- station-service tenu par Juan,qui est également le chauffeur.
Au garage de la station, les apprentis se succèdent. Le dernier est surnommé le Boutonneux et espère que ce voyage lui apportera une aventure sexuelle. Alice, sa femme, engage de son côté une série continue de jeunes filles pour l'aider au restaurant, tout en les surveilant de près pour qu'elles n'aguichent pas son mari. La dernière venue rêve de Clark Gable et lui écrit des lettres enflammées. Alice ne se gêne pas pour les lire en cachette. Norma la surprend et furieuse, lui rend son tablier et prend elle aussi l'autocar vers un nouveau destin.
La panne réparée, l'autocar repart et un nouvel incident l'oblige à prendre une mauvaise route. L'autocar s'enlise et les voyageurs se dévoilent. Ils sont très différents les uns des autres et partent au Mexique avec des rêves souvent inavoués .Obligés de sortir de leurs habitudes, subissant la chaleur, l'ennui, l'angoisse, ils se permettent des propos qu'ils ne tiendraient généralement pas et ne repoussent pas les tentations. La mauvaise humeur éclate, dévoilant des sentiments inattendus. L'auteur des " Raisins de la Colère", comme toujours, décrit admirablement les différents caractères en les situant dans la comédie de leur existence.
Mais un voyage se termine toujours. Et généralement, les choses rentrent dans l'ordre, tandis que se calment les passions exarcerbées mais passagères...

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Référence

10 étoiles

Critique de Rafiki (Paris, Inscrit le 29 novembre 2011, 33 ans) - 8 mai 2014

Tout a été dit sur ce roman, je ne peux que me joindre aux louanges déjà prononcées et assurer de la qualité des livres de Steinbeck, c'est généralement du grand art et celui-ci est très réussi.
Mention spéciale au Boutonneux et à Camille dont j'ai vraiment apprécié l'étude.

"Road movie" riche en révélations

10 étoiles

Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 10 août 2013

Prenez un chauffeur mexicain et la mégère qui lui sert de femme, ajoutez un couple bourgeois, une jeune fille étouffée par sa famille, un adolescent excité, un représentant en commerce, une serveuse qui rêve de Clark Gable, une pin-up et un vieillard moribond... Mettez-les dans un bus des années 1940, faites-leur sillonner un peu la Californie et imaginez que tout ce petit monde se retrouve bloqué sur une route boueuse au milieu de nulle part. La pluie tombe à verse et les secours se trouvent à des kilomètres de là. Que va-t-il se passer ? Les passagers pourraient essayer de s’entendre, organiser leur survie et pousser la chansonnette autour d’un feu. Mais Steinbeck préfère puiser dans sa connaissance de la nature humaine pour nous offrir un récit plus réaliste. Cet accident qui isole les voyageurs produit en quelque sorte un huis clos où les frustrations de chacun se révèlent. C’est ainsi que l’homme d’affaires en apparence irréprochable se transforme en tyran domestique, que la fille de bonne famille recherche l’aventure et que la rêveuse plaque tout pour tenter de vivre vraiment. Quant au chauffeur Juan Chicoy, l’autocar l’a conduit à un carrefour de sa vie: à cinquante ans, il peut encore décider de rompre ses attaches pour rentrer au pays, avant qu’il ne soit trop tard. Comme dans « Des souris et des hommes », les instincts ont ici une grande place. Et les pulsions des personnages sont encore exacerbées par la présence de Camille, une beauté sulfureuse que les hommes désirent et les femmes jalousent. Bref, tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont réunis !

Ce roman est écrit avec une maîtrise exceptionnelle. L’univers de Steinbeck est non seulement vivant, mais aussi très visuel, de sorte qu’on a l’impression de regarder un film sur grand écran. La description de la station-service-restaurant tenue par le couple Chicoy nous plonge tout de suite dans l’ambiance, car Steinbeck a vraiment un don pour observer les détails du quotidien avec humour et finesse. Mais c’est surtout la psychologie des personnages qu’il approfondit ici, à l’appui d’une question toute simple : comment réagissent les membres d’un groupe humain en temps de crise ? Vous connaîtrez la réponse de Steinbeck en embarquant d'urgence dans son autocar, le « Bien-Aimé », à destination de San Juan.

Météorologie de l'âme

9 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 11 décembre 2012

La station service du Coin Des Rebelles est plantée là au beau milieu de nulle part, et c'est dans cet endroit improbable que va se croiser le destin des personnages de ce roman. Chacun est confronté à ses propres réalités qu'il tente tant bien que mal de faire sienne. Les rêves d'un ailleurs meilleur des uns et les désillusions des autres se mêlent et s'emmêlent durant ces quelques jours passés ensemble provoqués par les problèmes mécaniques et météorologiques.

La météorologie des pensés des personnages va imprégner ce court épisode de promiscuité forcée, obligeant certains à avancer dans les sous bois de la concupiscence et les autres à louvoyer pour échapper à leurs responsabilités.

L'auteur a le don pour camper des personnages qui semblent à première vue banals, mais qui au fil du récit dévoilent leur personnalité bien plus complexe qu'on ne le suppose au départ. Sous couvert d'une certaine légèreté dans sa façon de narrer son histoire, notamment dans le passage où la femme de Juan se retrouve seule dans la station service et aussi la présence parmi les personnages d'un représentant de farces et attrapes, John Steinbeck excelle à mettre à terre les paravents des convenances pour nous révéler toute la noirceur et les failles des êtres plongés dans les turpitudes d'une existence monotone et dépourvue de perspectives crédibles.

John Steinbeck fait partie de ces auteurs incontournables de la littérature américaine, qui mérite l'attention de tous ceux qui aspirent à ce que demeure une et indivisible la passion de la littérature en général.

l'oeuvre de John Steinbeck est monumentale !

9 étoiles

Critique de Cafeine (, Inscrite le 12 juin 2007, 50 ans) - 19 avril 2009

Parler d'un livre de Steinbeck, pour moi aussi dire tout le bien de son écriture, de sa merveilleuse aptitude à faire qu'on le suit, qu'on se délecte de son récit aussi noir soit-il avec la plus évidente simplicité.

Il me fut difficile de choisir un des livres pour ma critique, mais soit, le choix fait il faut donc que je me borne à parler de celui-ci.
Steinbeck soigne particulièrement l'entrée en scène de ses personnages. Ils apparaissent, jouant leur rôle à la perfection et se mettant peu à peu à nu, c'est à leur intimité que l'on touche, leur faiblesse, leur humanité qui éclate, certainement aussi ce qui les rend si attachants.
Ils ne deviennent pas familiers, ce serait trop simple, ils sont simplement faillibles, mortels et ma curiosité se délecte de ce morceau de vie que Steinbeck offre.
Rien dans leur vie qui soit exceptionnel, Steinbeck arrive à leur insuffler la vie, magique, et cela suffit à accrocher le lecteur voyeur.

L'histoire m'a paru être un condensé, comme si chacun des personnages prenait conscience de l'éphémère de la situation, un temps qui n'existerait plus jamais, que chacun à leur façon essayait d'en tirer la substance, quelle soit bonne ou mauvaise.
Intense, et toujours cette façon si particulière qu'il a d'être à la fois à proximité des personnages et s'en distancier aussi vite.

Aucun ne quittera le bus tout à fait le même, moi non plus.

Des personnages hauts en couleur

10 étoiles

Critique de Nomade (, Inscrite le 14 février 2005, 13 ans) - 11 janvier 2008

Steinbeck, un très grand écrivain. Et Les naufragés de l'autocar relève du grand art. Car dès les premières pages, l'auteur dessine en quelques mots incisifs des personnages hauts en couleur. Des personnages authentiques. Tellement vrais qu'on les voit en chair et en os en train de prendre vie dans notre imaginaire. Cet effet est redoublé aussi avec les narrations émaillées de la psychologie des personnages. Un petit régal. Le lecteur voyage au fil des pensées de ces personnages. Et au fil de cette excursion qui devient très vite rocambolesque et qui oblige les personnages, petit à petit, à révéler leur vraie nature.
Tout au long du roman, les rebondissements alternent avec des passages narratifs desquels ne se dégagent aucune action. Place donc à la révélation de petits secrets que cachent tant bien que mal les personnages. Lesquels deviennent attachants et hantent notre imaginaire. Encore bien après avoir refermé le livre. Car un voyage, cela ne s'oublie jamais.

une claque magistrale!

10 étoiles

Critique de Matru (cagnes sur mer, Inscrit le 27 mars 2006, 50 ans) - 27 mars 2006

J'ai commencé ma lecture de Steinbeck sur la pointe des lèvres, pardonnez l'expression.
Mais j'avais, comme souvent, certains a priori, comme souvent, sans fondement.
J'ai donc commencé par lire "en un combat douteux", ce fut une première claque.
Pas tant pour l'histoire, mais plutôt pour le sens du rythme, qui va crescendo, et le réalisme des personnages.
Je suis donc passé aux "naufragés", que j'ai littéralement avalé.
Voilà un livre parfaitement structuré, haletant, qui n'a recours ni à Jésus, ni à des ficelles fleurs bleues, seulement des gens ordinaires, mais taillés de la main
d'un grand maître de l'écriture.

Quels personnages!

9 étoiles

Critique de Féline (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans) - 24 juin 2003

Après avoir analysé un texte issu des "raisins de la colère" au cours d'anglais, je suis restée sur le souvenir d'un écrivain rébarbatif. Allez savoir pourquoi? Je ne me souviens même plus du contenu de l'extrait! Mais cet a-priori est resté bien ancré... jusqu'à ce que je débute la lecture de ce livre. Et que je découvre un roman passionnant, qui se lit d'une traite et qu'on ne peut s'empêcher de reprendre en main dès qu'on a un moment libre. L'histoire ne constitue finalement qu'un prétexte à l'écrivain pour nous offrir une formidable brochette de personnages, dont il développe la psychologie tout en finesse et avec un véritable brio. Une étude psychologique, comme j'en ai peu rencontré au cours de ma (courte) carrière de lectrice.
Et quelle belle écriture aussi. J'ai beaucoup apprécié la séquence d'anthropomorphisme où une mouche se moque véritablement d'Alice et va se régaler du gateau à la noix de coco.

une petite anecdote sur le livre

6 étoiles

Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 1 octobre 2002

saviez vous qu'en 1953 Les Naufragés de l'Autocar est placé sur une liste de livres à déconseiller du Gathings Committee, un comité de la chambre des représentants qui est chargé de la censure des oeuvres indécentes? Puis l'Irlande adopte la même attitude envers les oeuvres de Steinbeck.
Quand à moi je n'ai pas lu le livre mais je le lirai volontiers.

Du tout grand art

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 30 janvier 2002

Steinbeck nous présente ses personnages un par un, en quelque traits incisifs et il les décrit tellement bien qu'ils en deviennent vrais. Et comme l'histoire est prenante et que c'est super bien écrit c'est un livre qui se lit quasiment d'une traite. J'ai adoré entre autre la scène où Alice s'enferme seule dans son restaurant, pour se soûler. Déjà bien entamée elle a une vision de sa mère paralysée sur son lit de mort, ce qui donne une nouvelle dimension au personnage. J'ai bien rigolé aussi quand il décrit son sursaut à l'idée de tomber à court; "Elle souleva la bouteille et loucha gravement sur le contenu. N'en reste pas bézef. Subitement elle eu peur. Et si elle manquait avant d'être à point ? Elle hocha la tête d'un air entendu et sourit à part elle. Il y avait deux bouteilles de porto au fond du petit placard. Forte de la sécurité que lui donnaient ces deux bouteilles, elle se versa une copieuse rasade et la sirota".

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