Agatha Christie, tome 19 : La Maison du péril (version BD)
de Agatha Christie, Didier Quella-Guyot (Scénario), Thierry Jollet (Dessin)

critiqué par Shelton, le 10 février 2010
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Hercule Poirot, témoin ou enquêteur ?
Si Agatha Christie est bien considérée comme une des reines du policier classique, une des baronnes des enquêtes raisonnables et raisonnées, la comtesse des enquêteurs hors normes, de Poirot à Marple, il n’est pas évident d’utiliser, encore aujourd’hui, ses romans pour en faire des adaptations au cinéma, à la télévision, en bande dessinée… tout en restant attrayant !

Pourtant, c’est vrai qu’il y a quelque chose de fascinant dans ces intrigues bien léchées et que le public répond bien souvent présent chaque fois qu’on lui propose le retour de ces histoires que, pourtant, il connaît par cœur. C’est tout le paradoxe et la richesse de cette collection Agatha Christie des éditions Emmanuel Proust. Depuis que les éditions Lefrancq ont disparu, l’éditeur a repris le flambeau et c’est maintenant dix-neuf romans ou nouvelles qui ont pris chair sous les crayons de Jollet, Charrier, Leclercq, Marek, Chandre… Les histoires se succèdent et les lecteurs redécouvrent avec plaisir que les intrigues de Christie peuvent encore provoquer des émotions fortes et réveiller nos neurones, vous savez ces petites cellules grises que Poirot chante, entraine, maintient en vie…

L’adaptation de «La maison du péril» par Didier Quella-Guyot et Thierry Jollet était, du moins à mon avis, délicate à mener puisque ce roman était très connu et qu’il avait déjà fait l’objet d’une adaptation télévisée qui connut plus qu’un succès d’estime. Il fallait voir quels seraient les indices distillés et à quel rythme par le texte et le dessin, comment réaliser les séquences de flash-back, quelle tête donner aux personnages principaux, en particulier à Hercule Poirot…

La narration graphique, proche de la ligne claire, au moins pour certaines cases, permet une lecture plaisante et adaptée. Le lecteur est pris dès le départ par un incident suspect, un accident dont il ne connaît pas l’issue ni la cause. Poirot est très crédible, le dessinateur est parti de l’acteur Albert Finey, une sorte de personnage élégant avec de belles moustaches à la Dali…Le scénario a été entièrement réalisé par Didier Quella-Guyot et il a été strictement suivi par Thierry Jollet. Une équipe qui a trouvé ses marques et qui compte bien récidiver avec un prochain roman d’Agatha Christie…

L’histoire est assez simple. Une jeune femme semple poursuivie par la poisse, la mort ou… la haine criminelle… Elle s’appelle Nick Buckley et c’est elle qui habite cette « jolie bicoque » aussi surnommée « La maison du péril ». Hercule Poirot y sera invité à manger, un soir de feux d’artifice, un soir où un meurtre aura lieu. Oui, la pauvre Maggie est assassinée le soir même, presque sous les yeux du grand Poirot ! « Quelle andouille je fais ! » Mais il est trop tard pour se lamenter, il faut interroger, enquêter, comprendre et accuser ! Tout sera mené de main de maître et nous aurons le droit à la traditionnelle réunion de tous les acteurs de l’histoire, mais pas de façon habituelle avec invitation, plutôt de façon surprenante… Enfin, pour le résultat cela ne change pas grand chose : Poirot a compris, il sait et il énonce la vérité qui se conclut avec le nom du coupable que je ne vous délivrerai pas… Faut quand même garder un peu de suspense…

Une très belle adaptation, plaisante à lire et qui permet de provoquer l’envie de prendre en mains les romans d’Agatha Christie et le bonheur de trouver, à notre tour et plus rapidement qu’Hercule Poirot, le nom des coupables et leurs mobiles !