Dieu n'est pas grand : Comment la religion empoisonne tout
de Christopher Hitchens

critiqué par Oburoni, le 15 février 2010
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Feu à volonté
Considéré par les revues "Foreign Policy" et "Prospect" comme étant l'un des 100 plus importants intellectuels contemporains, journaliste brillant, doué pour la polémique, on aurait tort de passer à côté d'un homme comme Christopher Hitchens.

Ici il s'en prend aux religions -Abrahamiques surtout mais pas seulement, les spiritualités orientales en prenant aussi pour leur grade- sur lesquelles il tire à bout portant.

Créations humaines, nées de l'ignorance et ennemies de la raison : trois facteurs amplement suffisant à Hitchens pour affirmer que les religions empoisonnent tout, exemples multiples et variés à l'appui dans ce livre, explosif, ou dans des chapitres époustouflants, avec une logique implacable et des arguments imparables dont certains l'ont rendu célèbre il fait voler en éclats leurs soit-disant bienfaits.

Il revient sur les conflits armés et les récents génocides, soit motivés soit envenimés par les religions, pour montrer qu'elles sont meurtrières. Il démontre que leurs politiques face à de grands problèmes de santé ( du SIDA à différents vaccins ) ont des conséquences déplorables. Il ridiculise leurs affirmations métaphysiques qui, en plus d'avoir des relents de totalitarisme et d'être immorales contredisent nombre de découvertes scientifiques. Il s'appuie sur les textes religieux eux-mêmes, qu'il renvoie au visage des croyants, pour mieux les démonter. Ne reculant devant rien il se permet même l'humour décapant, comme dans son court chapitre "Courte digression sur le cochon -Pourquoi le Paradis n'aime pas le jambon ?" où il se moque, sarcastiquement mais non sans pertinence, de la phobie des porcs chez les Juifs et les Musulmans.

On le devine : Hitchens mitraille à tout va, dominant un vaste champ de bataille d'où les dogmes religieux ont bien du mal à sortir intacts.

Je n'ai qu'une seule réserve : c'est que, justement, le champ de bataille est trop vaste.
Si pour certains lecteurs une telle démarche fera la richesse du livre -d'autant plus que l'auteur, cultivé, intelligent, habile à agencer ses idées maitrise parfaitement ses sujets- pour moi cela ne fait que lui donner un côté dispersé et foutoir. En fait j'en suis ressorti un peu confus. Trop sur tout et n'importe quoi, même si le tout est bien ficelé.

A conseiller, peut-être, aux religieux, comme un début de réflexion ?
Cette conversation bien ciblée convaincra-t-elle un croyant ? 7 étoiles

La structure du livre de Hitchens telle qu'à défaut d'une table des matières, elle apparaît dans ces références regroupées par titre de chapitre, construit très bien son argumentation. En particulier, son rappel de la filiation des trois grands monothéismes est fort pertinent.

< Nous ne nous en remettons pas seulement à la science et à la raison, parce que celles-ci sont des facteurs nécessaires mais non suffisants, nous nous méfions de tout ce qui contredit la science ou insulte la raison. > p. 15

p. 182

p271.

Gotthold Lessing cité p. 301

Toutefois l'élaboration de son argumentaire à l'intérieur de chaque chapitre apparaît parfois un peu plus brouillonne. La pensée de l'auteur emprunte toutes les directions. Il tend davantage à accumuler un ensemble d'observations, de références à d'autres auteurs qu'à étayer progressivement l'idée centrale de son chapitre. L'impression qui en reste est celle d'une conversation bien ciblée peut-être, mais quand même à bâtons rompus.

Ainsi l'ensemble de ses arguments peut-il enrichir la pensée d'un sceptique mais n'a pas l'impact suffisant pour convaincre un croyant convaincu, encore moins un intégriste. Pour cela, le texte de Cyrille Barrette - Mystère sans Magie - me semble beaucoup plus approprié.

Angreval - Brossard - 78 ans - 21 mars 2016


Des questions, mais peu de réponses 6 étoiles

L'auteur, affirmant son athéisme, cherche à montrer que la foi des croyants ne repose que sur des absurdités et des contradictions. On retrouve des observations qui ne sont pas nouvelles : Si Dieu est infiniment bon et qu'il a créé l'homme, comment expliquer les souffrances ? Si Dieu a fait l'homme libre, pourquoi les religions veulent-elles lui voler cette liberté, en lui imposant des règles jusque dans les faits les plus intimes de sa vie ? Si le croyant attend une vie éternelle pleine de félicité, pourquoi redoute-t-il la mort ? Pourquoi des guerres et des massacres au nom d'un Dieu d'amour et de paix ?
Le livre est bien documenté. On voit à quel point une religion peut être synonyme d'obscurantisme, même encore aujourd'hui hélas. Religions et sciences sont souvent opposées. Pendant longtemps il est vrai, l'homme a tenté d'expliquer ce qu'il ne comprenait pas par une intervention divine. L'auteur nous dit que de nos jours la science n'a pas besoin de la religion pour expliquer l'univers, qu'avec ou sans l'hypothèse de l'existence d'un dieu, les conclusions sont les mêmes.
La religion est non seulement amorale, mais immorale, au moins pour cinq raisons (je cite) : « 1 – La présentation d'une image fausse du monde à l'innocent et au crédule. 2 – La doctrine des sacrifices sanglants. 3 – La doctrine du rachat. 4 – La doctrine de la récompense et/ou du châtiment éternel. 5 – L'imposition de tâches et de règles impossibles ».
Concernant les miracles, Hitchens cite Saint-Augustin, qui a déclaré « Je ne serais pas chrétien sans les miracles ». Il dénonce la supercherie délibérée du Vatican sur un pseudo-miracle attribué à Mère Teresa. Mais sur les miracles de manière générale, il reste très évasif. C'est dommage.
Mais, et d'ailleurs l'auteur le précise clairement, les religions sont des inventions des hommes. Or Hitchens ne fait pas de véritable distinction entre la foi et la pratique religieuse. On sait pourtant aujourd'hui combien c'est différent. La religion dicte des règles, elle ne cherche pas à prouver l'existence d'un Dieu. Pas plus que l'athéisme ne cherche à prouver sa non-existence. Ce livre n'apporte finalement pas grand chose que l'on ne sache déjà, et qui n'a jamais permis de fournir le moindre élément de réponse à une question qui préoccupe l'Homme depuis qu'il existe. D'autre part, l'auteur aurait pu se dispenser de qualificatifs injurieux quand il cite des personnes qui ne sont pas de son avis.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 28 février 2015


Brillant... 9 étoiles

J'ai lu ce livre il y a quelques mois et j'ai un peu hésité à le critiquer, parce que, comme le relève Oburoni, Hitchens tire dans tous les azimuts, et que le vertige de la lecture passé, on ne sait plus très bien quoi dire, sinon que l'auteur n'aime vraiment pas les religions, qui pour lui, aliènent la liberté humaine. Dans la mesure où celles-ci tentent d'empiéter sur la société civile en la soumettant à ses diktats, il a bien évidemment raison, mais chacun sait que le pape, ses confrères muftis et autres sont trop respectueux de la liberté humaine pour se livrer à de telles tentatives et tenter d'imposer leurs vues éthiques à tous, y compris ceux qui ne font pas partie de leur église.

C'est brillant, extrêmement bien documenté et argumenté, bien plus à mon avis que le traité d'athéologie d'Onfray, dont il reprend les thèses en les amplifiant.

Hitchens s'était fait remarquer il y a quelques années avec un pamphlet contre Mère Térésa, qui a été tellement pris au sérieux par le Vatican que les autorités ecclésiastiques lui ont demandé de venir témoigner lors du procès en béatification de cette dernière, ce que le bougre ne s'est pas gêné de faire, mais naturellement sans tenir compte de son avis, et pour cause!

En tous cas, c'est une lecture à recommander, un livre qui fait réfléchir.

Le rat des champs - - 74 ans - 18 février 2010