Honecker 21
de Jean-Yves Cendrey

critiqué par CC.RIDER, le 21 février 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Le blues du bobo aux abois
Lâche et velléitaire, Honecker éprouve une immense lassitude devant une vie de bobo qui devrait normalement le rendre heureux. Responsable des Relations Humaines dans une boîte de téléphonie mobile, il dispose d'un bon travail bien rémunéré qui lui procure une certaine aisance, la preuve : il a pu s'offrir une Avantime Renault. Il vit avec la belle Turid, animatrice d'une émission télé qui cartonne. Ils s'aiment beaucoup et attendent leur premier enfant. Mais Honecker a le spleen, son bonheur ne le satisfait plus. Et voilà qu'il s'intéresse à une grosse fille aux formes flasques qui est sourde et muette et qui habite au Corbusierhaus de Berlin. Il n'a de cesse de vouloir emménager dans ce prototype de HLM soviétoïde des années cinquante pour se rapprocher de son nouveau caprice. Mais, alors que son déménagement n'est pas terminé, il doit assister à un week-end de motivation dans une petite station balnéaire polonaise non loin de la frontière. Et c'est sur le chemin du retour qu'il rencontrera son destin.
Deux cent vingt trois pages pour nous décrire le blues d'un bobo aux abois, les affres d'un enfant gâté aux aventures duquel on n'arrive que fort difficilement à s'intéresser. Il ne se passe pas grand chose dans cette banale histoire illustrant le désenchantement d'une vie dépourvue d'idéal, de poésie, de rêve et de romantisme. Honecker a tout, mais il est malheureux car il n'est rien qu'une coquille vide, un « homo festivus » sans racines. Il est évident qu'Honecker, c'est Cendrey lui-même, (le mari de Marie N'Diaye, romancière célèbre et Prix Goncourt 2009), c'est à dire un immigré de luxe perdu chez les teutons. Ces confidences sur le spleen du nanti auraient pu être rachetées par un style flamboyant, mais il n'en est rien. On est plutôt dans l'indigeste, l'ennuyeux et le filandreux prétentieux en dépit de quelques petites fulgurances d'esprit caustique de ci de là fort insuffisantes pour tenir la distance. Et quel besoin de martyriser la ponctuation et d'utiliser des termes étranges pour ne pas dire barbares comme « handy », « téléphonage », « secouage » ou la vilaine expression « au bord d'être » en lieu et place de « presque », si ce n'est pour donner l'illusion d'un style ?
Un récit tragico-burlesque 8 étoiles

Honecker 21 m’est surtout apparu comme le récit tragico-burlesque des tribulations d’un trentenaire arrivé à un tournant de sa vie et lassé d’une vie de bobo gâté qui découvre la vacuité de sa vie familiale et de sa vie professionnelle .

La gravité du vide existentiel s’accompagne constamment dans la roman d’une succession de situations comiques où le héros se trouve confronté au disfonctionnement des objets du quotidien , ou à des rencontres insolites .

Si les passages descriptifs rendent compte par une écriture dense et foisonnante de l’atmosphère grisâtre, lourde, poisseuse, dans laquelle Honecker se sent englué, de nombreux passages narratifs ou dialogués embarquent le lecteur dans un univers où l’absurde le dispute au burlesque .

Un roman agréable à lire, à l’humour souvent noir

Alma - - - ans - 11 avril 2010