L'aïeule montagne et l'enfance de la vallée
de Monique Thomassettie

critiqué par Sahkti, le 22 février 2010
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Retour aux sources
La bibliographie impressionnante de Monique Thomassettie est à l'image de son parcours, dense et riche, curieux de tout également. En témoignent les talents de l'auteur pour l'écriture, la poésie, la peinture et le dessin, entre autres.
Chaque livre est un voyage, une invitation à parcourir un monde sans cesse à relire et dont il convient de s'imprégner, sans jamais hésiter à se plonger dans une seconde lecture pour savourer l'essence de chaque mot

Une fois de plus dans ce recueil, Monique Thomassettie se met à nu de manière onirique et pudique, s'interrogeant sur elle-même et sur nos origines. Le tout subtilement accompagné de vingt-et-un dessins de sa plume.

La montagne-terre est au coeur du récit. Montagne-matrice originelle auprès de laquelle nous retournons volontiers aux sources, prenant conscience du poids des racines dans lesquelles on puise la connaissance.

"Une planète qui bascule / entraînée par le poids/ de ses eaux" (page 1)

Arbre de vie, mère de nos âmes, cette montagne symbolique se veut également un lieu d'habitat, un repaire pour le corps et l'âme. Un asile aux portes ouvertes par lesquelles chacun va et vient à sa guise, se recentrant vers la nature et une montagne nourricière, riche en enseignements du passé et le regard tourné vers l'avenir. Car cette montagne qui nous accueille est aussi cela, mouvement de vie, d'éclosion et de croissance, lieu de réflexion et réceptacle du futur. A nous de nous y mouvoir, corps en perpétuel mouvement, féminité qui retrouve là le fruit de la naissance et la force de la descendance. La montagne se voudra dès lors charnelle, forte et proche.

"Aux âpretés abruptes / s'accrochent quelques voiles / séduits. Des bribes en flottent / aux vents variés et ouverts" (page 21)

Le rapport au temps n'est pas pour autant inexistant et si cette montagne semble immuable, elle n'est pas sans nous rappeler que le compteur tourne mais qu'il en restera quelque chose, quelque part.

"Car l'autre versant des monts / enfin rêve / transmue en légende / un survital exil" (page 35)

La sérénité gagnera chacun d'entre nous dès qu'il atteindra ce sommet à partir duquel il peut contempler le monde, conscient de sa force et de sa fragilité, de son éternité à travers l'éphémère.

"Les voyageurs voient-ils / les montagnes romanes / s'effiler et s'ajouter / en une progression dont je ne sais / si elle de temps ou d'espace" (page 47)

J'ai apprécié la maturité et la sagesse qui se dégagent des lignes de ce volume, comme si Monique Thomassettie, sans pour autant cesser de s'interroger, avait posé son baluchon à rêves, le temps d'une pause, sur une crête offrant un vaste tour d'horizon à son esprit gourmand de vie.
Tout à fait d'accord avec Sahkti 9 étoiles

Ce recueil de Monique Thomassettie est en effet remarquable, et comme apaisé.
Je signale toutefois une coquille dans les citations:

"Les voyageurs voient-ils / les montagnes romanes / s'effiler et s'ajourer (au lieu de : "s'ajouter") / en une progression dont je ne sais / si elle est de temps ou d'espace" (page 47)

Dinama - - 54 ans - 25 février 2010