Derrière la porte
de Marc Pirlet

critiqué par Kristine, le 25 février 2010
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Un roman poignant
Derrière la porte est un roman écrit à la première personne, dans lequel le narrateur, Laurent, raconte sa rencontre avec une jeune femme, Louise, qui vient de passer plusieurs années dans une institution psychiatrique et continue pourtant à souffrir d'une blessure qui semble inguérissable.
Pendant des mois, avec une patience infinie, Laurent va chercher à lui redonner goût à la vie, notamment en partant avec elle à Lyon, dans la ville de son enfance. L'émotion est présente de bout en bout, on suit les personnages pas à pas, on a envie de les soutenir, de les encourager, jusqu'à la séquence finale qui pose la question du rapport entre la morale et la littérature.
Un court roman absolument poignant, écrit avec pudeur et délicatesse. On pense à Modiano ou à Simenon. Une belle découverte.
Encore un excellent Marc Pirlet 9 étoiles

Laurent, un jeune célibataire, vit seul dans un appartement au quartier Sainte-Marguerite à Liège. Il travaille comme employé dans un aéroport. Un jour, il entend des bruits discrets dans l’appartement juste en dessous de chez lui. C’est Louise, une jeune femme. Une assistante sociale lui apprend, qu’il y a quelque temps déjà, la mère de Louise fut renversée par un bus aux Guillemins et qu’elle en est morte sur le coup. Depuis, Louise ne prononce plus un seul mot. Laurent va s’attacher à sa nouvelle voisine et va chercher à remonter dans son passé grâce à un court séjour qu’ils vont faire ensemble à Lyon …

Marc Pirlet, qui habite dans le quartier Sainte-Marguerite, est l’auteur déjà de plusieurs romans qui se déroulent dans cette partie très populaire de la ville de Liège . Citons : « Une vie pour rien » , « Le photographe » et cet autre excellent « Derrière la porte ».

Une écriture simple ( dans le bon sens du terme), limpide, accrocheuse à souhait et terriblement efficace.

A lire de toute urgence !



Extraits :


- Le quartier où j’habite est plutôt pauvre. D’après mon père, il ne l’a pourtant pas toujours été. Il y a trente ans, il était un des quartiers les plus prisés de la ville. A l’endroit où une route à quatre bandes a été construite, un parc s’étendait avec, disait mon père, les plus beaux arbres de Liège. Il allait souvent s’y promener avec maman. C’est même là qu’ils s’étaient embrassés pour la première fois. Mais le parc avait été rasé et le bruit des voitures avait fait fuir la plupart des habitants, sauf les plus vieux, comme Madame J …, qui habitait à l’étage en dessous du mien et qui est morte l’année dernière, à quatre-vingt neuf ans.
Après la construction de la route, beaucoup de maisons et d’appartements étaient restés vides, malgré l’effondrement des loyers. Cette période de transition avait duré près de dix ans puis, petit à petit, le quartier s’était repeuplé. Les nouveaux venus étaient presque tous des étrangers. Les premiers étaient originaires du Maroc et d’Algérie. Ensuite, par vagues successives, étaient arrivés des Turcs, des Indiens, des Pakistanais, des Congolais, et pour finir, pendant la guerre de Yougoslavie, des familles qui fuyaient les Balkans et qui, en majorité, étaient constitués de Bosniaques.
Je le sais parce que j’ai fréquenté le comité de quartier. Il se réunissait une fois par mois et je ne manquais jamais d’y participer. Pas pour donner mon avis, bien sûr. J’y allais uniquement parce que le président était un ami de mon père et qu’il m’avait trouvé du travail. (….)


- A cet âge, j’aurais dû être marié ou, à tout le moins, vivre avec une compagne. J’aurais dû penser à avoir des enfants. J’aurais dû aussi travailler à temps plein à l’aéroport alors que je n’y allais que trois nuits par semaine. (…) Je dois également reconnaître que je n’avais pas beaucoup d’amis. Pour être franc, je n’en avais même pas du tout. J’avais des collègues avec qui je m’entendais bien, c’est tout. De temps en temps, le week-end, nous allions boire un verre ensemble ou voir un match de football, amis je ne les considérais pas pour autant comme des amis. En plus, je ne m’amusais pas vraiment en leur compagnie. Quand la soirée se terminait et que nous nous disions au revoir, je ressentais toujours une forme de soulagement. (…)

Catinus - Liège - 73 ans - 27 mars 2016