Le Lac salé de Pierre Benoit

Le Lac salé de Pierre Benoit

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par PPG, le 5 mars 2010 (Strasbourg, Inscrit le 14 septembre 2008, 48 ans)
La note : 8 étoiles
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Salé et amer

Salte-Lake City, 1858. Suite à l’arrivée de l’armée fédérale des Etats-Unis dans cette ville pour y contrôler l’expansion des Mormons, un jeune lieutenant nommé Rutledge est logé chez Annabel Lee, jeune veuve irlandaise, vivant pour quelques temps encore dans sa somptueuse villa. Elle doit en effet se rendre à Saint-Louis sous l’impulsion d’un jésuite français, le Père Philippe d’Exiles qui a fait la promesse à son mari décédé, le colonnel Lee, de veiller sur elle jusqu’à ce qu’elle quitte Salt-Lake City. Le Père d’Exiles, de peur qu’elle s’éprenne du lieutenant, lequel est par ailleurs déjà fiancé, complote afin que son départ se fasse rapidement, comme il était prévu initialement. Utilisant ainsi par ruse le Révérend Gwinett à son insu afin de séparer les deux tourtereaux, le Père d’Exiles ne comprendra que bien trop tard que son plan, au dessein certes honorable, se transformera en un piège effroyable pour Annabel et ses proches. Une machination qui sera d’autant plus efficace de par l’action de Sarah, une mormone nourrissant envers Annabel une haine des plus tenaces.

L’histoire met en lumière le mensonge sous toutes ses formes : chacun l’exerce, mais pour des raisons totalement différentes : l’honneur, le pouvoir, la richesse... On se ment aussi à soi-même, par faiblesse, en y reniant parfois même ses convictions. Tout le monde trompe tout le monde en voulant tirer son épingle du jeu. L’amour y tient également une place, mais c’est un amour au goût amer, presque laid.

Quelques reproches à ce roman : les protagonistes “victimes” sont un peu trop esquissés et nous avons la sensation qu’ils se résument un peu trop à de simples automates, dont les actes, mécaniques, ne dépendraient jamais véritablement d’eux-mêmes, mais tout le temps guidés par leur condition, un destin auquel ils ne pourraient jamais se soustraire, une terrible pesanteur qu’ils accepteraient néanmoins, par dépit, les faisant apparaître par conséquent lâches ou faibles, au mieux impuissants... mais certainement pas des héros. C’est leur absence de point de vue qui manque. A l’opposé se situent les comploteurs, puissants et/ou intellectuels (religieux) qui n’hésitent aucunement à utiliser leur érudition ou leur position sociale pour manipuler le destin des gens à leur profit.

Ce quatrième roman de Pierre Benoît est assez cruel, étonnant même, car le mal semble triompher au détriment du bien. La fin est d’ailleurs à ce titre écoeurante : tant par les faits que par les circonstances tragiques qui feront que deux personnages valeureux se retrouveront tour à tour, à des époques différentes, témoins de la déchéance de..., mais il est trop tard.

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