Lorenzaccio
de Alfred de Musset

critiqué par Veneziano, le 7 mars 2010
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Pièce romantique pour drame politique
Lorenzo de Medicis est Républicain convaincu. Or, il est le cousin d'Alexandre, qui règne sur Florence en tyran. Il finit par l'assassiner. A cela, s'ajoutent d'autres intrigues, l'adultère du Duc, chef de l'Etat, avec une marquise, le rôle trouble du Cardinal, émissaire apostolique, et les déboires de la famille Strozzi.
Lorenzaccio est un héros romantique par ses influences antiques et sa bravoure politique. Musset ferait un parallèle avec la Révolution de juillet 1830, où Louis-Philippe accède au pouvoir après le renversement des Bourbons.
La pièce serait la seule de cette époque, en France, de directe influence shakespearienne.

L'oeuvre ne manque pas de moments de bravoures, d'intrigues, de trahisons, de déclarations grandiloquentes qui savent si bien n'engager que ceux qui les écoutent. La déclaration politique apparaît assez clairement, à savoir une prise à partie pour une révolution républicaine, à l'appui de la mise en valeur d'un héros renégat qui brave les barrières officielles et de couloirs pour servir une cause.
Si la pièce est assez courte, elle n'en est pas moins subtile à appréhender, par le nombre de personnages et les intrigues secondaires, qui offrent certes un riche décor. La double mise en contexte, de l'époque décrite et de celle de l'auteur, demande une gymnastique fine.
Se documenter avant pour se rafraichir la mémoire n'est pas forcément vain, pour se remettre les idées en place.

Cette épopée héroïque emporte, comme elle peut agacer, par son style grandiloquent.
Intéressant 7 étoiles

Les intrigues s'emmêlent, les personnages vivent, agissent, discutent, meurent dans une Florence désespérément immuable. Le jeune Lorenzo n'a pas hésité à ruiner sa réputation et à perdre sa pureté originelle pour débarrasser la ville de Florence de son tyran: Alexandre de Médicis. Le jeune homme s'aperçoit trop tard qu'il ne peut plus sortir de la spirale infernale de la débauche ("j'aime le vin, le jeu et les filles" se lamente-t-il).
Ce personnage éponyme est un double de Musset, lui aussi épris de candeur et de beauté mais retenu par le plaisir qu'il trouve dans la débauche. C'est ce que Baudelaire appelle "les fleurs du mal" ou attirance pour le mal qui sait séduire.
De plus, ce n'est qu'en vain que Lorenzo a perdu l'âme de sa jeunesse: il tue, certes, le tyran mais c'est un autre tyran qui le remplace.
Un drame prenant qui se veut aussi critique politique car, si Musset se protège de la censure en plaçant son histoire en Italie, c'est bien la France qu'il caricature. Le jeune poète déplore l’échec des trois glorieuses, révolte républicaine qui n'a abouti qu'à la mise en place d'un nouveau régime monarchique: la monarchie de juillet.

Encyclopédie sur pattes - - 28 ans - 5 juillet 2013


Un drame romantique parfait 10 étoiles

Florence. Début du 16ème siècle.

Le duc de Médicis, Alexandre, règne tel un tyran sur la sublime Florence corrompue. Il est soutenu par le Pape et l'empereur d'Allemagne. Se sentant fort, il cède à tous ses désirs et vit égoïstement. Lorenzo est son cousin éloigné, personnage difficile à cerner car il allie les contraires : à la fois lâche et efféminé et pourtant courageux et idéaliste. On le déteste, on l'aime, une chose est certaine ce personnage échappe à tout manichéisme et s'avère complexe. Il incarne parfaitement le mal être des héros romantiques. Autour de ces deux personnages emblématiques, gravitent d'autres personnages, les Strozzi, Tebaldeo le peintre, le peuple ... On comprend pourquoi Musset déconseillait de jouer cette pièce extrêmement difficile à mettre en scène étant donné le nombre de personnages et la variété des lieux.

Dans ce drame romantique, il est question de complots, d'amours malheureuses, de familles rivales et de politique. Les Strozzi incarnent ces républicains qui se plairaient à voir disparaître le duc de Médicis. Je ne souhaite pas raconter davantage ces histoires secondaires par crainte de gâcher la lecture de futurs lecteurs.

Le texte est dense, riche et poétique. Il y a du sublime dans la noirceur des comportements et des sacrifices qui donnent de la noblesse aux personnages. Cette pièce de théâtre fait voyager dans les coulisses du pouvoir et n'est pas sans rappeler certaines tragédies de Shakespeare.

La bande dessinée, librement adaptée de la pièce, de Régis Penet est sublime et permettra au lecteur intéressé de confronter les deux oeuvres.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 27 février 2012


Prévisible 7 étoiles

C'est l'histoire d'un vengeur du modèle républicain, un baroud d'honneur pour la liberté, les arts, la vérité. Malgré ces bonnes intentions, Musset fait apparaître la nécessité d'un "parti politique", d'un groupe, car un homme isolé ne peut rien changer, même s'il va dans le bon sens. La foule a besoin d'être convaincue, haranguée, réveiller ses passions. Lorenzo agit de manière juvénile et passionnelle.
On retrouve le trio mère (Florence)- usurpateur (Alexandre)- fils vengeur (Lorenzo) calquant le modèle d'Oedipe.

J'ai trouvé la pièce beaucoup trop "touffue", peut-être un roman aurait été mieux.

Adrien34 - - 34 ans - 1 août 2010