Invisible de Paul Auster

Invisible de Paul Auster
(Invisible)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 9 mars 2010 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 708ème position).
Visites : 8 909 

Pour le moins complexe

Voici le tout dernier livre de Paul Auster arrivé en librairie il y a une ou deux semaines. Personnellement, je le considère comme assez différent des précédents.

L’histoire est divisée en plusieurs parties.

Adam Walker fait des études à l’université de Columbia. Il veut devenir poète. Lors d’une soirée il s’ennuie et reste seul dans un coin. Un homme s’approche de lui et le fait venir près de lui et de la femme qui l’accompagne. Il s’appelle Born est français et doit avoir la quarantaine, la femme s’appelle Margot, française aussi, doit avoir une dizaine d’années de plus qu’Adam soit la trentaine.

Born donne cours à Columbia ce qui lui permet de trouver facilement l’adresse d’Adam qu’il invite à dîner chez eux pour le lendemain. Adam est plus qu’étonné par cette invitation mais il le sera encore bien plus quand Born va lui demander de travailler pour lui. Il s’agirait de fonder une nouvelle revue littéraire. Pourquoi cet homme lui confie-t-il la direction d’une telle aventure ? Lui un gamin qui n’a encore rien prouvé et qu’il connaît à peine ? Mais il découvrira vite que l’homme connaît déjà tout de sa vie ! Comment cela se peut-il ?...

Mais les choses iront encore plus loin quand Born ira jusqu’à pousser Adam dans les bras de Margot, très belle femme par ailleurs. Voilà Born convoqué d’urgence à Paris pour une affaire qui ne peut souffrir aucun retard. Margot et Adam vont coucher ensemble pendant toute la durée de son absence. Born en sera au courant mais maintiendra sa proposition de création de journal ainsi que son amitié.

Un soir les deux hommes marchent ensemble quand, au détour d’une rue, un jeune noir sort un révolver et exige leur argent. Born réagit comme l’éclair, sort un couteau de sa poche et le plonge dans le ventre du noir qui s’affale. Le révolver n’était pas chargé, la flaque de sang grandit vite. Adam veut appeler une ambulance alors que Born dit qu’il est trop tard. Adam y va mais quand il revient il ne trouve plus le corps du noir. Le lendemain seulement il lira dans la presse qu’un cadavre lardé de coups de couteau a été trouvé dans un parc pas loin d’où se sont passé les faits.

Il est convaincu que Born a achevé sauvagement sa victime et il veut se rendre à la police pour faire une déclaration. Mais il va apprendre, par Margot, que Born est déjà parti pour la France. De ce moment là une haine énorme va s’emparer de lui : Born est un fou furieux dangereux. Il se demande aussi pour qui il travaille réellement ? Il ne peut pas n’être qu’un simple professeur ! Adam voudra venger le crime commis.

Nous retrouverons Adam Walker plusieurs années plus tard et atteint d’une grave maladie qui ne lui laissera plus que quelques mois de répit. Une lettre arrive chez son meilleur ami. Malgré qu’ils ne se sont plus vus pendant des années Adam lui demande s’il accepterait, lui devenu un auteur célèbre, de lire ce qu’il a écrit. Cet homme accepte et il va recevoir un manuscrit composé de trois morceaux : « Le printemps », « L’été » et « L’automne ».

Adam décède et son ami a bien promis de ne jamais faire connaître ce livre inachevé !

Que s’est-il passé depuis l’assassinat de Williams ?... Qu’a fait Adam, mais aussi Born, Margot et la sœur d’Adam ?... Adam Walker est un être torturé et difficile à suivre.


Inutile de vous dire que, par moment, cette histoire paraît tarabiscotée et devient difficile à suivre. Elle n’est pas exempte non plus de quelques longueurs. Mais les qualités d’écriture de l’auteur vont nous permettre de passer cela.

Je ne dirais pas que nous sommes en présence d’un des meilleurs livres de Paul Auster mais je l’ai terminé sans difficultés. Etonnement peut-être ce seront les premières et seconde parties que je préférerai.

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Les éditions

  • Invisible [Texte imprimé], roman Paul Auster traduit de l'américain par Christine Le Boeuf
    de Auster, Paul Le Bœuf, Christine (Traducteur)
    Actes Sud / Lettres anglo-américaines (Arles)
    ISBN : 9782742789207 ; 22,90 € ; 28/02/2010 ; 293 p. ; Broché
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Invisible

8 étoiles

Critique de ARL (Montréal, Inscrit le 6 septembre 2014, 39 ans) - 3 juin 2019

Un plaisir de retrouver Paul Auster après la platitude que j'ai endurée avec DeLillo. Une écriture simple, précise, des phrases qui vont droit au but... "Invisible" est un roman sur le roman, un thriller auto-réflexif où Auster travaille la forme en multipliant les points de vues, mais sans jamais perdre de vue le plaisir du lecteur et la construction d'une intrigue captivante et de personnages aboutis. L'écrivain affectionne particulièrement les narrateurs peu fiables et flirte souvent avec le bris du quatrième mur, processus efficaces et bien menés dans ce roman, mais qui peuvent agacer les lecteurs qui préfèrent une forme plus classique et des réponses sans équivoque. J'aime les romans qui parlent d'écriture, qui mettent en scène des écrivains ou qui réfléchissent sur eux-mêmes, donc je recommande "Invisible" sans hésitation.

De quoi retourner la tête!

9 étoiles

Critique de PaulArthur (Lille, Inscrit le 10 décembre 2011, 29 ans) - 27 décembre 2011

On l'aura compris, ce roman de Paul Aster est très différent de ses prédécesseurs. Les premiers étaient plutôt focalisés sur les failles de l'identité (trilogie new-yorkaise), sur de complexes personnages, peints avec fidélité dans tous leurs détails, (ben sachs de léviathan), alors que ce récit là vire totalement de bord.
Aucun changement de style mais plutôt un autre sujet principal: "la fiction" elle-même. En effet l'histoire apparait (chapitre 1) d'abord très réelle au lecteur. C'est du Auster commun si je puis écrire. On apprend ensuite (chapitre 2) que l'histoire principale se déroulant en 1967 est un récit enchâssé. Puis (toujours chapitre2) le narrateur change. Troublant ainsi le lecteur, l’éloignant de la fiction première. Etc etc au fil des chapitres...
L'éloignement atteint son paroxysme quand la soeur du personnage principal, adam walker, affirme (on ne sait pas si c'est à raison ou à tort) que le récit de son frère sur l'année 1967 est fausse. Et hop! Que le récit soit véridique ou non, on a été bousculé, totalement manipulé par Auster.
La fiction est représentée par le frère d'Adam mort depuis dix ans en 1967. Adam et sa soeur fêtent l'anniversaire de cette mort.

"deuxième étape: vous parler de lui au présent vous imaginer le genre d'individu qu'il serait devenu s'il vivait encore aujourd'hui. depuis dix ans maintenant, il vit en vous l’existence d'une ombre, celle d'un fantôme qui a grandi dans une autre dimension, invisible et pourtant vivant."

Auster nous montre, nous choque en nous peignant avec art que toute fiction est telle que ça: une ombre, un fantôme qui a grandi dans une autre dimension, invisible et pourtant vivant.

bref...
Ce roman est génial!

Un chantier littéraire

7 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 1 décembre 2011

Je sors un peu agacée de la lecture de INVISIBLE …
Il m’est apparu comme un chantier littéraire dont le personnage central est Adam Walker et le maître d’œuvre Freeman, chargé de lire les 3 chapitres que Adam lui adresse, de les réécrire à la demande de sa sœur Gwyn en modifiant le nom des lieux et celui des personnages . Il ajoute à cette base le récit de sa rencontre avec Gwyn , puis avec Cécile, qui lui confie une séquence de son journal .

L ’ensemble forme alors une sorte de puzzle narratif qui peut paraître déstabilisant mais dans lequel des balises permettent au lecteur de s’y retrouver , chaque modification dans le type de narration étant justifiée en début de récit.
De plus, cette sorte de roman-laboratoire s’ arrête d’une façon abrupte, frustrante .

Paul Auster utilise ici des procédés qui brisent les codes du roman , mais sont toutefois adaptés au thème du secret auquel renvoie le titre INVISIBLE. Les personnages et certains faits conservent leur part de mystère , mais laissent au lecteur le goût amer de l’inachevé .

Attention à ne pas abuser des bonnes choses...

5 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 25 juin 2011

Jusqu'où aller dans la manipulation de ses personnages et... du lecteur? Paul Auster a de très bonnes idées de départ, toujours, et une habile façon de les "installer", ces idées. De dresser le décor, de dépeindre les personnalités. C'est ce qui nous attrape et nous lie en général à ses romans. Mais il ne faut pas non plus nous duper, car, nous, lecteurs, devenons de plus en plus exigeants...
Pour rejoindre certaines critiques, effectivement, Paul Auster change ici sa structure narrative et tente de multiplier les points de vue en allant jusqu'à écrire à la deuxième personne, ce qui m'a positivement surprise. Les relations troubles du trio de départ, Adam, Margot et le charismatique Born, initient le roman assez judicieusement. Et, pour bien des aspects, il y a dans "Invisible" de nombreuses pistes fascinantes qu'on aurait aimé voir l'auteur exploiter davantage.
Mais voilà... J'ai trouvé certains passages assez convenus malgré tout (dans les introspections d'Adam, par exemple) et, il faut le dire, Auster nous laisse en plan pour la majorité des portes qu'il a ouvertes. Et je n'ai pas envie de penser que c'est parce qu'il ne savait pas lui-même où aller. C'était déjà le cas dans "Seul dans le noir" (et dans d'autres de ses romans aussi, même si là, ça n'était pas gênant) mais ici, je trouve quand même qu'il a poussé le bouchon un peu loin... Difficile de s'avouer déçue et, pourtant, même si j'ai écouté (oui, en audio book, dans ma voiture ! Belle expérience!) ce roman sans déplaisir, me laissant porter avec curiosité et impatience jusqu'à la dernière page, la conclusion était un brin amère : "Invisible" a un petit goût d'inabouti...

Mouaif'

2 étoiles

Critique de Panda (VLG, Inscrit le 24 décembre 2009, 44 ans) - 19 novembre 2010

Du grand Auster en ce qui concerne la forme, avec le jeu de plusieurs narrateurs, des intrigues qui se mêlent, et des questions en suspens. Très agréable à lire sur ce point, on sent que Auster maitrise son sujet et son roman, et qu'il nourrit efficacement cette manière bien à lui de rédiger.

Par contre, sur le fond, je trouve ça très décevant. On finit le livre sans savoir quoi que ce soit sur les intrigues ouvertes (Adam vs Gwyn, Born vs C Williams, Born vs mari d'Helene, etc...). C'est hyper troublant et je trouve pas satisfaisant. J'aime bien les livres qui laissent quelques questions en suspens, mais là, rien n'est abouti.

Ensuite, je suis peut être un peu trop classique, mais je trouve l'histoire d'inceste choquante et trop décrite... Très nauséabond je trouve, considérant ce sujet comme un sujet périlleux dans une monde contemporain si débridé sexuellement. Si on en rajoute dans ce type de description, ce type de comportement sera bientôt considéré comme normal, ce qui je crois ne doit pas être banalisé. Combien de personnes sont marquées à vie par ce type d'expériences sexuelles, consenties ou non ? Bref, je ne suis pas fan de ce sujet. Cela m'a mis mal à l'aise...

Bref, je ne conseillerai pas ce livre...
Je préférais l'ancien Auster avec des titres comme Moon Palace ou Mr Vertigo, je trouvais cela plus 'détendant'.
Je donne une étoile pour la forme, car cette dernière la mérite.

Bombe à retardement

8 étoiles

Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 31 août 2010

Après être resté un peu sur ma faim avec « Seul dans le noir », son précédent roman, Paul Auster revient ici vers une intrigue plus classique. Quoiqu’il n’y ait jamais rien de définitivement classique chez l’écrivain new-yorkais.
Adam Walker, jeune étudiant de la Columbia, est étudiant en poésie. Alors qu’il somnole à moitié dans une soirée dans laquelle il a été invité, il fait la rencontre de deux personnages plutôt étranges : Margot, une fille silencieuse et très attirante, et Born, un professeur d’université qui n’a apparemment peur de rien. Même pas de proposer à cet étudiant rencontré à la sauvette le poste de directeur d’une revue poétique, créée avec une partie d’un héritage qu’il a récemment touché. Un mécénat dont la finalité lui échappe. Serait-ce le début d’un pacte faustien. Toujours est-il que le jeune homme accepte et se lance pleinement dans l’aventure jusqu’au jour où, lors d’une promenade près de Riverside Park, Born blesse de sang froid un jeune noir qui tente de les racketter. Lorsque Walker revient sur les lieux de l’incident alors qu’il est parti chercher des secours, Born a disparu, ainsi que l’agresseur agressé.
L’histoire commençait à vous plaire ? Vous aviez l’impression d’être plongé au début d’un bon thriller? Alors, on tourne la page, pour se rendre compte qu’en réalité, il s’agissait du premier chapitre d’une autobiographie d’Adam Walker, que ce dernier a transmis, quarante ans plus tard, à Freeman, un ami d’université de longue date, devenu un romancier reconnu. Le reste à vous de le découvrir.
Dans « Invisible», Paul Auster nous manipule jusqu’au bout, prenant un malin plaisir à déconstruire la structure qu’il avait patiemment mis en place. Et de reconstruire une nouvelle fiction à partir de la précédente. Sa technique des récits enchâssés n’avait peut-être pas porté tous ses fruits dans des romans précédents. Mais ici, c’est un auteur en pleine possession de ses effets qui nous livre peut-être un de ses meilleurs romans. Une fois le livre refermé, on se dit que l’histoire était peut-être des plus banales, avant de reconsidérer la chose quelque temps plus tard. Comme une bombe à retardement en somme.

Il existe une théorie qui prétend...

6 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 29 juillet 2010

Que dire de ce nouvel Auster !? Bah, il est bien écrit… oui mais ça, me direz-vous, c’est normal, on ne perd pas sa plume une fois qu’on l’a trouvée ! Certes, vous répondrais-je… Euh ! Une plume est-elle suffisante pour faire un bon livre ? Je pense que non, il faut une histoire aussi et là, je commence à craindre qu’Auster n’ait perdu son inspiration ! En tout cas, ses derniers livres ne m’ont pas convaincu et il en est de même de celui-ci !

Oh, cela avait pourtant bien commencé avec cet étudiant qui rencontre une espèce de mentor (et sa femme) qui cache une espèce de double jeu, avec cette relation ambiguë qui se crée, avec cette sombre histoire dans le parc, etc, … Oui, et puis, flop ! Le soufflé retombe, Auster ne trouve pas comment finir convenablement son histoire alors il a recours à une astuce et écrit son deuxième chapitre à la deuxième personne… puis, oh ben, rebelote tiens, envoyons le troisième chapitre à la troisième personne et pour finir, soyons fou, ajoutons une conclusion tirée d’un journal intime de l’un des protagonistes.

Ouais, c’est bien écrit, mais c’est malencontreusement un peu vide, pas de trame solide, pas de ramifications et malheureusement, pas de grandes idées, pas de profondeurs, pas de reliefs marqués des personnages, pas de psychologie intéressante… Par manque de boulot, je le crains ! Auster ne s’est pas investi à fond dans son bouquin et ça se sent. D’ailleurs, il le dit lui-même plusieurs fois au travers de la bouche d’Adam, son héros : quand il envoie son manuscrit à un éditeur possible, il se dit coincé pour écrire la suite ! Puis, un peu plus loin, le chapitre trois est présenté comme non fini, « un peu comme si le manque de temps et l’urgence avait forcé la prise de notes rapides, sans occasion de retravailler le texte ». Par manque de boulot, pressé par l’éditeur ou par manque de substance première… va savoir !?

Bref, je ne suis plus convaincu et je me demande si je ne vais pas adhérer à cette idée qu’un écrivain, quel qu’il soit, possède en lui un nombre fini de bons romans et qu’une fois qu’il les a écrit (un, deux, cinq, dix, …), c’est fini, il ne produira plus jamais rien de bon…

Dommage, Auster était un grand !
:-(
P.

Auster bien sûr

7 étoiles

Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 17 mai 2010

En effet, avec Paul Auster, et c'est très agréable, on a l'impression de retrouver des sensations connues, comme le dit NQuint, très justement, on se glisse dans ses livres comme dans des pantoufles.
Véritable "page turner" comme ses autres livres, "Invisible" est pétri de qualités stylistiques et narratives. On se laisse porter…
Le personnage de Born est particulièrement bien réussi, l'un des personnages les mieux réussis de mes lectures de ces dernières années.
De même que Jules, j'ai particulièrement apprécié la première et troisième partie, la deuxième nettement moins.
Ce qui me dérange un peu chez Auster c'est l'idée qu'il se fait de la France, pleine de clichés archi-convenus, comme si à chaque fois qu'il en a l'occasion il voulait nous rappeler qu'il a vécu un moment en France et donc "connaît" LA France et LES Français. Attitude pour le moins immodeste. SA France et SES Français, sans doute, comment en disconvenir, mais pas plus pas moins.
Pour ma part, le livre de Paul Auster que j'ai le plus apprécié a été "Léviathan" et il ne l'a, depuis, jamais égalé.

Le retour du Grand Auster

9 étoiles

Critique de Sturia (, Inscrite le 8 mars 2005, 51 ans) - 7 mai 2010

Mr Auster est enfin de retour avec ce roman; même si je le trouve en dessous du Livre des Illusions...
Vivement le prochain....

Auster : comme dans des pantoufles

8 étoiles

Critique de NQuint (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 52 ans) - 27 avril 2010

Ce qui est bien avec Paul Auster, c'est qu'on se glisse dans ses livres comme dans des pantoufles, avec la sensation de retrouver de vieilles habitudes mais sans cesse renouvelées. Pas de gros pavés mais des livres qui se consomment rapidement avec délice.
Le démarrage produit à peu près toujours le même effet : Auster distille quelques éléments qui interloquent, pas de grands drames ou enjeux, on n'est pas dans un thriller. Simplement quelques failles, quelque intrigue qui font entrer dans le roman. Puis on est porté par le style, sans flamboiements excessifs ni effets majeurs, relativement académique mais qui dénote un sens de la narration hors pair. Il nous porte facilement dans l'espace et le temps, sans à-coup, légèrement.
Et puis il y a les thématiques d'Auster toujours présentes : les rapports entre le vrai et le faux, le réel et l'illusion mais aussi le processus de création de l'écrivain, souvent mis en abime au coeur du livre. C'est le cas encore avec ce livre-ci.
L'histoire démarre en 1967 en suivant un jeune poète en herbe, sorte de post-adolescent mal dégrossi, qui fait la rencontre d'un personnage aussi ambigu que séduisant ainsi que de sa compagne. Celui-ci lui fait une proposition de travail inattendue qui va le plonger au coeur d'un maelström d'émotions qui vont bouleverser son début de vie d'adulte.
Un très bon roman, une fois encore. Cependant, on peut lui regretter une absence de souffle, de montée en puissance comme dans d'autres romans d'Auster. On attend un acmé et on n'obtient qu'une fin assez décevante en queue de poisson.

Quelle maîtrise !

9 étoiles

Critique de Tanneguy (Paris, Inscrit le 21 septembre 2006, 85 ans) - 12 avril 2010

Paul Auster est un grand maître incontestable du récit de fiction. Ses narrations entrecroisées, mais toujours très claires, tiennent le lecteur en haleine et ses personnages originaux et souvent sympathiques étonnent ; on ne s'ennuie pas !

On peut sans doute lui reprocher de travailler de manière un peu théorique, comme le recommanderaient sans doute les professeurs de littérature dans les ateliers d'écriture si fréquents outre-atlantique. On peut aussi lui reprocher une fin de roman "en queue de poisson", ce ne sont, à mon avis, que des reproches mineurs.

Pour ma part, je venais de terminer le dernier Ph. Roth ( Exit le fantôme ) et j'ai trouvé des analogies amusantes entre ces deux ouvrages, en particulier l'évocation d'une relation incestueuse (vraie ou fausse ?) entre frère et soeur.

Se lit avec grand plaisir en deux jours !

Des longueurs

5 étoiles

Critique de Isabella (Paris, Inscrite le 19 décembre 2009, 43 ans) - 12 mars 2010

Du bonheur mais des longueurs ... voilà comment résumer depuis quelques années Paul Auster qui a su merveilleusement nous émouvoir dans le passé mais nous livre sans jeu de mots des histoires un peu artificielles auxquelles tout lecteur a intérêt de s'accrocher.

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