Se rencontrer, vivre ensemble et rejeter l'enfermement
Une femme élue est entrée au parlement en portant un voile. Si cette affirmation d'une double soumission a déclenché une polémique, aucune interdiction ne lui fut faite.
Si la société devient multiculturelle et si le droit d'afficher ses convictions religieuses et philosophiques est inaliénable, alors les athées peuvent exhiber eux aussi partout leurs convictions ! ?
C'est ce qu'a voulu vérifier Franck Sweijd en se présentant devant le parlement bruxellois en portant un simple chapeau indiquant "Dieu n'existe pas"! Il s'est retrouvé au poste de police.
Il a montré par l'absurde à la fois la différence de traitement existant entre athées et croyants et à la fois l'intérêt d'une "neutralité convictionnelle" pour vivre ensemble.
L'auteure explique bien dans son livre la distinction entre la liberté de circuler dans la rue en voile et l'obligation en termes de protection de l'enfant ou de neutralité des services publics d'interdire les signes d'appartenance religieuses aux mineur(e)s dans les écoles et aux fonctionnaires.
La Belgique ce n'est pas la France et la séparation des églises et de l'Etat n'existe pas.
Mais aujourd'hui de plus en plus de belges regrettent que cette laïcité institutionnelle soit absente.
L'auteure montre clairement que le port du voile n'est qu'une interprétation fondamentaliste du Coran et démonte avec une pointe d'humour l'argumentaire de celles qui défilaient-peu nombreuses d'ailleurs à Paris- contre la loi du 15 mars 2004 : manifester sous la bannière de "Liberté, Egalité, Fraternité" avec le slogan "Mon voile, c'est ma liberté" "est à cet égard indéniablement plus porteur, en effet, que "Mon voile, ce sont mes chaînes et j'y tiens"
Le livre aborde toutes les questions essentielles sans se laisser aller aux deux déviations porteuses de dangers : celle qui prône le laisser faire et les accommodements importants dits raisonnables et celle qui confond l'islam et l'islamisme.
C'est en France et ailleurs un débat essentiel qui divise les laïques entre eux et qui conduit vers des dérives communautaristes pour les uns, nationalistes pour les autres.
La diversité reconnue ne doit pas conduire à tout accepter car le cadre général intangible doit être la Convention européenne des droits de l'homme : "C'est un socle de valeurs communes qui, dans l'intérêt même des différentes composantes de la société ne peut être remis en question."
Les intégristes seraient les perdants de l'application réelle et complète de cette Convention, mais les femmes et les hommes, musulmans, catholiques, juifs, athées ou agnostiques auraient tout à gagner.
La conclusion de la postface de Caroline Fourest fixe clairement le combat que nous devons mener :
"Rien n'est plus urgent que de résister au populisme en proclamant qu'une autre approche est possible : l'universalisme interculturel et laïque"
Jean-François Chalot
CHALOT - Vaux le Pénil - 77 ans - 26 juin 2010 |