Pour cet épisode, les auteurs ont choisi une cité futuriste à l'architecture inspirée de l'Art nouveau, sublime d’élégance et de sensualité, en introduisant des couleurs chatoyantes auxquelles ils ne nous avaient guère habitués.. Et pourtant, la ville, qui portait jadis le doux nom de Brentano, l’a depuis troqué pour le guttural Blossfeldtstad, comme si les auteurs avaient voulu insinuer que la grâce latine finissait toujours par céder du terrain face à la rigueur nordique... Car en effet, cet environnement possède aussi ses structures rigides et inhumaines, notamment la compagnie d’assurance où officie Chamisso. Ici, à la différence des premiers tomes, où l’architecture occupait une place centrale, elle ne sert ici que de décor à l’histoire d’un homme qui, après avoir vécu dans le confort, va vivre une descente aux enfers pour se métamorphoser ensuite en devenant artiste.
Cette histoire nous pose donc la question suivante : ne sommes-nous pas les premiers responsables des prisons du quotidien que nous subissons, préférant l’ennui du confort à la liberté de la précarité ? Si la fable est pertinente et originale, j’ai à peine moins accroché sur le scénario que j’ai trouvé un tantinet superficiel. Il y a certes des images très poétiques (le spectacle d’ombres chinoises), et pourtant il manque un je ne sais quoi pour susciter un réel engouement chez moi, peut-être une vague impression de bâclage ou l’absence d’émotion véritable (sans doute le point faible de cette série, même s’il y a beaucoup d’autres points forts !). Le tome précédent, « L’Enfant penchée », constituait déjà une rupture dans la mesure où l’histoire était davantage centrée sur des êtres humains, mais elle m’avait semblé beaucoup mieux maîtrisée que l’opus ici présent. Attention, je n'ai pas dit que c'était mauvais, loin de là, mais ce n'est à coup sûr pas le meilleur de la série.
Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 14 mai 2012 |