Séraphine : La vie rêvée de Séraphine de Senlis
de Françoise Cloarec

critiqué par Garance62, le 28 mars 2010
( - 62 ans)


La note:  étoiles
De si belles fleurs de folie
Née en 1864,la même année que Camille Claudel, Séraphine Louis va connaître un destin inhabituel. Rien dans son milieu d'origine très pauvre, dans son éducation, dans ses rencontres, dans son chemin de vie n'augurait une telle destinée. Séraphine est désormais connue comme une des peintres les plus atypiques de cette période. La découverte de ses peintures a été possible grâce à Wilhelm Uhde, grand découvreur de peintres et collectionneur.
En 1984, Françoise Cloarec avait rédigé une thèse sur Séraphine « de Senlis » ainsi nommée puisque c'est là qu'elle aura vécu sa passion de la peinture. Dans ce livre, point besoin de connaissance particulière pour connaitre, s'enthousiasmer et se désespérer au fil des pages. Françoise Cloarec sait rendre proche une Séraphine qui n'avait de cesse de peindre la beauté du monde avec ses couleurs : « Séraphine parle le langage des fleurs » nous dit-elle.
Mais, petit à petit, elle s'écarte de la raison. La folie creuse son nid.
A l'instar de Camille Claudel et d'autres génies créateurs incompris, trop éloignés du monde habituel, et après une brève reconnaissance par le monde artistique, Séraphine finira ses jours à l'asile. Sa peinture existait grâce à l'exaltation religieuse qui la portait. Séraphine, internée, ne peindra plus jamais.
Un lire à ne pas rater. Le film de Martin Provost, sorti en salle en 2008 en même temps que ce livre, avec dans le rôle de Séraphine, une Yolande Moreau exceptionnelle, en est le double indispensable.

http://lexpress.fr/culture/art-plastique/…
Un ange passe 8 étoiles

Parce que « Cloarec » se trouvait une étagère au dessous de «Claudel », j'ai remarqué ce petit livre vert. Puis ce titre, avec ce si joli prénom.
C'est donc par hasard, que je suis « entrée » dans la vie de Séraphine. Plus connue depuis la réalisation du film avec Yolande Moreau, la vie de Séraphine Louis aurait pu être un conte de fées.
Une enfance misérable, orpheline très jeune, élevée par sa sœur, puis placée dans des fermes comme femme à tout faire. Elle travaillera ensuite plusieurs années dans un couvent où elle trouvera écho à sa foi proche du mysticisme. Quittant le couvent pour des raisons obscures, elle travaillera dans des maisons bourgeoises, servante mais pas servile. La peinture lui sera « imposée » par la voix de la Vierge, alors qu'elle a déjà 42 ans, jusqu'à en devenir obsessionnelle. La rencontre du galeriste éclairé Wilhelm Uhde lui permettra d'accéder à la notoriété, mais aussi à l'argent. La guerre obligera son « mentor » à quitter la France, laissant Séraphine envahie par sa folie. Les dix dernières années de sa vie se dérouleront donc dans un asile dans les conditions abominables de cette époque.

L'auteure de ce livre (classé dans les romans à la médiathèque) est une psychanalyste dont la thèse était intitulée « Séraphine de Senlis, un cas de peinture spontanée ». On y retrouve donc quelques observations psychologiques et psychanalytiques (sans grande importance, pour ma part « La psychanalyse ne s'applique pas à l'art »), de nombreuses questions sur ses choix; ainsi que des extraits de biographies de Séraphine. C'est donc un ouvrage un peu hybride: entre biographie, analyse, étude clinique.

Je n'ai donc pas vraiment apprécié la forme mais été complètement séduite par le sujet. Séraphine est extra-ordinaire, par son talent, par sa vie, par son destin. On regrette de ne pas l'avoir rencontrée (reconnaissons cela à l'auteure), on a envie de (re-)découvrir ses tableaux avec un autre regard. Et on ne peut qu'établir un parallèle avec la vie d'une de ses célèbres contemporaines Camille Claudel, née la même année que Séraphine, morte un an plus tard mais qui aura passé 30 ans de sa vie dans un asile.

Marvic - Normandie - 66 ans - 17 juin 2012