Vel'd'Hiv'
de François Bott

critiqué par Librio66, le 16 avril 2010
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Un livre étrange
Un livre étrange, à l’image de son style, difficile d’emblée à cerner, à saisir, souvent balancé entre citations, références érudites, et observations d’un vieillard qui donnent l’impression de n’avoir jamais quitté Paris, de n’avoir jamais abandonné ces odeurs, ces rues, ces ponts, ces bistrots, ces gens du coin ou qu’on croit connaitre et dont le visage nous échappe... Comme cet homme que le personnage principal « Robert » aperçoit dans un bistrot. Son visage lui rappelle étrangement celui du docteur Ségal, le père de Simon, son ami d’enfance…

Puis c'est le retour dans le passé et les souvenirs de l'enfance qui remontent. « Vel d’Hiv », c’est en effet avant tout la description littéraire d’une époque, sa musique, ses odeurs, son climat, mais aussi ses détails ordinaires et ce qui fait en même temps le tragique de l’humanité... L’amitié entre Robert et Simon au milieu des compétitions cyclistes, comme des matchs de boxe ou des meetings politiques, les publics du « stade » si caractéristiques d’une époque et si bien décrits par l’auteur, puis l’amour des deux garçons pour une jeune fille qu’ils convoitent jalousement l’un et l’autre, mais aussi le climat social des congés payés et des grèves de 36, et les repas bourgeois qu’organise le docteur Ségal ou les disputes entre le père de Robert, et son beau-frère, « Bébert » communiste et stalinien. Enfin, la réconciliation annoncée et l'avènement de Léon Blum, puis le basculement vers une France occupée et la fin d’une amitié entre « Robert et Simon »…

Les détails se mêlent donc aux événements et donnent à cette œuvre un gout singulier, une sonorité littéraire certaine, et un souffle tragique qui vient tout balayer dans les dernières pages…