Le plus grand sous-marin du monde de André-Marcel Adamek

Le plus grand sous-marin du monde de André-Marcel Adamek

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Persée, le 17 février 2002 (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 391ème position).
Visites : 7 015  (depuis Novembre 2007)

Max et les ferrailleurs

Comment exprimer le charme subtil d'Adamek ? Ses personnages évoluent dans la grisaille d'un port à la dérive. Ils ont laissé en chemin les lambeaux de leur rêve, accrochés aux ronces de la vie. Pourquoi s'y attache-t-on ? Qu'est-ce qui les rend si touchants ? Une sorte de tendresse maladroite, sans doute. Un zeste d'humanité qui nous les rend fraternels. Un goût de liberté.
Mais ce serait oublier leur créateur : Adamek. Au "clap" de la première prise, c'est tout un petit monde bizarre qui s'anime. Voici Max, le lexicologue rongé par les mots (et l'alcool). Kim la fugueuse, apprentie-pute. La Goulette, bistrotière trop sociale pour trouver grâce auprès des contributions. Tone, un ex-marinier qui, à force d'écluser, n'a plus pu passer les écluses. Piou la midinette qui s'anémie à vouloir devenir mannequin. Pouparakis, le ferrailleur qui aime aussi ferrailler ailleurs (le seul qui soit vraiment vicelard). Buffalo, le punk déjanté qui se shoote à la codéine. Pioum, l'Ousbek qui a depuis longtemps franchi le Cap de Désespérance.
. et un sous-marin (presque) désaffecté, non pas jaune mais russe, ramené pour la ferraille. Le plus grand sous-marin du monde qui potentialisera, chez tous ces laissés pour compte, un désir forcené de liberté.
Certains auteurs décrivent à l'envie les retentissements qu'ont sur leur héros un fait plus ou moins dramatique. D'autres créent un monde, des personnages, les mettent aux prises avec une trame qu'ils tissent bien serrée, donnent aux plus étriqués d'entre eux des dimensions mythiques. Ce sont les grands fabulistes. Adamek est de ceux-là.
Et quand vous serez dans les filets d'André-Marcel, ne pensez pas qu'il vous ouvrira la nasse. Vous aurez beau l'entraîner jusque dans les grands fonds de la Mer des Sargasses, il tiendra bon jusqu'à ce qu'il vous ramène dans votre port à vous, tellement différent, tellement semblable.

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Le Nautilus sans Némo !

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 10 février 2017

L'auteur a choisi comme décor un bout de terre acculé à l'océan où ne vivent plus que les oubliés, les laissés pour compte. Il y a bien le bar de La Goulette où les âmes errantes noient leurs passés car ici l'avenir n'a plus cours,
Et puis il y a Poupakaris, un désosseur d'épaves. C'est bruyant et ça pue mais on dirait que c'est la dernière activité de la cité déserte.
Un jour le chantier réceptionne le plus grand sous-marin jamais construit. Le monstre est voué au découpage mais... le petit monde du port n'a pas dit son dernier mot.

Un petit roman bien construit, une bonne après midi de lecture, Bienvenue dans le monde de ce diable d'écrivain belge : André-Marcel ADAMEK .

J’AI AIMÉ, J’AI AIMÉ, J’AI AIMÉ...

10 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 25 février 2016

Comme les autres membres de CL qui ont posté une critique sur ce livre, à sa lecture, j’ai avant tout été frappé par l’extraordinaire galerie de portraits qui nous sont présentés par l’auteur dans ce livre. A tel point qu’il me semble que l’histoire en elle-même devient secondaire, surtout si comme moi, on part du postulat que dans la dernière partie du livre, le sous-marin lui-même devient un personnage.

L’histoire passant au second plan, il reste les personnages. Mais quels personnages! Littéralement taillés au couteau, que dis-je au scalpel, et peut-être même pour certains au burin! Tous très attachants, tous très bien décrits que ce soit physiquement ou psychologiquement. On apprend progressivement à les connaître, à les côtoyer, à les aimer… Ils sont rudes, paumés, des « loosers » magnifiques, des laissés pour compte de la vie et de la société, des véritables épaves imbibées d’alcool pour certains… Mais, tous dégagent une intense force intérieure, une aura dont le lecteur ne pourra qu’être le témoin…

Et puis, je dois aussi dire un mot de la très belle et très poétique écriture de M. André-Marcel ADAMEK, C’est beau, vraiment très beau, une écriture douce, simple, comme apaisée, sans un mot de trop ou de trop peu… L’écriture ne heurte pas le lecteur, même quand les scènes racontées sont très rudes. C’est très très descriptif et j’avais parfois l’impression de voir un film défiler devant moi, tant cela était bien fait et bien décrit, cela m’étonne d’ailleurs que ce livre n’ai jamais été adapté au cinéma, tant le scénario est déjà écrit!

Avouons-le à nous-mêmes, des villes au bord de la mer, ruinées par la désindustrialisation intensive, comme Saint-François-le-Môle, on en connaît tous… Mais, combien d’entre nous ont jamais pensé à les vraiment les décrire, à les regarder de près, à les regarder vivre, à regarder ne fut-ce qu’un instant, vivre ceux qui y habitent encore… Et bien c’est à cela, et bien plus encore, que nous convie M. ADAMEK.
Inutile ici de dire que je conseille ce livre à tous, j’ai d’ailleurs terminé ce livre en me disant à moi-même : Vive mon prochain ADAMEK !...

Un court extrait : « Max s’étonne d’avoir parlé tant sans ressentir dans la bouche le goût amer des mots. Pas un seul instant, il n’a dû répéter une phrase pour se faire comprendre. Dans un endroit inexploré de son être repose peut-être une réserve de mots lavés de leur venin, des mots qui remonteraient en chapelets à la surface, comme des algues arrachées par les courants profonds aux sables de la mer. »

Voyage vers l'être humain

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 9 juin 2003

Mais comment fait-il, cet Adamek, pour nous emmener si loin ?
Voilà encore un petit bijou signé de sa main.
Persée en résume le propos dans sa critique, je vais donc essayer d'éviter les redites.
Les personnages de ce livre sont tellement vrais, en chair et en os, en espoirs et en petites trahisons…

Et quand je dis qu'Adamek nous emmène loin, j’aurais pu tout aussi bien dire qu’il nous ramène au plus proche de nous-même, dans ce que nous avons d'universel : un désir de liberté, d’aimer et d'être aimé.
Quant à la tentation du renoncement, vécue jusqu’à son terme tragique ou au contraire dépassée grâce à un désir de vie, n'est-elle pas commune à beaucoup d'entre nous ?

Primé en 2000

10 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 19 février 2002

J'ai oublié de signaler que ce roman a obtenu le Prix du Parlement de la Communauté Française de Belgique en 2000 ! C'est pas donné à tout le monde!

Encore plus loin !

9 étoiles

Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 18 février 2002

Adamek nous dresse ici une galerie de portraits encore plus folle que d'habitude, et ce n'est pas peu dire! Un tout grand moment de lecture à conseiller à tous!

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