L'heure de Juliette
de Elsa Chabrol

critiqué par Gilou, le 19 avril 2010
(Belgique - 76 ans)


La note:  étoiles
Le balcon de Juliette
Plantons le décor du roman.
Pouligeac, petit village de rien de tout au fond des Cévennes. Déserté par la plupart des habitants.
Il reste plus ou moins une dizaine de personnes, très âgées.
Un couple de retraités venu là pour le calme et essayer d’oublier leur chagrin. Ils sont les plus « jeunes ».

Juliette est centenaire et, de son balcon qui lui sert de poste d’observation, épie tous les faits et gestes de tout le village.

Pierrot le célibataire vit seul avec sa mère. Il fait les courses et les petits travaux et rend des services à tous.
A la mort de sa mère, il décide de partir à la ville pour y fonder une famille. Les habitants vont donc perdre leur seul lien avec « l’extérieur » du village. C’est une véritable catastrophe.

Alors, tout le village, sous la direction de Juliette, va vouloir faire son bonheur malgré lui…
Un véritable « quartier général » va s’installer au domicile de la centenaire…


J’ai souri, j’ai ri tout au long de ma lecture. Tous les travers, les sous-entendus, les méchancetés même entre les habitants de ce hameau perdu sont décrits avec justesse. On s’y croirait.

BRAVO pour ce premier roman d’Elsa Chabrol.
On sent la scénariste et réalisatrice entre les lignes.
Tous les ingrédients sont là pour un bon téléfilm /comédie.
L’heure de Juliette viendra-t-elle ? 9 étoiles

Pouligeac, un village cévenol, loin de tout, pas de commerces, seul le facteur « l’électrocuté » passe encore quotidiennement «en dehors des jours de grève et de forte neige ».
« La terre y était quasiment incultivable, l’accès difficile. […] aucun touriste, même intrépide ou totalement égaré, ne s’y était jamais échoué. […] l’hiver, très rude, était long et pénible. […] L’automne et le printemps y étaient pluvieux, mais l’été délicieux. Quoique très court. »

Un village qui meurt, il ne reste qu’une dizaine d’habitants, presque tous très âgés, sauf le Pierrot, « un gamin de quarante-sept ans ». Le Pierrot sans qui le village serait déjà abandonné, c’est lui qui fait les courses à la ville, qui effectue toutes les petites réparations pour Juliette, le Pétou, la Paulette, la Taupe, l’Aurélie et sa mère la Vivette, le Ripolin et sa femme, la Ginette.
Juliette est la plus âgée : « cent un ans, un mois et quatre jours » au début du livre.

Après une vingtaine de pages qui permettent de découvrir – un peu- les habitants du village, c’est le drame : la Paulette est morte.
« - Quatre-vingt-un ans ! Une gamine… »
La Paulette, c’est la mère du Pierrot, Pierrot qui va alors vouloir quitter Pouligeac…
« Maman est morte, alors je n’ai plus de raison de rester à Pouligeac. Je m’en vais […] ce que je veux, c’est une vraie vie. Je veux me marier, peut-être même avoir… des enfants »
Et tous les habitants vont alors se liguer, Juliette à leur tête, pour tenter de garder le Pierrot à Pouligeac.

Un roman plein d’humour, mais aussi très émouvant, des personnages hauts en couleur qu’on regrette de quitter une fois le livre terminé

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 22 novembre 2015


Remarquable. 10 étoiles

Publié chez Lattès en 2008, le premier né d'Elsa Chabrol est assurément un régal. Un moment de gaieté parfaitement orchestré : pas de temps mort, des anecdotes hilarantes, un climat habilement tracé, cadencé par le "clac" de l'horloge à affichage.
L'auteur a même réussi à éviter le piège de la fin "téléphonée" qui menaçait vers la dernière partie du texte.
je m'étonne que ce roman ne soit pas plus connu et soit resté relativement confidentiel.
Comme lire c'est avant tout le plaisir je n'hésite pas à accorder un 5 étoiles à cette perle.
A ne rater sous aucun prétexte.

Monocle - tournai - 64 ans - 16 juillet 2013


Vive le quatrième âge 9 étoiles

Quelle fraîcheur dans ce roman ! Quel humour fin ! Quelle galerie de portraits ! Quelle bande d’impossibles vieillards attachants ! Mais Pierrot aussi on ne veut que son bonheur.
Ce roman se déguste avec envie. Dans un sens, il ne se passe évidemment pas grand chose. Mais à côté de ça, ça bout.
Et puis Juliette est vraiment particulièrement attachante et intéressante à suivre (même si peau de vache).
Jolie découverte.

Manumanu55 - Bruxelles - 45 ans - 8 juin 2010


Il fallait oser... 9 étoiles

Faire d'une centenaire une héroïne manipulatrice n'est pas nouveau (sans atteindre cet âge, Victor ou Tatie Danièle, avaient très bien illustré ce genre de personnages), mais faire d'une octogénaire une nymphomane lubrique, ça, je ne l'avais jamais lu!

Heureusement que l'humour est omniprésent.
Des personnages peu nombreux mais aux caractères entiers, repliés dans ce bout du monde, mais que l'éventualité du départ du seul "jeune" , va réunir, et qui vont faire preuve de mobilisation et surtout de beaucoup de tendresse.
Un peu déroutée au début, complètement conquise à la fin.

Marvic - Normandie - 66 ans - 9 mai 2010