Le cercle de craie caucasien
de Bertolt Brecht

critiqué par Yeaker, le 21 avril 2010
(Blace (69) - 51 ans)


La note:  étoiles
Quoi, un vrai scandale!
Je suis nouveau sur ce site et je me rends compte que personne n'a écrit une louange sur ce chef d'œuvre! Shakespeare lui même s'est retourné dans sa tombe à cause de Brecht.
Evidemment avant toute chose, le théâtre c'est mieux à vivre qu'à lire. Il s'agit d'une pièce régulièrement montée partout en France et qu'il faut voir. Sur scène les acteurs sont masqués (en tout cas dans les représentations que j'ai vues).
Le texte est intemporel et très accessible, drôle et terrible car quels que soient les gouvernants le perdant est toujours le peuple. En même temps du chaos tout peut arriver.
L'action se passe quelque part dans le Caucase. Un couple royal est renversé par un coup d'état. Une servante ne parvient pas à donner l'héritier du trône, âgé de quelques jours aux révoltés. Elle s'enfuit avec abandonnant son fiancé au risque de sa vie. Elle parvient à échapper aux soldats et après quelques années de misère revient avec l'enfant dans le pays apaisé. La reine qui avait survécu réclame l'enfant mais la servante aime cet enfant et ne peut s'en séparer. Un juge, devenu juge par opportunisme et qui a une drôle de manière de rendre la justice propose le jugement par le cercle de craie caucasien.
Le phrasé de la pièce est un pur bonheur. Les réparties sont toutes fabuleuses.
«Ce ne sont quand même pas des loups, mais des hommes, et ils aiment l'argent. La vénalité est aux hommes ce que la charité est au bon Dieu. » 8 étoiles

Quoiqu'on puisse dire ou penser de ses oeuvres Brecht n'a écrit que surtout des classiques, et à lire vraiment par définition. Parceque comme chez tout grand auteur, il y a quelque chose en plus d'indéfinissable et de permanent dans sa prose sinon de presque intemporel. Donc absolument pas fait pour être rangé dans une étagère vitrée, ou bien être vénéré comme un dieu. Car ce qu'il y a d'intéressant là-dedans, c'est davantage de vérifier ces idées dans la vie quotidienne au lieu de les étudier indéfiniment dans un très confortable amphi.

D'autre part cet auteur, qui utilisait également l'humour, parlait aussi bien souvent du mensonge de masse et de la propagande (avec le fait aussi que les dégénérés croient fermement et la plupart du temps en leur propres boniments) et si mes souvenirs sont bons c'est ce dont parle ce texte: la manière dont c'est relégué et ce dont les différents responsables se servent des relais et rouages afin d'être présent jusque dans les moindres détails. Plus que nécessaire. Et puis tellement près de Mère Courage...

Bobo-Merde - - 40 ans - 16 avril 2012


Le désastre 1 étoiles

Ce n'est pas une pièce de théâtre, ce ne sont pas des personnages, ce n'est même pas du Brecht, il n'y a là qu'artifice et ennui démesuré.

J'ai joué, à contrecoeur, le rôle de Simon Chachava, une espèce de soldat fou amoureux d'une grosse paysanne. Les dialogues sont minables, l'action ne va nulle part, un coeur inutile saccade la pièce et empêche toute unité. On pourrait croire à du patois mais pourtant cela n'en est pas, c'est bel et bien de l'indigence intellectuelle.

Les didascalies sont encore plus pléthorique que les vagues paroles que l'on doit proférer de temps à autre. En outre, la pièce s'éternise en chansons ridicules. Les lieux géographiques cités, qui sont absolument inconnus de toutes personnes normalement cultivées, contribuent d'ailleurs à rendre plus vivantes la monotonie et l'impossibilité de s'accrocher cette pièce.

Un petit passage drôle avec Azdak, un avocat complètement névrosé dont les verdicts ne peuvent que susciter le rire. mais je ne concèderais rien de plus à cet immondice dénué de rythme, totalement incohérent et dont la question métaphysique centrale est complètement inintéressante et qui n'a même pas lieu d'être (la vraie mère est-elle celle qui fait naître l'enfant ou qui s'en occupe ).

Ce livre est une abjection

Harfang - Paris - 30 ans - 19 mai 2010