Contes de Jacob Grimm, Wilhelm Grimm
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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Pas des contes pour enfants !
Mon édition (Folio classique, 840) englobe les contes les plus connus des deux frères : Cendrillon, Jeannot et Margot (Hansel et Gretel), Blancheneige (Blanche-Neige), Le vaillant petit tailleur, La Belle au Bois Dormant...
Il y a quelques contes comme La Belle au Bois Dormant qui sont kitsch, comme on s’y attendrait, mais la plupart sont macabres. Comme le sanglant Cendrillon, on est loin de la version Disney ou de Charles Perrault ! Il y a même des contes que j’ai été complètement dégoûtée et choquée : Peau-de-Mille-Bêtes (de l’inceste, c’est quoi ce conte là ?!), La jeune fille sans main (le titre en soi, puis le conte...), Le fidèle Jean (c’est quoi la morale d’un roi de tuer ses enfants pour un type, fidèle certes, son serviteur préféré, mais quand même !)... Il y en a d’autres que je n’ai pas compris grand-chose... J’ai beaucoup aimé lire Le cercueil de verre, sauf que je préfère la variante d’Antonia Susan Byatt dans son roman (génialissime !) Possession qui est écrite par le personnage fictif Christabel LaMotte. Comme quoi on retrouve dans plusieurs oeuvres des références à ces contes, les frères Grimm inspirent depuis plus de 200 ans !
Mes cinq contes préférés sont Cendrillon (pour sa touche macabre, c’est spécial), Les deux frères (pour le thème du double, aussi j’ai trouvé ça original), Jean le Veinard (triste), Le vaillant petit tailleur (drôle et pas aussi sombre que les autres) et La clé d’or (vraiment court, mais pique la curiosité, mon genre).
Enfin, ces contes sont délicieux à lire (et à relire). Je dois avouer que j’ai été surprise que ça soit aussi morbide, ce n’est pas à quoi je m’entendais ! Ce n’est pas à lire au lit à des petits enfants pour faire de beaux dodos !
Les éditions
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Contes [Texte imprimé] Grimm choix, traduction et préface de Marthe Robert
de Grimm, Jacob Grimm, Wilhelm Robert, Marthe (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070368402 ; 8,60 € ; 22/09/1976 ; 404 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (1)
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Contes des temps perdus
Critique de Numanuma (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans) - 21 décembre 2012
Pour ceux qui, comme moi, ne connaissent de ces contes que les versions de Disney, la lecture de ces courts textes risque d’être un choc. Oh, certes, vous êtes bienvenus dans des mondes où toutes les forêts sont sombres, mystérieuses, impénétrables, où les cheveux ne sont pas blonds mais d’or, où les robes semblent cousues de rayons de soleil et où les tailleurs valeureux peuvent épouser des princesse de grande beauté, où les belles-mères sont des marâtres et où les fées ont l’apparence de femmes aussi vieilles que les pierres.
Mais, jamais le conte ne se termine par le traditionnel, du moins dans la culture française, « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». De même, la formule introductive « il était une fois » n’est pas la norme, elle apparaît, certes, mais il existe diverses introductions à ces textes.
La forme allemande de ces contes est beaucoup plus concise que son équivalent français. Tout est très sommaire : il y a un roi, une reine, un prince ou une princesse, un événement déclencheur, des aventures et un dénouement. Le liant se fait par enchainements successifs assez rapides, sans descriptions, sans divagations, ce qui correspond au projet des deux frères de former un corpus de textes typiquement allemands.
Il y a eu un travail très important de collecte mais également de recherche du mot juste pour retrouver les accents oraux du conte narré à la veillée, en famille. Il y a une sorte de bon sens populaire qui transparaît et qui explique, au moins en partie, certaines fins assez abruptes, voire violentes.
Par exemple : « La méchante belle-mère dut comparaître en justice, on la mit dans un tonneau rempli d’huile bouillante et de serpents venimeux, et elle mourut de malemort ». Ceci est la fin du conte intitulé Les Douze frères. La dernière phrase. Si l’on excepte le fait que le châtiment imposé est particulièrement original en plus d’être cruel (comment les serpents survivent-ils dans l’huile bouillante ?), on note qu’il n’y pas de phrase moralisatrice ni d’ouverture vers un avenir radieux pour les héros. Si morale il y a, elle doit être déduite par le lecteur/auditeur du conte et l’avenir forcément radieux des héros n’est pas automatiquement la conclusion de l’histoire. Cet élément arrive souvent avant la conclusion du conte.
Autre élément qui se démarque de la tradition française : la fée. Chez les frères Grimm, la fée n’est pas une sorte de luciole virevoltante froufrouteuse dotée d’une baguette magique. Ici, elle est présente comme une « sage-femme et une « femme sage » à la fois. Une vieille ridée, pas forcément avenante pour les héros, qui sont toujours de jeunes gens vigoureux et biens de leurs personnes. Mais seuls ceux qui iront au-delà de l’apparence première auront son aide car la fée, quelle que soit son apparence, est toujours bénéfique. Le problème est qu’elle a les mêmes caractéristiques physiques que sa cousine maléfique la sorcière, autre élément incontournable du conte.
Histoire pour se détendre le soir, en famille, histoire éventuellement dotée d’une morale, le conte est également un récit initiatique dans lequel on retrouve certaines influences judéo-chrétiennes comme le sens du sacrifice rappelant Abraham sacrifiant son fils à Dieu. La forêt rappelle, de son côté, les contes de chevalerie, ceux de la Table Ronde en premier lieu. Les voyages et les épreuves des héros ne sont pas que physiques, ce sont des cheminements, un passage vers l’âge d’homme qui n’est pas sans embûche mais dont il est possible de triompher.
Comme je l’ai dit, la forme peut surprendre nos yeux de lecteurs français habitués à des contes dont la forme tente de transmettre le merveilleux du fond. Ce n’est pas le cas ici, le merveilleux se suffit à lui-même.
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