La Splendeur des Amberson
de Booth Tarkington

critiqué par Jfp, le 13 mai 2010
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
ah, les belles familles!
La famille Amberson est le fleuron de la ville que le "Major" créa dans le Middle West peu après la fin de la Guerre de Sécession. Richesse, domesticité à foison, renommée de cette nouvelle "aristocratie", ces valeurs sont censées être tombées dès sa naissance dans l'escarcelle de "Georgie", le petit-fils du Major. Beau à mourir, tout comme sa mère Isabel, il va faire des ravages dans le coeur de Lucy, la fille d'un inventeur, pauvre mais qui va faire fortune grâce à son idée d'introduire dans la ville les premières automobiles, au grand dam des propriétaires de voitures à chevaux. Tout semble bien parti pour une idylle romanesque genre "ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants". Hélas, George Amberson, fort attaché aux privilèges de sa "naissance" (pas question de travailler, pas question de fréquenter la roture), va s'ingénier à pourrir la vie de sa famille et faire le malheur de celle qu'il aime plus que tout, sa propre mère, et le sien par-dessus le marché. Mélodramatique à souhait, le roman de Booth Tarkington dresse pourtant un portrait sans concession d'une certaine classe que l'on appellerait en Europe les "parvenus". Le thème rappelle l'oeuvre célèbre d'Emile Zola ("Les Rougon-Macquart"), qui se situe à la même époque, et le style n'en est pas très éloigné même si l'écriture est plus concise, modernité oblige. On se sent "accroché" dès les premières pages par le destin chahuté des nombreux personnages, et l'on comprend que ce roman ait inspiré un des cinéastes les plus doués de l'après-guerre, mais aussi des plus infatués de lui-même: Orson Welles. Il s'est tout de suite senti à l'aise avec son héros...