L'enfant qui m'accompagne
de Claude Gutman

critiqué par Camarata, le 14 mai 2010
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Une dictature parentale
Ce roman autobiographie a la remarquable faculté, par une identification immédiate au petit CLAUDE, de nous faire retrouver la mentalité, le ressenti de l’enfant envers le monde des adultes tout puissants.
Après la rupture de ses parents, d’origine juive, CLAUDE petit garçon de 6 ans est arraché par son père à sa mère et au kibboutz en ISRAEL où il vivait, ce kibboutz apportait à l’enfant une liberté et une sécurité affective immense et totale.

Son père le ramène avec lui à Paris où il fait vivre à l’enfant d’incessants déménagements et placements, de taudis en foyer au gré de ses emplois précaires et de ses conquêtes féminines, dorénavant il subit sa loi, sa volonté despotique et imprévisible.
Sans égard pour sa condition d’enfant déplacé, pour lui faire payer la trahison de sa mère, il lui interdit de parler l’Hébreu, cette langue qui incarne pour le petit, le bonheur perdu.
Il lui interdit aussi par intermittence, suivant ses convenances et son humeur, de fréquenter ses grands parents maternels qui dès qu’ils le peuvent, l’enveloppent en cachette de chaleur naïve dans leur langue Yiddish.

L’enfant dans une totale incertitude, en proie aux exigences cruelles et imprévisibles de son père obtempère, obéit la mort dans l’âme, sans jamais le critiquer.
C’est l’adulte qu’il est devenu qui le condamne de la façon la plus implacable et définitive qui soit, en décomptant sans indulgence, ses lâchetés et ses minables manipulations. Un livre qui nous suit bien après la fin du récit