L'Etoile du soldat
de Christophe de Ponfilly

critiqué par CC.RIDER, le 28 mai 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Quel imbécile a dit que la guerre était jolie ?
Nicolaï est un jeune russe qui n'aime rien tant que jouer de la musique avec son groupe de rock et que draguer les filles en se moquant de la politique hégémonique et suicidaire du Parti Communiste de l'Union Soviétique de Brejnev. Jusqu'au jour où il est envoyé en Afghanistan pour y porter secours « aux frères révolutionnaires agressés par les maudits réactionnaires ». Pris au piège dans une guerre honteuse, il est d'abord témoin des exactions de l'Armée Rouge (viols, incendies, exécutions sommaires et bombardements systématiques de populations civiles) avant d'être fait prisonnier par les hommes du Commandant Massoud un jour où il est tenté de s'éterniser dans un village pour y cueillir de beaux raisins bien mûrs. Durant sa captivité, Nicolaï rencontrera Ponfilly, un journaliste français qui a pris fait et cause pour les Pachtouns. Il suivra les Afghans dans leurs marches et contre marches dans les montagnes, tout étonné d'avoir eu la vie sauve. Il se convertira à l'Islam et prendra le nom d'Ahmad, mais pourra-t-il regagner un jour la Russie ?
Sous le titre bien commode de « Roman », un bouleversant témoignage où la réalité dépasse largement la fiction. On apprend beaucoup sur ce « Viet-Nam soviétique ». On découvre combien ces résistants farouches, bien décidés à se battre jusqu'au dernier furent admirables, quelle fut l'erreur monstrueuse des Américains d'avoir ignoré Massoud, cette figure lumineuse d'opposant intelligent, lettré et démocrate et d'avoir sottement préféré d'autres, islamistes rabiques et des plus haineux vis à vis de l'Occident. Ponfilly nous fait aimer également Nicolaï, ce pierrot lunaire perdu dans ce torrent de haine dont la vie ne tient qu'à un fil et pour qui on tremble jusqu'au dénouement. Un beau livre écrit dans un style journalistique fluide et agréable. Quel imbécile a dit que la guerre était jolie ?