Le voyage de l'éléphant
de José Saramago

critiqué par Jipé, le 31 mai 2010
( - 86 ans)


La note:  étoiles
Un voyage épique
Que cet éléphant , Salomon, et son cornac Subhro nous auront fait bien voyager dans un long périple à travers l’Europe méridionale de la Renaissance qui les conduira avec tant de délirantes péripéties de Lisbonne à Vienne, que de rencontres feront-ils avec les vanités royales et ecclésiastiques mais aussi d’hommes de petite condition - nous -, médusés et abusés !

Avec son talent et son humour habituels, José Saramago nous observe, ironique et moqueur mais jamais cruel.

Un très beau livre de Saramago , dans le droit fil de son « Dieu manchot ».
La véritable essence de dieu... 10 étoiles

Comme le proclame l'un des personnages, s'adressant au curé local :
"... dieu est un éléphant !...". Métaphore ludique, allégorie joviale et rabelaisienne sur la crédulité et les apparences, Saramago a encore une fois commis là un petit bijou. Savourons !

Radetsky - - 81 ans - 2 septembre 2011


voyage, voyage... 9 étoiles

Un livre que l'on peut trouver déconcertant de par son style au fil des chapitres. Néanmoins, une fois dépassé ce stade et entré dans les conventions d'écriture tant par la forme des phrases que par les renvois d'époque où le XXIème connote le XVIème, ce voyage trans-européen conduit d'une main d'orfèvre à 91 ans par Saramago s'avère un livre très agréable. L'humour oscille entre le tendre et le mordant. La description d'une humanité "renaissance" avec sa soldatesque goguenarde, ses badauds crédules, ses officiers aussi pleutres que hâbleurs, une noblesse très "jet-society", un cornac candide et un éléphant dans le fond assez cabot.
Avec un petit regret pour une fin pachydermique en "queue de poisson".

Robertlabbe - - 79 ans - 6 décembre 2010


Road-movie d’un pachyderme 8 étoiles

Je dois avouer que les premières pages du roman m’ont perturbée………mais une fois découverts les principes d’écriture de Saramago qui privent le lecteur de ses repères habituels : l’indifférenciation de la narration et du dialogue, l’absence de majuscules, de paragraphes donnant l’impression d’un texte compact et touffu, je me suis laissée embarquer avec un plaisir non dissimulé dans ce qui, bien que basé sur un fait réel, semble plus proche du conte philosophique de dimension initiatique que du seul roman d’aventures .

Le romancier se fait conteur lorsqu’il s’introduit dans l’ouvrage pour commenter ce que disent ses personnages ou pour revendiquer certaines libertés de narration « un fait …..avalisé par les historiens et confirmé par le romancier à qui il faudra pardonner certaines libertés au nom, non seulement de son droit à inventer, mais aussi de la necessité de combler certaines lacunes afin de ne pas perdre complètement la sainte cohérence du récit »

Un conte philosophique où l’humour est toujours présent pour démythifier ceux qui exercent une part d’autorité ; pour montrer les ravages de l’hypocrisie, de l’intolérance et les dangers de la crédulité religieuse ; où José Saramago fait un usage réjouissant de l’anachronisme en n’hésitant pas à décrire certaines scènes grâce à des images renvoyant à éléments non existants au 16e siècle , par exemple : le ski ou la photographie .

Un road -movie savoureux qui fait parfois penser au Don Quichotte de Cervantés ( avec l’éléphant Salomon dans le rôle de Rossinante et Subhro en place du Chevalier à la triste figure ) où le cocasse le dispute à l’épique .

Alma - - - ans - 2 juin 2010