Les femmes du braconnier de Claude Pujade-Renaud
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Entomologie intime et sentimentale
A Cambridge, en 1956, Sylvia Plath, jeune poétesse américaine, fait la connaissance de l'anglais Ted Hughes, également poète dont elle tombe éperdument amoureuse. Très vite, les deux jeunes écrivains entament une vie conjugale où va se mêler création, passion, voyages et grossesses. Sylvia adore être enceinte. Elle sera mère de deux enfants. Le couple s'installe dans une belle maison dans la campagne du Devon. Cela aurait pu ressembler au bonheur si Ted n'avait pas rencontré Assia Wevill, une autre poétesse d'origine juive, ne l'avait pas trouvée irrésistiblement attirante et si le psychisme de Sylvia n'avait pas été aussi fragile. Avant de rencontrer ce poète braconnier et pêcheur en eau trouble, elle avait déjà tenté de se suicider une première fois. Ce triangle amoureux va lentement basculer dans le drame.
Ce livre est une sorte de biographie de Sylvia Prath mise en scène de façon chorale. L'auteur s'est servie de la voix des trois protagonistes et de celle de multiples témoins plus ou moins proches comme les parents, les amis, les médecins ou de simples voisins pour illustrer cette histoire tragique et banale de leurs différents points de vue et lui apporter ainsi des éclairages multiples. C'est un procédé assez intéressant et original bien que parfois chargé de redites ou de lourdeurs. Cette histoire a un côté glauque et morbide comme si toutes sortes de séquelles familiales (deuils, exil, Holocauste) avaient marqué à vie ces trois destins et comme si une fatalité implacable s'était acharnée sur ces deux femmes. Intéressant exercice d'entomologie intime et sentimentale.
Les éditions
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Les femmes du braconnier [Texte imprimé], roman Claude Pujade-Renaud
de Pujade-Renaud, Claude
Actes Sud / Domaine français (Arles)
ISBN : 9782742788491 ; 21,30 € ; 06/01/2010 ; 349 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Un travail de biographe, d’analyste et de romancier
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 13 juin 2011
Une biographie qui refuse la chronologie des faits et fait intervenir le passé au moment où il éclaire le présent ; une construction pointilliste, qui procède par petites touches et s’attache à la fois à ce que fut Sylvia Path comme épouse, mère, fille, voisine, et à ce qu’elle fut et devint comme poète . Car loin de s’arrêter à la mort de l’artiste, l’ouvrage évoque les étapes de sa publication , le destin de son œuvre et révèle l’étrange emprise qu’elle a continué d’exercer sur ses proches et sur ceux qui lui ont survécu .
Servi par une écriture élégante, fluide, qui sait s’adapter à la personnalité de ceux qui ont témoigné , un travail de biographe, d’analyste et de romancier qui parle autant au cœur qu’à l’esprit
Juste à côté de nous
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 12 avril 2011
L'écriture de ce livre, touche par ses métaphores, son énergie vitale, débridée, ses mots torrentiels et lumineux d'où émerge le noir absolu.Loin de toute convention.
Hélas Assia est poursuivie par le fantôme vivant de Sylvia, la première épouse, suicidée, mais omniprésente. Et c’est l’enfer. La pulsion de mort et de brutalité est inscrite au coeur de l’acte sexuel autant que la pulsion de vie. Il est beau et terrible d’observer cette étude de la passion exaltée, qui détruit mutuellement. « Some say love, it is a river that leaves the heart to bleed.»
Un constat s’impose: « il était évident qu’une, ou trois ou dix ou mille mamans ne pourraient jamais combler le gouffre creusé dans la nuit du 10 au 11 février 1963.» Les enfants de Sylvia seront marqués à vie.
Le fond de l’histoire est un tissu de dépressions, façon couple Scott Fitzgerald, ourlé d’alcool et de fumée, pris dans le filet noir de la Shoah, de hasards qui, comme des signes implacables du Destin, retracent des scénarios dont on ne peut s’échapper que par la mort. A cause du mal absolu qui s'est manifesté dans l'espèce humaine? Le monde exalté des artistes n'est pas le seul à souffrir. Le lecteur est pris au jeu. Le feu de la création est-il destructeur?
La construction chorale du livre est un éventail de voix à la recherche de ces grains de sable qui font tout basculer. « Ted avait annoncé son passage à Londres, promis à Shura, de l’emmener au Zoo. Deux jours avant, il s’est décommandé » Terrible défection paternelle pour Shura, sa délicieuse fille du deuxième lit. Elle mourra, serrant dans son poing une figurine d’ivoire représentant une petite guenon. L'animalité, refuge ou perdition?
Assia se trompe : « En dépit de cette séparation, temporaire, je l’espère, Ted et moi ne pouvons nous passer l’un de l’autre. Au lit, sous le pelage des caresses, la même liesse animale ». Liesse mortelle, étreinte du prédateur, morsure de la mort. Tantôt l’harmonie avec la nature est complète, tantôt elle est mortelle.
« Mourir absorbée par l’œil limpide d’une panthère, se fondre dans cette pupille ? Si seulement je savais, et savais emmener Shurotchka avec moi dans ce voyage serein… » Paroles fatidiques d’Assia. « Et l’ourse, et la louve, et la lionne et la bufflonne les suivent des yeux et voudraient lécher, langer de tendresse, l’enfant morose que traîne par la main, une femme morne. » Morte.
L’enfer est à côté du paradis. L’écriture salvatrice ou non, à côté de la vie. Comment faire bon ménage et ne pas basculer en enfer?
L’art est là pour flirter avec l’Au-delà, mission dangereuse.
Biographie romancée de Sylvia Plath
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 23 janvier 2011
Je trouve que le personnage de Sylvia Plath est hors du commun, elle est terriblement attachante et son histoire donne vraiment envie de découvrir cet écrivain par ses propre textes. C'est une femme brillante, mais qui porte en elle une fêlure et qui souffrira toujours de cette dépression. Ce livre m'a donné envie de lire "La cloche de détresse", un roman de S. Plath qui raconte sa dépression alors qu'elle était au collège. Un livre marquant.
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