La Croix de perdition
de Andrea H. Japp

critiqué par Sahkti, le 19 juin 2010
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Mourir pour ou à cause de Dieu
Le 22 juillet 1209, Arnaud Amalric met Béziers à feu et à sang; il se livre au massacre des cathares au nom de Dieu. On comptera au moins vingt mille décès.
Un siècle plus tard, à l'abbaye de femmes des Clairets, d'étranges meurtres ont lieu, sur fond de tempête de neige coupant l'établissement du monde extérieur.
Une croix est recherchée, la croix de Béziers, censée donner l'immortalité à celui qui la possèdera. Est-ce la raison de ces exécution rituelles qui ressemblent à des figures du tarot? On pourrait le penser suite à l'arrivée d'un assistant du pape Clément V, Arnoldus de Villanova. Mais d'autres personnages hantant les murs de l'abbaye sont eux aussi interpellants, que ce soit ces monstres de foire à la recherche de la protection éternelle pour l'une d'entre eux ou la nouvelle apothicaire qui semble dotée d'une connaissance presque magique de certaines choses.

Entre roman historique et polar, André H.Japp nous entraîne au coeur du Moyen Age religieux, celui des conspirations et de la superstition. L'intrigue est prenante, bien menée, avec son lot de révélations et de rebondissements. Les personnages, étonnants, sont explorés en profondeur tout en leur conservant la part de mystère qui donnera au lecteur l'envie d'aller plus loin.
Une particularité de ce récit est l'utilisation d'un vocabulaire complexe, qu'il soit religieux et/ou médiéval. Notes et glossaires permettent de s'y retrouver, le cas échéant, et ce procédé apporte beaucoup de charme et de crédibilité au récit; on s'y croirait.
Une lecture que j'ai appréciée pour son érudition et pour la fluidité du récit. Les éléments s'imbriquent les uns dans les autres, les événements s'enchaînent de telle manière que tout finit par devenir inéluctable et évident.

PS: un livre découvert grâce à la soirée CLienne de mars dernier, alors merci au généreux donateur :-))
Meurtres à l'Abbaye 8 étoiles

On retrouve l'Abbaye des Clairets et sa jeune abbesse Plaisance de Champlois ainsi que quelques rares personnages du précédent roman.

Cette fois encore, trois meurtres sont commis dans ce « huis clos » qu'est l'abbaye, de surcroit en plein hiver, rendant toute intervention extérieure impossible.
L'arrivée de deux personnages très énigmatiques et originaux Arnoldus de Villanova et Mary de Baskerville ajoutera au mystère que renferme cet endroit.
Arrivée précédée de celle de cinq « monstres » comme on les nommait à l'époque, entretenant des relations floues avec amis et ennemis.

Mais le mystère n'étant pas complètement éclairci sur cette tragique croix,à la fin de ce policier moyenâgeux , on peut donc s'attendre à en lire un autre épisode.

Si Monestarium avait le bénéfice de la surprise, la lecture de ce roman ne l'avait bien évidemment plus.
Une lecture cependant très agréable, mais une intrigue que j'ai trouvée moins travaillée que dans l'épisode précédent.

Marvic - Normandie - 66 ans - 1 octobre 2011


Un superbe contexte, ... mais 4 étoiles

Livre très documenté au niveau de l’habillement et des pratiques religieuses et temporelles du Moyen-Age. Il rappelle aussi que les notions de « jeunes » et de « vieux » sont relatives : du temps où l’espérance de vie était faible, les responsabilités s’acquéraient très tôt et étaient dues au rang social. On apprend ainsi un certain nombre de choses intéressantes.

Cependant, si l’histoire est prenante dans la première partie du livre, avec un parchemin qui ouvrirait l’accès à l’immortalité, les morts s’accumulent avec des mises en scène spectaculaires et la fin est décevante. Poursuivre dans la veine du fantastique, et non des prosaïques vengeances multiples, aurait été plus satisfaisant à mon sens.

IF-0411-3719

Isad - - - ans - 14 mai 2011


Suite de “Monestarium” 7 étoiles

Abbaye des Clairets, Abbaye de femme, dans le Centre-Ouest de la France. Hiver 1308, nous sommes dans les mois qui suivent « Monestarium ». La mère abbesse est toujours la très jeune Plaisance de Champlois et il est dit que sa gouvernance se fera dans les mystères et les difficultés.
Mystères et difficultés en liaison avec un drame terrible datant d’un siècle auparavant ; le sac de Béziers et l’élimination de ses vingt mille habitants dans le cadre de la croisade contre les Cathares, sous la direction d’Arnaud Amalric. Quelques pages assez fortes en cette occasion.

« Une femme cria en sanglotant, tendant à bout de bras un enfançon, suppliant Arnaud de les épargner, jurant qu’ils étaient baptisés dans la sainte foi et n’en avaient pas dévié. Il lui sourit comme dans un rêve et murmura :
- Ma sœur en Jésus Christ, n’aie alors aucune crainte. Il t’aime et ne t’abandonnera jamais.
Un des soldats de l’escorte lança son roncin sur la femme qui glissa sur les pavés. Les sabots de la lourde bête l’évitèrent de justesse.
Un ribaud, trogne d’ivrogne que l’excitation du carnage violaçait encore mais que crispait pourtant l’hésitation, se rua vers le cheval de l’abbé.
- Seigneur abbé, seigneur abbé … V’là qu’on sait plus. Mes truands et moi, on s’demande … rapport qu’on n’est pas des assassins. C’est comment qu’on les reconnaît, les sans-foi ? La lame sur la gorge, y jurent tous qu’y sont pieux catholiques. D’autant qu’y a les gamins et les commères aussi … Dieu aimerait pas qu’on Lui trucide Ses bons fidèles, pour sûr.
…/…
- Que dis-tu ?
- Qu’on sait pas qui c’est qu’on doit occire, pour la gloire de not’Seigneur. D’autant qu’y s’sont massés dans l’église de la Madeleine … C’t’un lieu saint, quand même …
Arnaud Amalric soupira, bouche ouverte. Levant le visage vers le ciel, il ordonna d’une voix douce :
- Tuez-les tous … Dieu reconnaîtra les siens. »
A l’occasion de ce massacre, une croix d’Arnaud Amalric a reçu du sang innocent et fût perdue. C’est elle qui est l’enjeu de ce qui va se dérouler pendant le roman à l’Abbaye des Clairets.
D’autres personnages vont donc faire leur apparition sur scène (ça fait très théâtre, avec unité de lieu), tous plus bizarres les uns que les autres, à commencer par des êtres difformes, monstres de foire, qui viennent demander asile, fuyant le monde hostile à leur égard, sans compter l’arrivée simultanée d’une nouvelle sœur apothicaire et d’un envoyé spécial du Pape. Tout ce petit monde va cohabiter avec les sœurs résidentes qu’on connaissait déjà du fait de « Monestarium » et tenter de mettre fin à la psychose qui va s’installer avec les meurtres successifs de sœurs au sein de l’Abbaye.
C’est en cela que nous avons affaire à un polar. Un polar moyenâgeux, qui peut évoquer en plus doux « Le Nom de la rose », dont la lecture est entrecoupée de fréquents renvois en bas de page pour expliciter les termes moyenâgeux ou savants employés par Andrea H. Japp. Un peu usant, ça.
Mais au bilan une lecture qui tient en haleine, avec des personnages crédibles … jusqu’à un certain point.

Tistou - - 68 ans - 15 avril 2011


Un fantastique voyage dans le Moyen-Âge ! 10 étoiles

Beaucoup de plaisir, oui beaucoup de plaisir à lire ce livre que je n'aurais, par ailleurs, pas pris sur l'étagère s'il ne faisait pas partie de la sélection 2011 CL et donc grâce à cela, j'ai fait une belle découverte! L'ambiance est très bien rendue, et on sent qu'il y a un grand travail de recherche (comme le disaient les autres critiqueurs) un vocabulaire très riche un peu déroutant au début mais qui nous (re)fait découvrir les secrets et les merveilles de notre langue française. J'ai noté les mots un peu compliqués pour ne pas les oublier trop vite. Le meilleur moyen, en fait je pense, serait de lire dans peu de temps un autre ouvrage comme Monastorium pour bien assimiler ce vocabulaire que je trouve fantastique. L'enquête dont il est question est tout à fait appropriée et rentre très bien dans le contexte historique. Voilà un livre qui m'a appris énormément de choses (vocabulaire, us et coutumes du moyen-Age, les livres au moyen âge, ...) tout en prenant beaucoup de plaisir à suivre l'enquête policière. A lire !
Petit extrait qui m'a fait sourire : "Il vous faut dire que le volume [...] a connu un vif succès et qu'il en existe une bonne vingtaine d'exemplaires dans le royaume -Fichtre, un gros succès en effet !" Nous vivons vraiment dans un autre monde ...
Dernier commentaire : Peut-être lire Monastorium avant car on y fait de temps en temps référence.

Mandarine - - 52 ans - 25 février 2011


L'abbaye des Clairets 8 étoiles

22 juillet 1209, Arnauld Amalric, légat du pape, est à la tête du sac de Béziers : "Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens".
Décembre 1307, à l'abbaye des Clairets, trois meurtres de moniales.
Que vient faire Arnoldus de Villanova, médecin et espion du pape Clément V à l'abbaye et surtout Arnaud Amalric qui cent ans après semble toujours être impitoyable?
L'ambiance de l'époque est bien représentée par les descriptions et l'emploi du vocabulaire médiéval.
L'intrigue est bien menée tout au long du livre mais une fin un peu trop rapide.
Un bon moment de lecture!

Koudoux - SART - 60 ans - 8 février 2011


L'abbaye inquiétante 7 étoiles

Il aura fallu quelques pages pour que je m'acclimate au langage de l'époque. Les nombreuses notes de bas de page expliquant les termes du moyen-âge ont aussi été une distraction. Toutefois, lorsque j'ai réussi à entrer dans l'histoire, le rythme et l'originalité des personnages fut très prenant. Un hybride de plusieurs genres, il s'agit d'un roman efficace et différent.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 16 janvier 2011


Bonne surprise 8 étoiles

Voilà pour une fois une suite que j'ai trouvée meilleure que la première partie !!! En effet, la croix de perdition n'est rien d'autre qu'une suite à Monesterium qui m'avait un peu déçu. J'ai d'ailleurs hésité avant d'entamer la lecture de celui-ci, persuadé que j'allais retrouver les défauts du premier tome. Il n'en est rien. Le récit est enlevé, les descriptions sont cette fois moins pesantes que dans monesterium (ou alors je m'y suis habitué ?). Le suspense est prenant et le personnage de la petite Abbesse Plaisance est toujours aussi attachant. Un peu plus d'étoiles donc cette fois !

Patman - Paris - 62 ans - 15 décembre 2010