Journal (1936-1942)
de Harold George Nicolson

critiqué par Septularisen, le 22 juin 2010
( - - ans)


La note:  étoiles
QUEL LIVRE!
Si Sir Harold Nicolson (1886-1968) est surtout connu pour avoir été le mari de l’écrivain Vita Sackville-West (l'auteur de "Toute passion abolie" et de "Plus jamais d’invités!"…) il a aussi et surtout été un diplomate et homme politique de premier plan (député travailliste du Leicester West de 1935-1945), et sous secrétaire d’état à l’information de 1940 à 1941, mais aussi et surtout un observateur hors pairs des mœurs de son époque.
L’extrait de son journal (dont l’entièreté s’étend de 1936 à 1968 année de sa mort…) qui nous est proposé ici, couvre les années 1936 à 1942 à savoir donc, le début et les années les plus tragiques de le Deuxième Guerre Mondiale, la déclaration de guerre, la nomination de Winston CHURCHILL comme Premier Ministre, le Blitz sur Londres, la guerre en Afrique, le siège de Stalingrad par les armées Allemandes...

On y découvre ainsi un homme simple mais passionné par la politique! La politique dans ce qu’elle a de plus noble, à savoir la politique pour servir la grandeur et l’honneur de son pays… Si Harold Nicolson aime la politique il aime aussi la littérature et l’écriture (il écrivit de nombreuses biographies), la nature, les jardins…
En plus de la guerre et de la politique entre séances aux Communes, mondanités et bombardements, Nicolson prend aussi le temps de nous parler de la nature, d'architecture, de livres, d'écrivains qu'il aime comme p. ex. de ses conversations avec H.G. Wells de la mort de Rudyard Kipling, du suicide de Virginia Woolf...

On croise aussi de nombreux hommes politiques tous traités dans des portraits sans complaisance et sans concessions, le roi George V, Sir Anthony Eden, Charles De Gaulle, Neville Chamberlain, Edouard Daladier, Winston Churchill, Stanley Baldwin, le roi Edouard VIII, Wallis Simpson, le roi George VI... Harold Nicolson, les a tous connus, tous croisés, tous fréquentés...

Il nous relate donc dans son journal une vie bouleversée, où les hommes politiques tentent de faire face au chaos de la guerre. Le tout par un homme simple, traité par le petit bout de la lorgnette, mais par un homme bien plus informé qu’il veut bien nous le faire croire !... Harold Nicolson semble avoir tout vu, tout entendu, à Londres, mais aussi en Europe, en Asie et en Afrique. Personnellement c’est le côté «visionnaire » du personnage qui m’a le plus intéressé, et le plus plu, ainsi p. ex. en mars 1936 il prévoit déjà la guerre contre l’Allemagne et la victoire finale des alliés, ou encore en Septembre 1938 il sait que la guerre ne va pas tarder à éclater et que «nous en aurons pour quatre ans»…

Contrairement à beaucoup d’autres politiciens de son temps il comprend très vite quel genre d’individu manipulateur est Adolf Hitler et qu’il ne faut absolument pas négocier avec lui…Le 30 septembre 1938, il est l’un des rares députes de la Chambre des Communes à ne pas applaudir à son retour de Munich, Neville Chamberlain (alors premier ministre) avec les fameux «accords de paix»

Il comprend d’ailleurs très vite que l’homme de la situation est Sir Winston Churchill et bien que n’étant pas du même parti politique, se range derrière lui, et entrera dans son gouvernement d’union nationale en 1940…

Je ne suis pas particulièrement fan de la lecture de journaux intimes, mais je dois avouer que celui-ci est vraiment formidable intéressant au plus haut point et m’a beaucoup plu. Le style est clair et les évènements relatés de façon précise, mettent la lecture de ce livre à la portée du plus grand nombre. Je n’hésite d’ailleurs pas à dire qu’il s’agit d’un des meilleurs livres que j’ai lus sur la Deuxième Guerre Mondiale… Mon seul regret est dans le fait que l’éditeur n’ait pas poursuivi la publication de ce journal pour les années 1943-1945…

Vraiment un livre unique, un témoignage de premier plan, sur une des pires périodes de notre histoire…