Pensées secrètes de David Lodge
( Thinks)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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jubilatoire
J'aimerais vraiment vous faire partager le plaisir que j’ai eu à lire ce dernier né de David Lodge. J'aime tous ses livres mais je trouve qu’ici , il excelle. Lodge, comme je le disais dans une autre critique, procède souvent par confrontation ou rencontre de deux principes opposés : le croyant face à l’incroyant, le professeur de littérature idéaliste face au chef d'entreprise terre à terre, le vieux prof anglais usé et son homologue californien entreprenant, un jeune prêtre novice et une femme expérimentée, etc ...
Il ne manquait plus que la plus essentielle des confrontations de points de vue : celle d'un homme et d'une femme, qui par le biais d'un journal intime divulguent leurs " pensées secrètes " sur la même histoire : la leur. Je ne sais comment (une fois de plus) cet auteur décrit les pensées d'une femme avec autant de justesse. Jusqu’aux emails avec majuscules et sans coquilles où elle ne peut se résoudre à délaisser ses principes . Il y va de son image. Si " les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus " nous en apprend sur les différences théoriques de comportement des uns et des autres (je ne l'ai que parcouru, un peu rasant à mon goût), ici on plonge dans la plus plate réalité : pas de conte de fée chez Lodge. Et j'ai trouvé déroutant de plonger dans les pensées sans fard du monsieur... L’homme, Ralph Messenger, la cinquantaine, scientifique : au départ, son machisme et sa suffisance font qu’on a envie de lui donner des claques, mais il devient vite et irrémédiablement irrésistible.
Notamment avec le passage où il décrit avec une spontanéité croustillante son dépucelage à 17 ans. Elle, Helen Reed, fraîchement veuve, la quarantaine, littéraire, un peu coincée mais irrésistiblement sage et féminine. A ne pas dédaigner : quelques envolées littéraires , culturelles ou scientifiques ( décidément l'intelligence artificielle est à la mode dans le roman). Il est bien sûr marié (à une autre), mais sa femme n’est pas en reste et la personnalité de cette dernière est tout aussi croustillante. Je dis " croustillante " parce qu’avec des sujets sérieux , Lodge fait rire par son sens de la dérision. Le regard qu’il pose sur ses personnages , si odieux soient-ils, est toujours tendre et compréhensif , humoristique et optimiste. Avec Lodge, on a envie d’être plus cool avec les défauts des hommes.
Les personnages sont présents, tangibles, vrais, terriblement attachants. J'ai trouvé ce livre jubilatoire et instructif.
Je mets 5 étoiles pour le plaisir qu'il m’a procuré.
Les éditions
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Pensées secrètes [Texte imprimé] David Lodge roman trad. de l'anglais par Suzanne V. Mayoux
de Lodge, David Mayoux, Suzanne V. (Traducteur)
Payot & Rivages / Collection Littérature étrangère.
ISBN : 9782743608767 ; 14,00 € ; 23/04/2014 ; 401 p. ; Format Kindle
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Littérature et neurosciences
Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 28 mars 2013
Dans Pensées secrètes, il insiste sur le fossé qu’il existe entre les sciences humaines et les sciences expérimentales. Il ne résiste malheureusement pas à tomber dans le cliché et la caricature en représentant la littérature par une femme plutôt romantique et les neurosciences par un homme obsédé par les relations sexuelles. Ces deux protagonistes nouent petit à petit une liaison qui sera le lit de l’union de ces deux champs de savoir bien différents : les lettres et la neurologie. Le récit à deux voix de chacun de ces personnages nous livre deux points de vue internes aux faits et permet d’alimenter les réflexions concernant l’archaïque dichotomie des milieux universitaires, s’opposant sur un concept bien précisé : la conscience. David Lodge tente parfois au travers de ces individus quelques tirades épistémologiques :
« -Depuis le siècle des Lumières, a-t-il repris comme s’il était en chaire, la science s’est imposée comme la seule forme de connaissance véritable. Ce qui a posé un problème aux formes rivales, contraintes soit à s’y assimiler, à tenter de se couler dans un moule scientifique, au risque de découvrir que leur univers conceptuel ne repose sur aucun fondement, comme la théologie sérieuse, disons, soit d’enfouir la tête dans le sable pour mieux nier la science, comme les religions intégristes ? Poussés dans les derniers retranchements de leurs disciplines, les postmodernistes déclarant que tout le monde est dans le même bateau, y compris les scientifiques, qu’il n’y a ni fondement ni sable. (…) -Mais n’y a-t-il pas des domaines de l’humain qui se dérobent à toute méthode scientifique ? « bonheur, tristesse, amour….. » (...) -Bien sûr, m’a-t-il accordé, c’est là le gros problème encore non résolu (…) mais un scientifique doit avoir la conviction que la réponse existe et qu’elle sera trouvée. »
Evidemment Pensées secrètes est avant tout un roman et David Lodge ne prétend donc pas réconcilier en 300 pages les « scientifiques » des « littéraires ». Ce débat n’est d’ailleurs qu’un prétexte pour aborder la léthargie du milieu universitaire, la rigueur des conventions familiales, ou encore la place du roman et de la fiction dans notre quotidien où « la réalité doit être représentée par une pseudo-réalité, laborieusement fabriquée et décrite ».
Bien que cet ouvrage présente une critique de certains aspects de notre société, il n’échappe pas à l’évocation de lieux communs sur les relations homme femme. On a la désagréable impression qu’il faut à tout prix ajouter à cette histoire des éléments typiques des romans d’aujourd’hui : rapports adultères, drames, retournements de situations…
Tout de même un très bon roman pour découvrir ou redécouvrir David Lodge.
Une saison à Gloucester
Critique de Ena (Le Gosier, Inscrit le 25 octobre 2004, 62 ans) - 20 juillet 2005
La libido sur le vif.
Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 16 décembre 2004
Ralph capte sur un dictaphone à reconnaissance vocale ses pensées immédiates, tandis qu'Helen consigne dans un journal de bord ses pensées du jour. A quoi peut penser un séducteur invétéré comme Ralph ?
On sait dès le départ que Ralph veut séduire Helen, jeune veuve appétissante, et si le récit est agréablement conduit, l'entreprise n'offre guère de surprise. Disons qu'on préfère nettement les scènes de stratégie amoureuse aux développements abstraits sur la robotique et la nature des émotions.
Toutefois trois faits relancent l'intérêt : des révélations sur Martin, le mari défunt d'Helen, des soucis de santé pour Ralph, et d'éventuels scandales au laboratoire d'intelligence artificielle. Heureusement, car les préoccupations sexuelles tant des élèves que de leurs encadrants frisaient l'overdose.
David Lodge mène l'intrigue à trois fils : les monologues intérieurs respectifs de Ralph et d'Helen encadrent le récit "objectif" du narrateur omniscient. Se référer à Virginia Woolf n'était pas vraiment nécessaire.
Ce n'est pas le meilleur Lodge, à mon avis! mais ça se lit agréablement.
Une très bonne expérience
Critique de Egnatia (Aix-en-provence, Inscrit le 17 janvier 2004, 37 ans) - 24 janvier 2004
Il m'a été étonnant de remarquer à quel point j'ai été épris par ce livre, et à quel point Lodge sait captiver son lecteur.
D'un point de vue plus spécifique, j'ai trouvé ce livre assez intéressant de par sa rédaction via les trois points de vus qui s'alternent!
La critique contre les scientifiques bornés anglais est très poussée, mais je trouve ce bouquin d'un grand intérêt!
Je le conseille à tous les lecteurs recherchant un livre de détente et aussi de qualité!
Du grand Lodge
Critique de Torton (Le Vesinet, Inscrit le 14 avril 2002, 61 ans) - 10 mai 2002
Une bonne cuvée
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 10 février 2002
trouve pas de petite bête, moi...
Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 9 février 2002
En fait, l’honnêteté et le doute : voilà qui fait le charme de Lodge à mes yeux. (J'ai été le voir faire une conférence à Bruxelles, le charme n’est pas passé car je n'ai rien compris à son anglais, mais la salle riait beaucoup). Je ne connaissais pas l'avis de Kundera à ce sujet, mais d’après ce que tu rapportes, je le trouve très limité. On peut ne pas recréer le monde avec un roman, mais se sentir en phase et en retirer grand plaisir. (ce débat devrait se retrouver dans les réponses à la dernière question posée dans le profil des critiqueurs)
Puisque Lodge est parfait, cherchons la petite bête
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 9 février 2002
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