La Bande décimée
de Jean-Luc Cochet

critiqué par Tistou, le 25 juin 2010
( - 68 ans)


La note:  étoiles
N° 102 de la série « Le Poulpe »
« La bande décimée » est donc le n° 102 de la série du Poulpe, dont on connait le principe : un auteur par n°, un héros récurrent : « Le Poulpe » alias Gérard Lecouvreur, des personnages quasi obligés, dont le restaurant « Le pied de porc à la Sainte Scholasse » tenu par Gérard et Maria où « Le Poulpe » prend connaissance du faits- divers dans le journal qui va lancer sa quête, Chéryl, coiffeuse et compagne du « Poulpe » …
« Le Poulpe », pas vraiment détective, plutôt libertaire actif qui prend les enquêtes qui l’intriguent à son compte et se paie sur la « bête », découvre ce jour-là dans le journal, lu sur un coin du zinc de « … la Sainte Scholasse », l’assassinat à grand coup d’explosif d’Antoine Moss, un cador de la Bande Dessinée, au sortir de l’aéroport de Roissy. Antoine Moss revient de Colombie où il s’est longtemps exilé et d’où il a touché à la célébrité, sa réputation serait plutôt sulfureuse mais, surtout, « Le Poulpe » se souvient l’avoir rencontré plus jeune, beaucoup jeune. Et forcément, ça lui fiche un coup, et forcément … il va enquêter et lever pas mal de lièvres.
Structure classique donc d’un « Poulpe », pas indigne, pas inoubliable non plus. Il y manque, pour ceux qui ont fait la connaissance du « Poulpe » avec les trois premiers numéros des créateurs : Jean-Bernard Pouy, Serge Quaddrupani et Patrick Raynal, les petites touches d’autodérision, de tendresse pour le personnage, qui faisaient passer en douceur les invraisemblances (oui, quelque part, « Le Poulpe » c’est Superman !). Comme si Jean-Luc Cochet avait fait très attention au début à rester dans l’épure du Poulpe – c’est très conforme au « cahier des charges, plutôt amusant – mais qu’il s’était lâché au fur et à mesure qu’il avait fallu gérer l’intrigue.
Ce qui est amusant néanmoins avec les « Poulpe », c’est leur relation très immédiate à l’époque où ils ont été écrits. Celui-ci c’était 1998 et l’on y trouve ; « Plan Vigipirate, poubelles absentes dans les lieux publics, … Toute une époque pas si lointaine qui remonte en mémoire …

« Dans tout l’aéroport, le temps était à l’accalmie ; le plan Vigipirate se faisait presque timide et l’on n’avait pas dynamité d’attaché case oublié depuis au moins trois jours. En ville, c’était pareil ; dans les gares la troupe enclaironnée ne braquait plus que très mollement la foule colorée des banlieusards. Au coin des rues, les poubelles décapsulées refleurissaient et l’on songeait très sérieusement à rouvrir les consignes. Paris allait plutôt bien, l’Hexagone pas trop mal. Ailleurs, au loin, c’était comme d’habitude : certains hommes avaient le choix entre une mort lente ou violente ; certaines femmes et certains enfants aussi. Mais ça n’était pas grave parce que c’était ailleurs. »