Détails insignifiants d'une vie sans éclat
de Camilla Gibb

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 22 juillet 2010
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
La cellule familiale
Au cours de sa jeune carrière, cette auteure canadienne s’est forgée une réputation pour les portraits crus de familles dysfonctionnelles. Derrière ce titre peu attrayant se cache l’histoire de personnages ordinaires dont les blessures psychologiques n’ont rien d’ordinaire.

Enfants, Emma et Blue, soeur et frère, ont développé des liens symbiotiques face à leur parents déconnectés ; un père inventeur mentalement instable et une mère bohème sans aucun sens maternel : « Elle s’était reproduite : elle avait mis au monde deux étrangers de plus. »

Suite à la disparition du père – devenu itinérant – Blue perd la carte. À l’âge adulte, il traverse le Canada à la recherche de l’homme colérique et détestable qui a néanmoins formé son image de lui. Quant à Emma, elle fuit cet héritage paternel empoisonné en poursuivant son rêve d’enfance de devenir archéologue, seulement pour se rendre compte que les liens du sang sont trop forts.

Ce sont les détails insignifiants qui sont la force de ce livre. Les questionnements d’Emma sur son orientation sexuelle, la subtile autodestruction de Blue etc. Il s’agit d’une étude des stigmates de l’enfance parfaitement réussie et captivante à sa manière.

L’essence du roman se retrouve dans cette réplique faite après un souper de famille désastreux :

« - A quoi bon se donner tout ce mal? soupire Emma.
- Parce qu’on espère toujours. On espère toujours que, la prochaine fois, ce sera différent. »