Les radioscopies : Marguerite Yourcenar
de Jacques Chancel, Marguerite Yourcenar

critiqué par Jules, le 13 février 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un très bon moment à passer à lire ce livre
Un rendez-vous avec Madame Yourcenar, en vue d’un entretien avec elle, cela doit vous remuer quelques semaines à l’avance !. Mais Jacques Chancel n'est pas non plus n’importe qui dans ce genre d’exercice.
Lui-même, et toute sont équipe, a du se rendre jusqu’à Mont Désert, dans le Nord du Maine, à la frontière canadienne, pour le réaliser. La magie du lieu aura dû contribuer à l'ambiance de l'entretien.
Yourcenar commence d’abord par aborder le fait que cet Etat appartenait aux Indiens et qu'ils en revendiquent toujours la propriété. Le climat y est dur, les hivers longs et très froids, les étés très courts et humides.
Les forces de la nature s’y font ressentir bien plus fortement que sur notre vieux continent. Malheureusement, dit-elle, cette nature est de plus en plus détériorée au fil du temps par les hommes et leurs activités.
Chancel lui demande pourquoi elle est venue s’installer aussi loin, près d'une frontière et elle répond : « Parce qu'elles vous propulsent au-delà des choses. » Quand il lui dit qu'elle « semble être d’une famille éclatée qui c’est sans cesse réfugiée dans le panache des vieilles origines », elle répond : « Je connais mes sources, mais comme l’empereur Hadrien, mon bel accompagnateur, je pense que le vrai lieu de naissance est celui sur lequel on porte un premier regard intelligent sur le monde. Ma première patrie fut une bibliothèque, tous mes ancêtres sont des livres, mes géniteurs des écrivains. jusqu’à Mishima qui complète aujourd'hui mon arbre généalogique. »
Quant à savoir comment elle s’est faite, elle invoque en grande partie le hasard, elle évoque au départ un ensemble « informe, ni arrangé ni composé » qui se développerait petit à petit. « Je m'élève contre le mot « choisir ». Il y a beaucoup d’illusions à croire que nous organisons ou préparons le cours des choses. J'ai le sentiment très fort qu’à partir de chaque tournant de route se propose un nouveau paysage, et qu’on aurait pu se diriger tout aussi bien à droite qu’à gauche. »
Suivez-là au cours de cet entretien et vous naviguerez dans un monde fait d'intelligence et de sensibilité.