Le Roman de Don Sandalio, joueur d'échecs
de Miguel de Unamuno

critiqué par Jules, le 15 février 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Court, intéressant et très bien écrit
L'auteur de ce petit livre est censé avoir reçu, d’un de ses lecteurs, des extraits d'une correspondance qui pourraient former un petit roman. Il découvre l’histoire d'une rencontre entre deux hommes. L’un est l'auteur de la correspondance, qu'il adresse à un certain Felipe, et l’autre est un joueur d’échecs, Don Sandalio.
L'histoire se passe le long de la côte dans les années 1910. L’auteur des lettres s'est installé dans un endroit calme, avec pour intention de fuir le monde. Il se déclare atteint d'un mal assez grave : celui « de voir la bêtise et de ne plus pouvoir la tolérer. » Aussi, tient-il de longues conversations avec un chêne plus que centenaire.
Un jour, cependant, il craque et va s'inscrire « au cercle » local où l'on joue aux cartes et aux échecs. Il y remarque un vieux Monsieur, Don Sandalio, qui semble s'être attiré une certaine pitié des autres membres. Il ne cesse de jouer aux échecs et le monde ne semble pas exister pour lui en dehors de cela. Que peut-il faire ou penser quand il ne joue pas ?.
A penser à lui en se promenant, l'auteur des lettres se dit : « Et je pensais que j'aurais beau fuir les hommes, leurs bêtises, leur stupide civilisation, je continuerais à être un homme, beaucoup plus homme que je ne l'imagine, et que je ne peux vivre loin d'eux. Puisque c’est leur propre idiotie qui m’attire ! Et que j’en ai besoin pour être irrité au plus profond ! »
Et voilà notre homme qui, trouvant Don Sandalio sans partenaire, va se mettre à jouer avec lui…
Mais qui est Don Sandalio et pourquoi notre auteur finira-t-il par faire connaissance avec sa famille ?.
« Le problème le plus profond de notre roman, du tien, Felipe, du mien, de celui de Don Sandalio, est un problème de personnalité, d’être ou de ne pas être, et non de manger ou de ne pas manger, d’aimer ou d'être aimé ; notre roman, celui de chacun d’entre nous, est de savoir si nous sommes davantage que des joueurs d'échecs, de l’ombre, de la mouche, du cercle, ou. la profession, la fonction, religion ou sport que tu voudras, et, ce roman, je le laisse à quiconque le rêvera en en tirant le meilleur profit, la meilleure distraction, la meilleure consolation. Il se peut qu’il y ait des sphinx sans énigmes – et voilà les romans qui plaisent aux gens de cercle -, mais il est aussi des énigmes sans sphinx. »
Un tout petit livre, mais des plus intéressants !