La cithare nue de Shan Sa
Catégorie(s) : Littérature => Asiatique
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L'impuissance d'une femme
En l’an 400, dans la plaine du Milieu en Chine, une jeune fiancée issue de la noblesse des Hautes Portes est enlevée par le capitaine Liu de l’armée impériale saccageant la ville. Malgré ses origines de paysan très pauvre, celui qui est devenu son époux grimpe petit à petit les échelons militaires à force de manigances et de complots. Pendant qu’il mène combat sur combat, la Jeune Mère est laissée à elle-même avec pour seules tâches l’éducation de ses deux enfants, une fille et enfin un fils tant attendu, ainsi que la construction et l’embellissement de leur demeure. Elle se résigne à attendre, parfois des années, les retours de son mari, cloîtrée chez elle.
En l’an 581, dans le royaume du sud du Yangzi, Shen Feng est un jeune apprenti luthier timide et sans le sou, qui rêve de trouver une femme. Un ami voleur le pousse à l’aider à violer la tombe supposée d’une impératrice.
Ces deux récits sont contés en parallèle et finissent par s’entremêler...
Dans l’ensemble, ce livre est original et intéressant. On y apprend beaucoup de choses sur la Chine et ses temps d’incertitude barbares. Même si je trouve que le rythme de l’histoire est parfois inégal, l’écriture de Shan Sa est toujours remarquable. La vacuité de la vie de la Jeune Mère et son impuissance révoltent. La violence des conflits incessants entre le nord et le sud, les trahisons au sein du pouvoir sont écoeurantes. Shen Feng, par contre, est attendrissant. Mais la fin devient totalement délirante et donne une impression de queue de boudin à l’eau de rose et pseudo-poétique.
Les éditions
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La cithare nue [Texte imprimé], roman Shan Sa
de Shan Sa,
Albin Michel
ISBN : 9782226208446 ; 20,30 € ; 02/06/2010 ; 300 p. ; Broché
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Message d'harmonie
Critique de Deashelle (Tervuren, Inscrite le 22 décembre 2009, 15 ans) - 20 septembre 2011
Et pourtant la belle dame raffinée des Hautes Portes, la caste la plus haute de Chine - au dessus même des empereurs batailleurs, comploteurs, déloyaux et fourbes - brosse un tableau sans concessions d’une société violente, où seul le pouvoir compte, où l’action épique est la mesure de toute chose, où les scènes sanglantes déferlent de toutes parts. Elle ne parle donc pas que de parfums, rivières, fleurs de cerisiers et mets délicats... Ce livre présente une vision particulièrement éclairante de la différence profonde entre le monde des hommes et celui des femmes. Et si la musique, reflet de l'âme, et l’amour de la nature remplaçait l’ego ? Et Si la pulsion de vie nous ouvrait les champs de l’éternité ?
Dans le ventre mythique de la cithare sacrée nait l’amour entre un homme et une femme. Ils sont séparés par la condition sociale mais aussi par le temps. Et pourtant le charme s’opère, et l’amour paraît, au-delà des miroirs trompeurs, en dehors du temps.
Mais ce n’est pas tout, ce troisième personnage allégorique à part entière qui est la cithare, est porteur de mémoire et transmet tout le raffinement d’une civilisation brillante malgré les désirs de conquête de l’homme, malgré les effusions de sang, malgré l’égo omnipotent, malgré le chaos du monde qui en résulte. Un instrument fabriqué par un humble maître luthier dans une matière immortelle porte un message d’harmonie :
" L'homme et la femme ne sont-ils pas les deux morceaux de bois composant la table et le fond de la cithare ? Prédestinés l'un à l'autre, ils doivent se rencontrer,
s'enlacer pour faire résonner la même musique."
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