Victoria et les Staveney
de Doris Lessing

critiqué par Aria, le 16 août 2010
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Couleur café ou chocolat
Victoria commence sa vie bien tristement. Après la mort de sa mère, sa tante Marion, célibataire, la prend en charge mais elle tombe rapidement malade. Victoria va dans une école très dure, essentiellement avec de jeunes noirs comme elle, mais quelques «bobos», comme la famille Staveney, riche et blanche, ont décidé de soumettre leurs enfants à la même épreuve pour qu’ils sachent que tout le monde ne vit pas la même vie dorée qu’eux. On pourrait croire que l’intrigue se passe quelque part en Afrique, mais en l’occurrence, tout se passe en plein Londres, à la limite de deux quartiers.
Le jour où Tante Marion doit être emmenée d’urgence à l’hôpital, Mrs. Jessy Staveney demande à son fils aîné, Edward, de ramener de l’école une petite fille en même temps que son jeune frère, Thomas. Edward ne sait pas qu’il s’agit d’une petite fille noire et ne la trouve donc pas. Il doit retourner la chercher et trouve Victoria vraiment mignonne, bien qu’elle soit très fluette pour ses neuf ans. Il va jouer avec elle tout la soirée et lui lire des contes.
Cette rencontre marquera Victoria à jamais. Elle pensera longtemps à Edward.

Tante Marion souffre d’un cancer incurable. Sa meilleure amie, Phyllis Chadwick, s’occupe d’elle en même temps que Victoria. Tante Marion décède quand Victoria a 14 ans. Phyllis la prend alors chez elle, bien qu’elle ait déjà à sa charge son père, sa fille Bessie et deux garçons très turbulents . Le père est parti et Phyllis doit faire vivre tout le monde.
Un exemple bien terrible de ce que sont les hommes pour ces jeunes filles qui ne voient autour d’elles que des mères célibataires.

Mais Victoria a un atout d’importance : c’est une très jolie fille, mince, avec des yeux magnifiques. Il lui est alors plus facile de trouver un travail dans les beaux quartiers pour ramener quelqu’argent à la maison. Elle est extrêmement sérieuse et c’est un soutien pour Phyllis. Fatiguée de la clientèle des beaux quartiers, elle trouve une place chez un disquaire spécialisé en rythmes africains.
C’est ainsi qu’un jour elle voit entrer quelqu’un qui lui rappelle terriblement Edward Staveney, pour qui elle a gardé une place dans son coeur, mais c’est son frère Thomas qui est là. Il furète entre les rayons, choisit des disques et en payant lui propose de venir dîner chez lui.
Thomas et Victoria seront amants tout un été, jusqu’au jour où Victoria découvre qu’elle est enceinte. Elle cesse de voir Thomas et se débrouille pour élever seule sa petite Mary. Elle est pourtant au courant de toutes les frasques de Thomas, qui passe d’une maîtresse noire et jolie à une autre maîtresse noire et aussi jolie.

Six ans plus tard, d’autres choses se sont passées dans la vie de Victoria. C’est alors qu’ elle pense qu’il serait préférable que Mary connaisse son père. La famille Staveney est enchantée, car Mary est une adorable petite fille , bien élevée et plutôt claire de peau. Ils la voient de plus en plus souvent et Victoria accepte ce sacrifice pour que sa fille ait une meilleure éducation. Le grand-père, qui est particulièrement fou de Mary, veut la mettre dans les meilleures écoles.
C’est une douleur terrible pour Victoria de se rendre compte tous les jours qu’une simple nuance de peau peut décider de l’avenir de tous les non-blancs
.
On retrouve dans ce roman les thèmes qui sont chers à Doris Lessing : le racisme, l’inégalité, l’hypocrisie.
L’histoire est très touchante, mais certains risquent de la trouver un peu stéréotypée.
L’ écriture de Doris Lessing est très lissée, précise et même concise.
Ce livre se lit avec beaucoup de plaisir.
Ce roman ne restera pas parmi ses meilleurs ouvrages, mais ce récit est dans la droite ligne de ce qu’elle a voulu plaider toute sa vie.

T.O. Victoria and the Staveneys (2008)
Intéressant mais... 4 étoiles

Premier livre que je lis de cette auteure, et coup de coeur de la bibliothécaire...
L'histoire, très bien résumée par Aria, si elle n'a pas le mérite d'une très grande originalité, n'en reste pas moins intéressante.
Victoria, avec son petit côté Cosette ou Rémi (Sans famille), nous est sympathique.
Mais voilà, tout ceci est raconté avec une telle platitude, une telle linéarité, une telle absence d'émotion que cela ressemble à de l'indifférence. Je comprends que ce choix (?) nous fasse ressentir la fatalité du destin de l'héroïne, mais j'ai eu, moi, un sentiment d'ennui et de distance.
Dommage...

Marvic - Normandie - 66 ans - 26 juin 2011


La cohabitation des Noirs et des Blancs racontée aux enfants 3 étoiles

Après « Les grand-mères », voici ma seconde et dernière expérience d’une lecture de Doris Lessing avec ce si décevant nouvel opus très peu digne d’une Nobel de la littérature.

Grande superficialité de l’analyse, survol bâclé d’une longue tranche de vie, et nombreux lieux communs (tels que « il faut de tout pour faire un monde ») nous tenteraient de faire commencer ce roman-récit par « Il était une fois ».

Le lecteur semble en effet infantilisé, quand l’auteure s’attache à lui faire découvrir, telles que ressenties par sa petite héroïne, une fillette noire de 7 ans, les hélas évidentes disparités de fortune et de destins, affectant les communautés noire et blanche de Londres.

Lorsque le hasard amène une enfant de couleur, orpheline de surcroît, à découvrir une heureuse famille de la bourgeoisie blanche, l’on peut s’interroger sur ce qui triomphera à l’issue de l’histoire : les bons sentiments ou le ressentiment ?

En résumé, Doris Lessing nous fait le récit d’une petite Victoria (déjà très mûre pour ses 7 ans) entretemps devenue, en 150 pages, une femme de 30 ans, deux fois maman et donc deux fois responsable pour, à son tour, favoriser un certain chemin pour ses enfants, entre communautarisme et multiculturalisme …

Une qualité à cet ouvrage : il reste heureusement très court.

Ori - Kraainem - 88 ans - 21 juin 2011