Fou civil de Eugène Savitzkaya
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
Moyenne des notes : (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : (2 767ème position).
Visites : 4 735 (depuis Novembre 2007)
La transformation des astres radieux en confiture
Belle notion que ce fou civil, formé de deux termes antagonistes constituant un oxymore . « Le fou civil est un fou qui s’occupe de choses civiles. Il marche dans la rue et il dort dans un lit, mais il lui arrive de faire tout le contraire. (.) Et comme tous les fous, il a au moins un double : le merle bègue. »
Nous le suivons au gré de ses rencontres, dans les lieux qui lui servent provisoirement de nid ( Bruxelles et la bonne ville de Liège), dans ses préparations culinaires, dans son goût pour les oranges , le thé vert ou sa familiarité avec les insectes.
« L'orange est au coeur de l’hiver le seul soleil
et les cynorhodons sont ses gouttes de sang. »
Une phrase, deux alexandrins. C'est dire si l'écriture de Savitzkaya, en travaillant le matériau du quotidien avec des pincettes, mêle subtilement prose et poésie. Deux grands moments qui font voisiner le banal avec le cosmique, le très proche avec le lointain: la préparation de la confiture d’oranges ou "la transformation des astres radieux en confiture" et l'inventaire des poches de son paletot anthracite qui met en communication avec l'inconnu, la profondeur insondable, les antipodes.
« Il y a d'autres réalités tangibles que celles contre lesquelles le regard rebondit ». Mais si le narrateur ose des comparaisons très crues (« La poche d'un paletot conduit à l’autre face de la terre, de la même façon qu’un souterrain, une grotte ou un vagin »), si on comprend qu’il vit seul séparé de sa compagne et n'héberge ses enfants qu’à des périodes déterminées, il ne fait jamais étalage de ses problèmes familiaux ni de l'état de ses sentiments.
Déjà vieux prodige des lettres belges, émigré éditorialement à Paris chez Minuit à la fin des années 70 dont il va occuper la place jusqu'à l'arrivée des Echenoz,
Toussaint, Oster, Gailly, Chevillard, ami strict de Hervé Guibert, il est devenu une figure mythique, presque un sage à 47 ans, dont on boit les paroles et dont on attend les livres.
La quatrième de couverture nous apporte une ultime précision.
« On ne naît pas fou civil. On le devient, peu à peu, graduellement. Un jour, après un certain temps de loyaux services, un grade supérieur échoit au fou natif et il se met à siffler. »
Un livre, ainsi qu’une maison d'édition (les Flohic éditeurs), à découvrir !
Les éditions
-
Fou civil [Texte imprimé] Eugène Savitzkaya
de Savitzkaya, Eugène
Flohic / Les Passeurs couleur encre.
ISBN : 9782842340766 ; 8,97 € ; 01/01/1999 ; 132 p. ; Broché -
Fou civil [Texte imprimé] Eugène Savitzkaya
de Savitzkaya, Eugène
Argol / Locus solus (Paris)
ISBN : 9782915978995 ; 18,00 € ; 20/03/2014 ; 128 p. ; Relié
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (4)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Saisissant !
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 13 mars 2002
Révolte, rage et vocifération.
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 12 mars 2002
Je vous rejoins ...
Critique de Patman (Paris, Inscrit le 5 septembre 2001, 62 ans) - 25 février 2002
Enfin Savitzkaïa
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 17 février 2002
Forums: Fou civil
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Fou civil".