La moitié de l'homme, c'est la femme
de Xianliang Zhang

critiqué par Saule, le 18 août 2010
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Révolution culturelle et amour de la femme
L'auteur est un intellectuel Chinois. Au gré des changements erratiques de ligne du parti, il fut envoyé dans un camps de rééducation par le travail avant d'être réhabilité. Ce récit est, semble-t-il, autobiographique.

Le narrateur se trouve au début dans une grande exploitation agricole, il travaille dans des champs de rizières, condamné à une peine de ré-éducation par le travail suite au mouvement des droitiers. Plus tard, victime de la révolution culturelle, il sera envoyé dans la montagne proche de la Mongolie, pour y travailler comme ouvrier agricole. Dans ce petit village, le narrateur retrouvera une jeune femme qu'il avait croisée dans un camps de rééducation des années auparavant, et sur laquelle il avait fantasmé. Ils tomberont amoureux.

A travers le récit, on a un aperçu de l'étrangeté (l'absurdité ?) de la répression politique en Chine : dénonciations, lettres d'excuses, obligation de faire des "citations", réhabilitations,.. tout cela semble n'avoir ni queue ni tête. Les intellectuels sont condamnés au travail manuel, même si leurs idées sont orthodoxes d'un point de vue marxiste. On est traité de contre-révolutionnaire sans s'en rendre compte ! Mais le narrateur ne se plaint pas, et d'ailleurs les conditions dans les camps de ré-éducations sont plutôt bonnes. Les ouvriers prennent la situation avec philosophie, et leur métier très à coeur : l'amour du travail bien fait est plus fort.

En même temps qu'une description des aberrations du régime politique, le livre est une réflexion sur l'amour de l'homme pour la femme, du pouvoir castrateur du fantasme, de la nécessité pour l'homme de se réaliser à travers l'amour de la femme (qui rend l'homme "puissant") mais aussi de se libérer de l'emprise de la femme, afin de continuer l'action politique.

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui m'a donné un autre point de vue sur la Chine, sur la répression politique, sur le caractère simple et jovial des paysans amoureux de la terre. C'est aussi une réflexion intéressante sur la relation de l'homme avec la femme. Une citation, qui termine le livre :
«Ah ce qu'on peut aimer de mieux en ce monde, ce sont les femmes. Mais il y a bien plus important que les femmes. Les femmes ne posséderont jamais les hommes qu'elles créent»
La moitié de l'homme, c'est la femme 8 étoiles

Ce roman de Xianliang Zhang explique très bien ce qu'était la Chine durant la seconde moitié du XXe siècle. Malheureusement, plusieurs Chinois ont souffert durant la fameuse révolution culturelle, souvent pour aucune raison véritable.

L'auteur utilise son personnage principal pour illustrer ce qui lui est arrivé durant cette sombre période de son pays. Il a subi 20 ans de rééducation pour finir comme simple ouvrier agricole. Il raconte aussi l'histoire du mariage voué à l'échec à cause de l'incompatibilité des deux protagonistes.

C'est un très bon roman chinois mais dans le même genre, j'ai une préférence pour Les Cygnes Sauvages de Jung Chang.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 9 novembre 2012