Le pousse-pousse de Lao She
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L'univers des tireurs de pousse
L'univers des tireurs de pousse
Dans le Pékin des années 1920-1930, Siang-tse le Chameau rêve de devenir un tireur de pousse de première catégorie. Fraîchement débarqué de sa campagne, il croit qu'à force d'efforts, en ne comptant que sur lui-même, il réussira à se tailler une place au soleil. Pour y arriver, il rêve de posséder son propre pousse (2 ans de travail). La vie se charge rapidement de lui rappeler son humble condition : aussitôt qu’un semblant de réussite pointe à l'horizon, survient un événement malheureux ou une malchance ou un exploiteur qui le ramènent à la case de départ. On le vole, on l'embrigade, on le trompe. Courant (Hé oui, personne ne le surpasse!) de désillusions en désastres, il perd peu à peu ses principes, ses idéaux et, cela va de soi, sa santé. Plus encore, il décide de changer, de s'acoquiner avec les forts, de frapper les plus faibles que soi. Et même cela ne lui réussit guère, car telle n'est pas sa vraie nature.
Il est toujours intéressant de pénétrer un milieu étranger. Lao She décrit un métier sans doute en partie révolu (aujourd'hui, ce sont les cyclo-pousses), celui des tireurs de pousse. A travers la vie de Siang-tse, on découvre le Pékin des bas-fonds, on entre dans une confrérie, qui a certes ses propres codes d’honneur, mais qui n’en demeure pas moins une confrérie de la misère humaine. La plupart des tireurs, trop pauvres pour posséder leur propre pousse, doivent le louer. Au mieux, pour dix heures de course par jour, ils vont gagner leur pitance quotidienne et, parfois un peu plus, s’ils sont sages. Même entre eux, ils font trop souvent preuve de mesquineries alors que la solidarité serait si nécessaire pour obtenir quelques gains sociaux.
Il est beaucoup question d’argent dans ce roman. Siangt-tse doit économiser pour acquérir son propre pousse-pousse alors que ses gains ne lui assurent, plus souvent qu'autrement, que son bol de riz quotidien. Malgré ce qu'on en dit dans la préface, l’auteur développe une thèse : « Il est impossible de s'en sortir tout seul! », thèse qui vaudra à Lao She une reconnaissance officielle de la Chine communiste. C’est un roman naturaliste comme on en écrivait en Europe à la fin du 19e siècle : il décrit les gens au bas de l’échelle sociale, une échelle sans barreaux.
Traduit du chinois par François Cheng et Anne Cheng
Les éditions
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Le pousse-pousse [Texte imprimé], roman Lao She trad. du chinois par François Cheng et Anne Cheng
de Lao She, Cheng, François (Traducteur) Cheng, Anne (Traducteur)
Editions Philippe Picquier / Picquier poche (Arles).
ISBN : 9782877302111 ; 8,00 € ; 19/05/1998 ; 231 p. ; Poche -
Le pousse-pousse
de Lao She,
le Livre de poche
ISBN : 9782253056218 ; 1,77 € ; 01/03/1997 ; 252 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (4)
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Du sourire à la tristesse...
Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 11 octobre 2011
Rétrospectivement, toute l'histoire de Siang-tsé illustre cette thèse. Individu isolé, tout en bas de l'échelle sociale, malgré son immense courage et sa non moindre motivation, il n'aura aucune chance de s'en sortir dans cette société hiérarchisée, injuste et cruelle.
Pourtant, point n'était besoin de ce propos sous-jacent pour conférer au roman sa force et sa valeur. Le premier traducteur américain l'avait bien compris qui n'avait pas hésité à substituer un happy end à la fin authentique du livre! (ils se croient tout permis ces américains!)
On ne peut en effet que saluer le talent de Lao She-considéré comme l'un des écrivains majeurs de la littérature chinoise du XXe siècle. Le récit, prenant, plein de vie, sans longueurs, tout en ne négligeant pas le détail utile, met en scène un personnage simple, un peu naïf, mais quelqu'un de droit pour lequel, à l'instar de son créateur, on éprouve de la sympathie, voire de la tendresse. L'écriture se fait d'abord légère, on sourit parfois devant ses comportements ou des situations -pourtant pas vraiment drôles-dans lesquelles se fourre notre "héros".
Puis peu à peu, le sourire disparaît sous le poids des malheurs qui accablent sa pauvre existence.
Et l'on referme le livre le coeur bien lourd.
On ne t'oubliera pas Siang-tsé...
Pauvre Siang-tse
Critique de Listelle (Bordeaux, Inscrite le 25 juillet 2010, 38 ans) - 18 août 2010
Mais, rien ne va se passer comme il l'avait prévu !
Ce roman nous plonge dans la dure vie des petits gens du Pékin des années 1920, un vrai régal !!
Né pour un bol de riz...
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 10 juillet 2008
J’ai trouvé que ce livre baignait dans une atmosphère de drame et de désespoir dont est souvent faite malheureusement la vie de ces gens qui comme Siang-tse, démarre dans le vie avec presque rien et doivent lutter chaque jour afin de pouvoir manger leur bol de riz quotidien qui les empêchera de mourir de faim. Autour de notre héros gravitent de nombreux personnages, les uns hostiles mais d’autres désireux d’aider Siang-tse à se sortir de sa misérable condition : Tigresse qui deviendra son épouse dominatrice, Petite Fou-tse devenue prostituée afin d’aider sa famille et qui trouvera elle-même le chemin de sa libération, Quatrième Seigneur le patron exploiteur, Monsieur Hia qui engage Siang-tse comme tireur privé pour sa concubine et combien d’autres qui traversent la vie du jeune homme pour le meilleur et souvent pour le pire.
Par le biais de ce personnage, Lao She nous entraîne dans le Pékin des années vingt et trente et nous dépeint les dures conditions de vie des pauvres gens qui gagnent leur pitance en exerçant de petits métiers exigeants et bien peu rémunérateurs. Notre héros ira de désillusions en désillusions. Son ambition et son enthousiasme s’émousseront face aux dures épreuves que la vie lui réserve. En effet, comme par un mauvais sort, tout ce qu’entreprend Siang-tse est voué à l’échec. Il s’enfonce tranquillement mais sûrement dans la déchéance et la misère malgré sa lutte acharnée pour arriver à se faire une place au soleil.
Un livre qui m’a beaucoup appris sur les conditions de vie des tireurs de pousse du Pékin de l’époque car Lao She crée des personnages imaginaires mais les place dans un contexte proche de la réalité ce qui fait tout l’intérêt de lire ce grand écrivain chinois dont le talent ne cesse de m’étonner.
« Il décida de reprendre son ancienne profession. Avec l’argent qui lui restait, il acheta un pousse. Cet homme si minable lors de ses beuveries, avait un souci d’élégance, tant qu’il était lucide. Nanti d’un costume neuf et d’un pousse non moins neuf, il se considérait comme un tireur de la classe supérieure. Il ne buvait que du thé de luxe et ne tirait que des clients élégants. Il pouvait rester longtemps dans des stations de pousse à bavarder, sans s’occuper de chercher des clients. On le voyait partout, vêtu d’une veste et d’un pantalon blancs, d’une propreté irréprochable, frapper le sol de ses chaussures de toile à semelle blanche ; ou attendre souriant et les yeux modestement baissés, les admirateurs. »
Pousse-pousse pas poussif
Critique de Guermantes (Bruxelles, Inscrit le 18 mars 2005, 77 ans) - 7 avril 2005
En lisant ces pages, on songe souvent à Gorki voire au cinéma néo-réaliste italien (le voleur de bicyclette, par exemple).
Le personnage de Siang-tse qui perd peu à peu ses illusions dérisoires pour sombrer dans une triste déchéance est réellement pathétique et attachant.
Chronique d'un destin individuel dans une société en voie de décomposition, ce roman (datant de 1936) ne laisse qu'entrevoir le souffle de la révolte qui devait bientôt balayer la Chine. Mais combien sonne juste cette phrase: "Lui, le malheureux, le déchu, l'individualiste qui croyait pouvoir réussir tout seul, quand donc serait-il enterré avec cette société cruelle et pourrie qui l'avait enfanté?"
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