Un parrain de cendre
de Jean Anglade

critiqué par Rock30, le 27 août 2010
(Nimes - 61 ans)


La note:  étoiles
Bon livre qui aurait mérité d'être traité plus en profondeur...
Résumé :

En 1924, le prix Cognacq-Jay, créé par les propriétaires de la Samaritaine pour honorer des familles nombreuses, est attribué à une famille paysanne de Treignac, en Limousin, les Peyrissaguet.
L'année suivante, leur douzième enfant, une fille, a l'insigne honneur d'avoir pour parrain le président de la République, Gaston Doumergue. D'où son prénom de Gastounette. D'où de mirifiques et illusoires espérances. En 1943, Gastounette épouse un jeune auvergnat incorporé aux Chantiers de Jeunesse, qui l'emmène dans une ville où les chattes allaitent des souris, où les chiens aboient de la queue : Thiers, pays des couteaux et de la facétie.
Emouvant et drôle, ce roman conte l'humble vie quotidienne de Gastounette, filleule d'un " parrain de cendre ".

Avis :

On retrouve comme dans tous les livres de Jean Anglade ce charme désuet d'autrefois doublé d'une ruralité qui a fait sa renommée. Cet opus là est bon sauf que la fin méritait d'être traitée plus en profondeur. Compte tenu du nombre de personnages qui composent en fait la famille de Gastounette, la vie de chacun d'eux ne pouvait nous être intime, mais tout de même, j'aurais souhaité connaître leur destin final, puisque leurs vies sont évoquées en parallèle de celle de l’héroïne jusqu'à son mariage, puis disparaissent soudain pour laisser place à celles de sa belle-famille, destins tout aussi intéressants cependant. « La soupe à la fourchette » reste le meilleur roman de Anglade à mes yeux, mais je recommande celui-ci pour les inconditionnels des romans du terroir.
Un joli roman de terroir 9 étoiles

A Treignac en 1924, dans le Limousin, un couple d'agriculteurs, Clémente et Thérèse Peyrissaguet, en est à son dixième enfant quand un notable du coin les propose pour le Prix Cognacq-Jay, créé pour récompenser les familles nombreuses. Ils le remportent et touchent la coquette somme de 20 000 francs qui leur permet d'acquérir partiellement leurs terres et d'acheter une jument, une carriole et un moulin à céréales. Au douzième enfant, une petite fille, ils obtiennent le parrainage du Président de la République, Gaston Doumergue, mais cette glorieuse distinction n'apportera quasiment rien à ces paysans modestes, tout juste un diplôme, une lettre et une toute petite somme d'argent. Et pourtant, ils baptiseront leur fille « Gastounette », enverront leurs voeux au Président et feront tout leur possible pour se rappeler à son bon souvenir. Dotée de ce parrain « de cendre », la petite Gastounette, dite « Tounette » après un début aussi glorieux, n'aura qu'un destin des plus communs...
Un joli roman de terroir comme sait si bien en écrire ce bon Jean Anglade qui nous fait suivre sur plus d'un demi-siècle la vie modeste d'une petite paysanne entre les prairies du haut Limousin et les coutelleries de la ville de Thiers. Occasion d'une plongée dans le monde de l'avant guerre avec la guerre d'Espagne, le Front Populaire, la montée en puissance d'Hitler, la Seconde Guerre Mondiale avec ses privations (pas pour tout le monde) et l'après-Guerre avec le début des Trente Glorieuses, l'arrivée de l'électricité, de la radio et enfin de la télévision jusqu'au fin fond des campagnes. Courageuse, malheureuse et fidèle, Tounette est un magnifique personnage attachant et bien représentatif des gens de cette époque. Famille et belle-famille sont particulièrement bien croquées et présentées avec humanité, tendresse et un soupçon d'humour et de malice. Ecriture fluide et agréable. Un petit bijou à consommer sans modération.

CC.RIDER - - 66 ans - 6 décembre 2012