Scandale
de Shūsaku Endō

critiqué par Saule, le 17 février 2002
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
La dualité du bien et du mal
Dans Scandale, Endo explore un thème important pour lui, celui du péché et de la rédemption, de la coexistence du mal et de la bonté chez la plupart des personnes. Il parle aussi assez bien de la vieillesse, de la peur de mourir et des sentiments qui habitent un vieil homme rongé par la maladie.

Le héros du roman est un écrivain chrétien renommé (le livre semble être autobiographique) qui est parvenu a donner une cohérence à son oeuvre et à sa vie en regard de ses convictions religieuses. Alors qu'il est acclamé pour son oeuvre, il va découvrir un aspect caché de sa personnalité qui, si il devient public, risque de ruiner sa carrière. Via un voyage dans les quartiers troubles de Tokyo, le héros découvre un monde de luxure; sadisme, masochisme, .. Il rencontre des gens qui se délectent de la cruauté et du désir de souiller la pureté, à l'instar des bedeaux qui lançaient des pierres et des injures au Christ lors de sa montée du chemin de la croix. Il va se rendre compte que lui-même n'est pas à l'abri de ces pulsions, ce qui le laisse ébranlé dans ses convictions profondes.
Un livre facile à lire, amusant et intéressant par son aspect théologique et les thèmes abordés. Utile pour découvrir cet auteur, mais ce n'est pas mon préféré.
Un roman embarrassant, mais vrai ! 8 étoiles

Suguro est un écrivain de 65 ans, plutôt calme, vertueux. Il se singularise tout de même des japonais par sa religion puisqu'il est catholique. Il pense que le vice contient en lui-même son salut.
Sa vie est bouleversée par l'arrivée bruyante d'une femme qui l'interrompt durant une cérémonie qui couronne son talent d'auteur : elle est saoûle et affirme que l'écrivain fréquente des lieux peu catholiques : des peep-shows. Scandale !

Ce roman suit précisément les réflexions de cet auteur qui prend conscience progressivement de son moi. Son reflet dans le miroir ne l'éclaire plus sur ce qu'il est, ne renvoyant qu'une image fausse. Par une longue introspection, il découvre que chaque homme enferme en lui un monstre qu'il refoule, malmène, tente d'oublier, mais qui tend à ressurgir de manière incontrôlée sous une stimulation. Suguro est-il réellement descendu dans les bas-fonds des pulsions ? Est-il véritablement capable de tels désirs ? Le roman éclairera le lecteur sur ce monsieur respectable.

Kobari est un journaliste qui souhaite faire tomber le masque de l'écrivain afin de faire un scoop.

Shusaku Endo plonge dans les abysses du désir et de la sexualité, c'est sans doute ce qui est le plus troublant, étant donné que la mort ne cesse de côtoyer le plaisir ( sadomasochisme, amours adolescentes, strangulation ... ). Certains passages sont clairement embarrassants, voire malsains, mais ont le mérite de mettre l'homme face à lui-même. En même temps, ce type d'allusions sexuelles est souvent abordé dans la littérature japonaise, je pense par exemple à kawabata qui peut être aussi déstabilisant par son regard posé sur les jeunes filles. Heureusement que la poésie de ce dernier compense certaines références. Endo laisse son lecteur dans la gêne, mais permet une véritable réflexion à condition de ne pas mettre de barrière entre ce qu'il raconte et notre pudeur ...

J'ai apprécié dans ce roman les réflexions sur l'existence plus que la dissection du désir. Certains passages sont très beaux lorsque l'écrivain associe notre intérieur corporel à l'intérieur d'une maison, lorsqu'il évoque le mal être de l'homme nostalgique du ventre maternel ...

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 19 octobre 2011