La carte et le territoire
de Michel Houellebecq

critiqué par Catinus, le 14 septembre 2010
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Létal
Il existe comme ça des auteurs qui vous susurrent des trucs, des avec qui vous avez, vous semble t-il, des affinités, des accointances. Bref, le courant passe.
Il existe comme ça des romans qui vous plaisent du début à la fin, qui vous font doucement marrer, qui vous scotchent grave ( comme on disait dans le temps ). Ce fut ( déjà le passé ? ) le cas du « dernier Houellebecq « .
Il est, pourrait-on dire, plus digeste que d’autres, la pilule passe mieux, sans - une fois n’est pas coutume- trop d’extravagances, trop d’exotisme. Il nous cause de la photographie et la peinture, de l’art contemporain . Puis aussi de la littérature, de l’architecture ( en vrac, Picasso, Jean-Louis Cutis, William Morris, etc … ). Du temps qui passe, de la vieillesse. Des femmes, des enfants, des chiens, des voitures. De l’Irlande et de la France.
Ses épisodes sur l’intelligentsia télévisuelle française m’ont fait pousser quelques soupirs un rien dépités mais vous connaissez l’Homme : il aime meubler et faire de l’esbroufe. Qu’il ait ou non fait du copier-coller de certains articles de Wikipédia m’importe peu et puis, au fond, pourquoi pas en balancer dans un roman à condition que ce soit amené juste à propos et pas trop long ; ainsi vous saurez tout sur le bichon, sur Beauvais, sur les commissaires de police, … . En les lisant, je me suis surpris de m’esclaffer d’un « Ah ! La fripouille ! « .En bonus, un joli carnet d’adresses de l’Horéca parisien, véridiques ou masquées, des impressions de Paname.
Puis, il y a une vraie histoire- attends-toua ! - et même une enquête policière rapport à un meurtre- crapuleux- de qui vous savez… , Houellebecq himself.
Oui, décidemment : de l’excellent, de l’enjoué, de la drôlerie.
Je prends !


Extraits :

- De notoriété publique, Houellebecq était un solitaire à fortes tendances misanthropiques, c’est à peine s’il adressait la parole à son chien.

- Et toutes les théories de la liberté, de Gide à Sartre, ne sont que des immoralismes conçus par des célibataires irresponsables.

- ( … ) et il se rendit compte qu’il allait maintenant quitter ce monde dont il n’avait jamais véritablement fait partie, ses rapports humains déjà peu nombreux allaient un par un s’assécher et se tarir ( … )

- Il avait ensuite précisé que Houellebecq avait pour ennemis « à peu près tous les trous du cul de la place parisienne «

- Ce que je préfère, maintenant, c’est la fin du mois de décembre ; la nuit tombe à quatre heures. Alors je peux me mettre en pyjama, prendre mes somnifères et aller au lit avec une bouteille de vin et un livre. C’est comme cela que je vis, depuis des années. Le soleil se lève à neuf heures ; bon, le temps de se laver, de prendre des cafés, il est à peu près midi, il me reste quatre heures de jour à tenir, le plus souvent j’y parviens sans trop de dégâts. Mais au printemps c’est insupportable, les couchers de soleil sont interminables et magnifiques, c’est comme une espère de putain d’opéra, il y a sans cesse de nouvelles couleurs, de nouvelles lueurs, j’ai essayé une fois de rester ici tout le printemps et l’été et j’ai cru mourir, chaque soir j’étais au bord du suicide, avec cette nuit qui ne tombait jamais.
Je me suis bien amusé mais pas que 8 étoiles

Je ne vais pas faire un nouveau résumé, la critique initiale de Catinus est un modèle dans la quelle vous trouverez tout ce que vous avez besoin de savoir sur cette oeuvre.
Je dirais juste que la plupart des reproches faits à ce titre sont injustifiés, il y a à chaque page matière à réflexion et les bons mots ne manquent pas. Pour ce qui est de son irrévérence, je trouvais dans d'autres romans que cela tombait de manière forcée comme si l'auteur avait écrit son roman une première fois puis qu'il le reprenait pour y intégrer quelques méchancetés ou obscénités attendues. Au contraire ici la transgression est équilibrée et juste. Nombreux sont ceux qui ont dû réagir à la violence de l'altercation de Zurich. Moi j'ai aimé cette colère contre ceux qui se cachent contre les interdits moraux pour mépriser les autres.
Quant à savoir si ce titre méritait le Goncourt, c'est une question sans réponse. Quel Goncourt a fait unanimité? Moi même j'ai écrit que "l'Anomalie" ne l'aurait pas.... Il faut renoncer à penser que le Goncourt est forcement un chef d'oeuvre ou même le meilleur livre de l'année. Mais je n'ai aucun doute sur le fait que "la carte est le territoire" est un bon roman de Houellebecq qui mérite votre lecture.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 10 septembre 2021


Pour une fois, Michel me cloue le (Houelle)becq 10 étoiles

Bon, je n'aime pas Michel Houellebecq. Pas le mec en lui-même (encore que son côté "petite hyène misanthrope prise entre deux verres de whisky" et ses déclarations à la con sur divers sujets polémiques, déclarations vraiment pas intelligentes, me révulsent le poil),, mais son style, ses romans.
Je les ai tous lu. Ou presque (pas lu "Sérotonine"). Je parle des romans, car ses recueils de poésie, ses essais, je m'en tapote la touche étoile contre un pare-brise réparé par C*rglass.
Quand il a reçu le Goncourt en 2010 pour ce roman, je me suis dit "bon, ben maintenant, on n'en parlera plus, du Michou ; quoi qu'il en dise, le Goncourt, ça y est, il l'a, et il ne pourra plus l'avoir, et comme on dit, la malédiction du Goncourt" (on lit le roman primé, on ignore les suivants, parce qu'ils ne l'auront, eux, jamais)...
J'avais positivement détesté "Plateforme", roman cherchant la provoc' par une pornographie malsaine. "La Possibilité d'une île", et son message presque proto-raëlien, non merci.
J'ai cependant, quand même, mais avec un temps de retard (entre temps, j'ai lu "Soumission", son suivant, histoire de ne pas mourir idiot et parce que le personnage du roman aime Huysmans, et moi, Huysmans, j'adore, donc rien que pour ça, je voulais tenter le coup Houellebecq encore une fois.. ce fut raté), lu "La Carte et le territoire".
J'ai aimé. Non, adoré. Un roman totalement farfelu qui passe de la description de la vie d'un artiste photographe et peintre à une enquête policière sur un meurtre absolument gore, en passant par de la métafiction dans laquelle l'artiste, Jed Martin, rencontre un certain Michel Houellebecq.
L'auteur s'est, on s'en doute, amusé à se mettre en scène, sans chercher à gommer ses défauts (alcool, dépression chronique, bordélique, pas soigneux...). Les chapitres le mettant en scène sont souvent très drôles. Il met aussi en scène Beigbeder, Jean-Pierre Pernaut (on en avait pas mal parlé à la sortie du livre, je me souviens), il propose aussi, souvent, de longs paragraphes ou segments de chapitres sur des sujets aussi divers et variés que la race des bichons, Beauvais, les mouches à merde, J-P Pernaut, les cartes Michelin... Des copié/collé de fiches Wikipedia en plus romancé, ça sera tellement reproché à Houellebecq qu'il rajoutera un paragraphe de remerciements dans l'édition poche du livre.
J'ai tellement aimé lire ce livre assez bizarre (et un peu bancal quand même) que, pour la forme, et parce que pour une fois Houellebecq a réussi à me convaincre, hé bien je donne 5 étoiles. Je sais que ça ne les vaut pas en fait (plus 4 étoiles) mais j'y peux rien si je suis comme ça.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 15 juillet 2021


Désenchantement 7 étoiles

La Carte et le Territoire est bien écrit, indubitablement. Michel H reste un artiste dans son style. Il nous emmène dans des univers peu connus du commun des mortels. Cette fois, Michel H. nous fait entrer dans le monde de l'art contemporain, du point de vue du créateur, dont il fait l'anti-héros de son livre.
Comme à son habitude, Michel H déploie un feu d'artifice de tristesse, de lassitude, de léthargie, de solitude, ... etc. ... On le connait bien pour tout ce pan de sa littérature. Mais cette fois, j'ai trouvé qu'il manquait le pendant cynique et impertinent de ses premières œuvres.
Le fait qu'il se mette en scène dans son propre livre ne parvient pas à apporter le ressort drolatique que j'attendais dans cet océan sinistre.
Non cette fois, Michel H m'a tué ! je suis resté hébété de mélancolie.
Désenchanté.

Lejak - Metz - 50 ans - 26 mai 2017


Houellebecq phase 2 6 étoiles

"La carte et le territoire" est particulier dans l'oeuvre de Houellebecq. D'abord parce que c'est le roman qui lui a enfin valu un Goncourt, ensuite parce que l'auteur lui-même y trouve la mort. À l'époque de sa publication, on parlait de l'une ou l'autre de ces choses, sans trop s'attarder au texte lui-même. À tous les coups, Houellebecq porte ombrage à sa création.

Il est évident à la lecture de LCELT qu'il ne méritait pas les honneurs d'un Goncourt. Mais l'Académie ayant boudé son roman précédent, "La possibilité d'une île", qui était pourtant pressenti comme grand gagnant, il était naturel de remettre à Houellebecq ce qui lui revenait presque de droit.

Les meilleures scènes du roman sont celles où le protagoniste Jed Martin rend visite à Michel Houellebecq lui-même. Ces hilarants passages d'auto-dérision présentent l'écrivain comme un homme solitaire, dépressif et misérable, vivant au milieu de ses boîtes de déménagement dans des demeures beaucoup trop grandes. À ce qu'on dit, pas tellement loin du véritable écrivain.

Pas grand-chose à dire sur le récit, ni sur son héros Jed, personnage houellebecquien typique qui semble avoir tout cuit dans le bec et qui fait quand même la mine basse entre deux top modèles dans son luxueux appartement. L'enquête policière sur la mort violente de Houellebecq, greffée à la fin du roman comme pour en étirer la durée, jure avec le reste de l'histoire et ne se distingue ni positivement, ni négativement.

C'est là le leitmotiv de ce roman: pas mauvais, mais pas tellement bon non plus. Juste moyen. On le lit facilement mais il nous laisse indifférent. On a l'impression que l'écrivain se cherche un propos, qu'il écrit juste pour écrire, sans la puissance qui le caractérise d'habitude. Il vaut mieux relire ses quatre premiers livres.

ARL - Montréal - 39 ans - 2 mai 2015


L'art dans tous ses états 7 étoiles

Dans ce roman vainqueur du prix Goncourt 2010, il n’y a pas une seule histoire mais bien plusieurs. Jed Martin, le personnage principal, est un artiste hors du commun. D’abord photographe de cartes Michelin, il devient ensuite peintre de personnalités en plein exercice de leur métier et atteint une renommée internationale. Ses œuvres s’arrachent à des millions d’euros et pourtant… L’argent ne fait pas le bonheur. Ses relations amoureuses quasi inexistantes, ses rapports avec son père qu’il ne voit que la veille de Noël, la solitude, la vie en général font qu’il n’est pas heureux.
Houellebecq lui-même est un personnage du roman. Il aborde des thèmes universels comme l’argent, l’amour, le travail, la mort, les désillusions de la vie. Une écriture toujours aussi agréable à lire qui vous plonge dans un univers surprenant, et une fin bien inattendue à la manière d’un polar. Un roman original qui ne vous laisse pas une seule minute de répit !

Psychééé - - 36 ans - 19 février 2015


Juste et drôle 7 étoiles

Il est assez difficile de faire une critique de la carte et le territoire: Sans être un chef-d'oeuvre, c'est un roman au minimum intéressant.
Tout d'abord le style de Houellebecq (H) demeure une valeur sûre. Sans fioritures mais avec assez de particularités pour faire de cette lecture un agréable moment. A l'heure de la syntaxe approximative et du vocabulaire réduit de la production "littéraire" contemporaine, cette qualité plaira donc au lecteur exigeant un tant soit peu d'ampleur stylistique...
Second point, le livre est parcouru de moments très drôles. On rit jaune, certes, mais la manière qu'a H de réduire notre société post-moderne à ses aspects les plus ridicules est désopilante. On retrouve un peu de Murray je trouve dans cette entreprise de démolition de la consommation à outrance, des moeurs libérées, sans morale. Ou peut-être est-ce ma lecture qui est biaisée...

Il y a cependant beaucoup de moments pénibles, assez longs, que j'avais déjà regrettés dans les particules élémentaires. Le rythme ralentit, les considérations divagantes et les détails n'apportent rien au récit et le livre perd ainsi sa raison d'être, celle d'être une sorte de roman-pamphlet, détruisant les icônes de notre temps: l'argent, le paraître, les WE dans les hôtels de charme, les aires d'autoroutes.

Pour conclure, un très bon moment à la lecture de ce livre qui aurait gagné à être raccourci d'un tiers pour préserver sa force.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 25 septembre 2014


Magnifique portrait d'artiste 9 étoiles

Super (auto)-portrait d'un artiste ancré dans son époque, aux prises avec les absurdités de l'existence et le délitement du réel. Le style de Houellebecq atteint à la perfection.

Jan - - 47 ans - 16 juillet 2014


Loin du talent de J. Vermeer 3 étoiles

En lisant le titre du roman "La carte et le territoire", comment ne pas penser au sublime tableau du peintre hollandais ?
Mais la géographie ici n'apparait vraiment que sur fond de cartes routières. En faire un support artistique, pourquoi pas ? Se servir de l'empreinte territoriale comme marqueur de l'identité, pourquoi pas ? Mais alors autant aller jusqu'au bout des intrigues. Car ce qui est le plus irritant, c'est de se lancer (lentement) dans les histoires proposées par Houellebecq, et d'être déçu par le dénouement de chacune, quand il en y a un ! Finalement, on reste sur sa faim à chaque épreuve affrontée par le protagoniste.

De surcroit, l'idée de se mettre lui-même "en scène" est particulièrement décevante, voire inutile. Je n'ose imaginer que c'est cela qui a fait monter la cote du livre au point de lui offrir le Goncourt...

Callisthene - Cagnes/mer - 37 ans - 14 juin 2014


Superbe ! 9 étoiles

Une réflexion auto-parodique, absurde , burlesque et réaliste sur l'existence et la place de l'être humain dans le monde en général.

De nombreux thèmes chers à l'auteur sont abordés avec brio : l'Art, le rapport au père, la société de consommation, l'argent, la vie et la mort.

Un livre très bien construit, une histoire originale et surprenante contée à l'aide d'une plume acide et cristalline.

Un roman qui marque et qui, à mon avis, est le plus ambitieux et le plus réussi de cet écrivain que j'aime tant.

Marsup - - 48 ans - 11 mars 2014


Roman marquant du début de ce sciècle 10 étoiles

Ayant eu écho de la réputation controversée de l’auteur, je me suis attelé à la lecture d’un de ses derniers romans, jugé par certains comme un accomplissement, par d’autres comme une ineptie.

Je peux comprendre qu’on ne puisse pas avoir pu apprécier un tel ouvrage, mais le démolir complètement en ne lui attribuant qu’une demi étoile m’apparaît injuste, voire intellectuellement malhonnête.

Certains n’ont pas compris qu’on ne juge pas un livre en fonction de la personnalité de son auteur, sur base de son contenu mais bien uniquement sur sa valeur littéraire. C’est un peu comme si on attribuait cinq étoiles à l’autobiographie de Justine Henin, simplement parce qu’on était fan de la championne olympique de tennis et qu’on lui attribuerait toutes les récompenses possibles, y compris en la classant automatiquement favorite au prix Nobel de littérature.

Où va-t-on ? Est-ce que tout le monde a bien compris le but du jeu ? Ici je constate que les critiques négatives sont essentiellement liées à l’incompréhension totale de cet ouvrage voire au rejet de l’auteur qui certes n’est sûrement pas un futur candidat à une béatification, mais qui doit ici être jugé sur son œuvre et sur rien d'autre.

Il nous livre ici une œuvre marquante, remarquable et passionnante. S’il peut agacer par ces descriptions semées tout au long du roman, celles-ci peuvent sembler inutiles ou dérisoires, pour moi, elles sont clairement à comprendre au second degré et ne sont pas du pur remplissage mais de subtiles critiques sociétales qui m’ont fait souvent rire.

Ce n’est apparemment pas donné à tout le monde de percevoir la dérision et la capacité de l’auteur de se moquer de lui-même ou d’une série de comportements de nos contemporains. Moi c’est un genre d’humour que j’apprécie et qui est tout à l’honneur de celui qui en use.

Quoi qu’il en soit, ce livre colle littéralement dans les mains et est à plusieurs égards fascinant. Une telle attractivité est révélatrice d’un grand talent. Oui, j’ose le dire, je classerai volontiers ce roman parmi les lectures indispensables.

J’admets peut-être que dans vingt ou trente ans, le récit aura probablement un peu vieilli dès lors qu’il évoque occasionnellement des personnalités du paysage audiovisuel qui seront bientôt oubliées, mais il ne s’agit que de détails qui n’ont d’ailleurs pas non plus gêné mon épouse qui est peu au fait de la culture télévisuelle française et sans doute une raison de plus pour le lire d’urgence.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 3 février 2014


Se laisse lire... 5 étoiles

Ma critique va être courte, honnêtement je n'ai pas grand chose à dire sur ce livre, il se laisse lire, n'est pas désagréable, mais pas non plus emballant.
Voilà, un livre moyen, avec quelques réflexions intéressantes par moments.
Je dois dire que j'ai tout de même été déçu dans l'ensemble, le sujet, l'art, l'artiste, son travail sur les cartes (moi qui suis géographe de formation), son auteur contesté, je me suis dit que j'allais passer un bon moment, mais le récit ne décolle jamais, quoiqu'un peu avec la partie policière qui arrive tout de même tardivement dans la trame narrative.
Dommage il y avait matière à faire mieux...
Et pour le Goncourt, mystère... L'année 2010 devait être pauvre en titres pour accorder ce prix à un roman si quelconque.

Sundernono - Nice - 41 ans - 25 avril 2013


Houellebeurk 1 étoiles

160 pages, j'ai tenu 160 pages !!!! De guerre lasse, j'ai abandonné face à la logorrhée houellebecquienne. Suis-je con
ou est-ce abscons ? Difficile à dire, épuisant à lire. Quel ennui que ces divagations sur Jed Martin et son art, ses amours,
sa volonté affichée de voir Houellebecq rédiger la préface de son catalogue... J'étais arrivé tant bien que mal à terminer
"les particules élémentaires", divagation croisée sur la recherche scientifique et les boites à partouze... Là, même pas de
sexe (en tout cas pas dans les 160 premières pages) pour retenir l'obsédé qui sommeille en nous...
Le Goncourt pour ça, c'est un mystère. Pas plus idiot, vous me direz, que de l'avoir donné à "Trois jours chez ma mère" de
Weyergans (là, par contre, y'avait plein de cul - du cul inutile, vantard, mais du cul quand même), mais pas vraiment de quoi
redorer le blason de ce prix.

Herve2 - - 54 ans - 20 mars 2013


Incursion de la fiction dans un réel possible 6 étoiles

Ce livre est découpé en 3 parties et un épilogue qui retracent la vie d’un artiste solitaire et les phases de son œuvre. On voit sa quête intérieure qu’il ne peut expliquer, l’aboutissement que constituent ses expositions, son étonnement face à l’importance financière que lui accordent ceux qui lui achètent ses photos ou tableaux. Une fois qu’il a maitrisé une technique et s’y est exprimé, il en change, refusant toute commande et disparaissant du paysage médiatique pour se consacrer à la nouvelle source d’expression qui l’attire. C’est cette représentation à la fois prosaïque et inspirée de l’acte créatif de différents artistes qui est très intéressante.

La vie sentimentale atone de la plupart des protagonistes qui apprécient la solitude et sont hantés par leur intériorité (ou leur soif de succès pour ceux qui appartiennent aux médias), apparaît en filigrane.

Le roman fait intervenir des personnages réels tels que l’auteur qui lui écrit un catalogue et d’autres appartenant au paysage culturel parisien. Il leur prête aussi un futur puisque la fin du livre se passe après 2020.

Des passages didactiques, parfois un peu lourds, sont abondants sur des sujets aussi divers que les cartes routières, les attachés de presse, les grades dans la police, les insectes, les associations d’euthanasie, ...

IF-1112-3979

Isad - - - ans - 10 novembre 2012


L'art contemporain et les médias selon Houellebeck 6 étoiles

Ayant déjà lu et apprécié quelque peu Michel Houellebeck ( Plateforme, Les particules élémentaires ), je me suis dit qu’il fallait que je découvre son livre qui lui a permis d’obtenir le fameux Goncourt. Rajoutons aussi que je suis tombée dessus en ebook un peu par hasard ; ce ne serait pas un livre que j’aurai acheté ou recherché partout compte tenu des critiques souvent acerbes à son égard.
Bien évidemment, on reconnaît complètement le style de Houellebeck dans ce roman : personnages déprimés et antipathiques, sujets incongrus (l’art contemporain principalement), intrigue feignante voire inexistante, société décriée de toute part, dérision et humour noir… Quelle est finalement la différence avec ses autres livres, à par le thème abordé ? Peut-être cite-t-il plus ici des noms de personnalités française (présentateurs télé, politiques…) et fait donc un constat moins hypocrite ?
Le succès de Houellebeck pourra sans doute laisser beaucoup de lecteurs dubitatifs. Il faudrait sans doute plus qualifier ses écrits de chroniques plutôt que de roman, au risque de faire de la publicité mensongère. En les considérant comme tels, ils gagnent en valeur.

Elya - Savoie - 34 ans - 20 août 2012


Parodie de notre temps 8 étoiles

Je me suis beaucoup amusé avec ce roman qui en fait n’en n’est pas un. La trame du récit est un simple élément de structure afin de nous faire part d’observations - plus souvent qu’autrement cyniques – sur notre société moderne.

Houellebecq se moque de la commercialisation de l’art, de l’oeil des médias et de lui-même. Le tout avec beaucoup de style et de cinglant.

La dernière phrase dit tout. Inutile de s’offusquer.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 16 juillet 2012


Où l'on découvre à la fin que la carte n'est finalement pas plus intéressante que le territoire 6 étoiles

Jed Martin est un artiste français qui, sans réel but ou ambition, se laisse porter par la vie, un peu comme un bouchon sur l’eau. Jed n’a pas réellement besoin de contact social et on imagine qu’il n’est là que pour observer et parfois restituer ce qu’il voit, par la photographie, la peinture puis par la vidéo. Aux alentours de la quarantaine, le succès – phénoménal - lui tombe dessus d’un seul coup sans qu’il ne s’y attende, au moment où son père commence à décliner. Voilà la trame de ce roman qui livre parfois de très justes et trop courtes descriptions de notre monde occidental, perdues au milieu d’une histoire sans grand intérêt.

Etant donné que je n’arrive pas à ordonner ma critique sous une forme fluide, je restitue ici mes principales impressions de façon brute :

- Houellebecq décrit assez finement la fin d’une hégémonie capitaliste européenne, où nos pays se transforment en d’espèces de parcs d’attractions géants pour riches étrangers avides de terroirs exotiques.

- La pauvreté des rapports père-fils est ici dépeinte de façon brute et résignée, sans l'utilisation des sempiternelles pleurnicheries sur l’incommunicabilité intergénérationnelle dont trop d’auteurs ont fait leur fonds de commerce.

- Comme dans "Les particules élémentaires" et dans "Plateformes", Houellebecq ne nous épargne pas ici la bonne vieille scène gore regorgeant de moult détails, un peu comme on retrouve presque toujours l’indispensable scène de cul des films français d’un certain genre. Ce passage m’a déçu car jusque là dans le récit, je trouvais que Houellebecq ne faisait pas son Houellebecq.

- Les œuvres de Jed Martin telles que décrites dans ce livre me sont apparues comme les versions modernes du tableau au crochet représentant la biche qui s’abreuve au pied de la cascade dans la clairière ombragée ; une sorte de mauvais goût un peu banal qui, en réalité, apitoie plus qu’il ne dérange. Certains lecteurs pourront être renforcés dans l’idée qu’ils se font du marché de l’art actuel, à savoir de l’escroquerie de haut vol dans bien des cas.

- Dans un style sans effets de style, Houellebecq écrit donc la vie d’aujourd’hui avec des mots d’aujourd’hui mais en respectant les conventions d’écriture romanesques classiques, si tant est qu’il en existe. Autrement dit, je suis assez d'accord avec la mention de quatrième de couverture de la version Poche qui indique : « Roman résolument classique et ouvertement moderne. »

En définitive, la seule interrogation qu’il me reste après avoir lu ce livre est "qu’est-ce qui a bien pu motiver le jury du Goncourt à décerner son prix à ce roman ?"


Extrait :
« Il avait pu se rendre compte alors de ce que c'est, exactement, qu'un avocat, il avait pu apprécier à sa juste mesure ce mélange de fourberie et de paresse à quoi se résume le comportement professionnel d'un avocat, et tout particulièrement d'un avocat spécialisé dans le domaine des divorces. La procédure avait duré plus de deux ans, deux années d'une lutte incessante à l'issue de laquelle ses parents éprouvaient l'un pour l'autre une haine si violente qu'ils ne devaient plus jamais se revoir ni même se téléphoner jusqu'au jour de leur mort, et tout cela pour aboutir à une convention de divorce d'une banalité écoeurante, que n'importe quel crétin aurait pu rédiger en un quart d'heure après une lecture du Divorce pour les nuls. »

PS : je suis tout à fait d'accord avec ce qu'écrivait Hexagone plus bas ; Houellebecq devrait publier son journal, ou bien écrire des chroniques. C'est là qu'il révélerait, à mon avis, tout son talent.

Gnome - Paris - 53 ans - 15 juillet 2012


Prurit et paupières lourdes 3 étoiles

Arrivé à la page 197 (le roman en compte 412), au détour d’un dialogue entre le héros Jed Martin (artiste médiocre à la vie terne) et Franz son impresario – dialogue qui devait entrainer chez votre serviteur un long et inextinguible bâillement – je rendis les armes.
Pourtant le roman est estampillé « Prix Goncourt 2010 ». Pourtant la critique dans Télérama est dithyrambique. Pourtant le titre du roman, original et mystérieux, sonnait comme la promesse de découvertes merveilleuses.
L’histoire commence doucement, où il est question pendant plusieurs pages d’un chauffe-eau en panne. Jed a froid. Puis Jed peint. Jed voit avec son père. On parle un peu de tout et surtout de rien. Un appareil photo, une imprimante, manuels et modes d’emploi. En fait l’histoire n’avance pas. Mais si au moins on pouvait se raccrocher au style !
Mais là, une écriture terne, sans relief et lénifiante finit de vous assommer. Exemple p34 : « La beauté des fleurs est triste parce que les fleurs sont fragiles, et destinées à la mort, comme toute chose sur Terre bien sûr mais elles tout particulièrement, et comme les animaux leur cadavre n’est qu’une grotesque parodie de leur être vital […]. »
Bien sûr l’auteur a souvent raison quant au regard qu’il porte sur notre société : le règne de l’argent, l’égoïsme, un monde de l’art un tantinet précieux et ridicule. Mais il ne nous apprend rien.
Bref, après seulement quelques pages, un affreux prurit… puis les paupières lourdes…

Ravenbac - Reims - 59 ans - 14 juillet 2012


Terreau fertile ? 4 étoiles

Les prix Goncourt sont souvent très discutés, et celui de 2010 n'a pas fait exception. Avec La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq raconte une histoire banale, d'un artiste qui devient célèbre et riche, qui côtoie l'auteur sus-nommé dans une mise en abime troublante, et qui nous livre ses impressions sur différents évènements de sa vie et de ce qui l'entoure. Le sujet est donc vague, pas vraiment centré sur une direction précise ; on sent que Houellebecq voulait rassembler des idées, partager des opinions sur tout et sur rien, sans arriver à en faire ressortir une unité éclatante ou tout juste apparente.

Cela n'est pas forcément une mauvaise chose, en tout cas au départ et sans a priori, mais le problème est qu'à part un rejet du monde, un dégoût de l'humanité plutôt assimilable à de la lassitude qu'à un rejet haineux de tout être humain... on n'en retire pas grand chose.
La faute à une superficialité de traitement du monde artistique, que l'on ne fait qu'effleurer, que l'on n'a pas l'impression de découvrir en profondeur ; les incrustations de personnalités sans aucune valeur pour le récit telles que Jean Pierre Pernault et autres "stars" de la TV n'ont aucun apport convaincant et ce "naming" ne semble se justifier que pour mettre en exergue une volonté de recherche du lecteur de l'opinion de Houllebecq sur les dits personnalités.
Il en est de même pour la vision que l'auteur a de lui et qu'il nous présente à travers les pensées et les dialogues de Jed et de lui-même, dans un narcissisme dispensable et finalement invasif. Au fond pourquoi ne pas avoir mis un autre écrivain voire un personnage inventé pour la cause ? On ressent très vite que cela n'aurait rien changé et que le fait d'avoir incorporé l'auteur des Particules élémentaires dans ce livre est un amusement sans aucune valeur pour le lecteur.

Il faut avouer toutefois que l'on aime de temps à autre le cynisme du célèbre auteur, sa franchise hélas parfois vulgaire, son écriture sèche et limpide qui favorise une lecture sympathique et accommodante et ses personnages sans réelle originalité mais appréciables pour autant.
Dommage que l'on se retrouve avec un inspecteur bientôt à la retraite et désabusé comme trop souvent, une créature de rêve russe aux jambes fines, un artiste malheureux à la relation père/fils quasi inexistante mais qui s'améliore lors de l'approche d'un funèbre destin... des clichés agglomérés sans aucun remords qui rendront dubitatifs tout bon lecteur qui se respecte.
Les idées brassées sont quant à elles nombreuses mais l'on est très vite déçu de voir que la santé d'un animal de compagnie prend plus de pages que les considérations des personnages sur la justice et la peine de mort.

Et dans ce bouillonnement de propos jetés à l'avenant sur le papier, délayés dans une intrigue tout juste notable, relatés par des personnages sans consistances ou déjà vus, on retient quelques bonnes impressions, un sentiment que quelque chose aurait pu pousser sur ce terreau dispersé mais fertile.

Mais un terreau, fertile ou non, n'est pas ce que l'on attend d'un auteur confirmé, en tout cas pas débutant. On attend de lui une œuvre, une idée directrice qui mène quelque part et qui s'appuie sur un cadre intéressant et solide... un chef d’œuvre même si cet auteur veut prétendre à un prix littéraire. Quoi qu’apparemment l'on n'ait pas besoin de tout cela...

Ngc111 - - 38 ans - 30 juin 2012


La tarte et le territoire 3 étoiles

Il faut bien avouer que ce livre n'est pas terrible...Pas médiocre non plus, un peu d'humour, quelques belles images mais l'ennui gagne rapidement le lecteur de page en page. Première partie agréable, deuxième partie encombrante, troisième partie carrément grotesque, voire de très méchante seconde zone.
En résumé, name dropping à gogo, nihilisme engourdi, une petite touche "arty" pour le côté post-moderne cérébral et enfin et surtout un livre pour initiés adorant les petits fours et le champagne aux fines bulles. Hormis cela, pas grand chose à se mettre sous la dent, un livre que je qualifierais tout simplement d’œuvre mineure, rien de plus. Il serait grand temps à mon avis de changer les petits arrangements "entre amis" des grands éditeurs, mais enfin, pas de quoi fouetter un chat non plus, la littérature n'a pas besoin de prix après tout.

Maun - - 49 ans - 8 janvier 2012


De l'inutilité de s'agiter 8 étoiles

Voir combien s'évertuent certains à démonter dans les grandes lignes Houellebecq est toujours curieux pour moi. Je ne me suis jamais accordé beaucoup de temps et de mots à faire la critique d'un livre ou d'un auteur que j'ai honni, me contentant plutôt d'adjectifs seuls dénués de leurs attributs habituels. En gros ça donne: Transparent, indigeste, escroquerie éditoriale et j'en passe.
Passé l'étonnement de la lecture de certaines critiques ci-dessus, je me contenterai de dire que le dernier roman de Houellebecq ne m'a pas déçu dans le sens où je reconnais l'homme qu'il est à travers son oeuvre. Effacé, discret, très amer sur la condition de l'homme, conscient de l'inanité de ce brouhaha continu qui agite le Monde et aucunement concerné par le mal qu'on dit de lui.
Houellebecq est économe. Economie de mots, de lourdeurs littéraires et de style justement parce qu'il n'aime pas les artifices auxquels il préfère le constat simple et minimaliste d'un homme spectateur de sa vie. Jed, c'est lui et l'oeuvre finale et pre-mortem de son héros représente à mes yeux ce regard lucide qu'a Houellebecq sur le monde: une dégénérescence inéluctable des choses et des hommes.
Certains le considèrent comme un nihiliste froid, ennuyeux et transparent. Pour ma part, je vois en lui un homme ultra sensible, éclairé sur la condition de l'Homme et à l'acuité hors-norme.
La littérature n'est pas toujours un roman qui vous transporte, c'est aussi et surtout un outil qui nous éclaire et répond à nos questions.

Oxymore - Nantes - 52 ans - 9 novembre 2011


Paris, la Creuse, Dublin... 9 étoiles

Présentation de l'éditeur:

Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l’histoire, il commencerait peut-être par vous parler d’une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël.

Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d’une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C’était avant que le succès mondial n’arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l’écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l’exercice de leur profession.

Il devrait dire aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police.

Sur la fin de sa vie il accédera à une certaine sérénité, et n’émettra plus que des murmures.

L’art, l’argent, l’amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.

Mon avis:

Que dire du roman de Houellebecq?
juste que c'est un de ses meilleurs romans, avec la possibilité d'une île.
Je trouve que ce roman narre bien les problèmes entre un père en fin de vie et sont fils qui n'a qu'un métier de sculpteur. Il est très approprié au monde moderne, fait de stress et de solitude. Il se lit vite car bien écrit et aéré.

Il y a Trois passages que l'on lit avec délectation:

Le passage avec Jean Pierre Pernaut dans sa maison à Neuilly.
Le passage où le héros va voir houellebecq à Dublin.
Le passage où il va voir son père pour Noël.

Merci pour ce fabuleux Roman.

Anonyme3 - - - ans - 18 octobre 2011


Une (re)découverte 9 étoiles

Je ne connaissais Houellebecq que par son très connu roman, "Les particules élémentaires", qui m'avait laissé très perplexe, une impression tellement étrange que je ne suis même pas capable de dire si j'avais aimé ou non.
Le fait qu'il ait eu le Goncourt avec son nouveau roman m'a poussé à le lire pour tenter de me faire une opinion sur l'auteur, et j'ai été très agréablement surprise.
J'ai beaucoup aimé cette autodescription qu'il nous fait à travers son personnage principal, autodescription qui n'est pas du tout à son avantage et qui ne manque pas d'humour.
Le roman, dans la globalité, est teinté de cet humour cynique que j'ai beaucoup apprécié.
L'histoire, quant à elle, ne m'a pas vraiment plu, il n'y en a pour ainsi dire pas vraiment une, seulement le reste m'a laissé une impression globale très positive. Son "name dropping" et ses "exposés" style Wikipedia sur tout et n'importe quoi sont surprenants, mais donnent un style et ajoutent une touche d'humour supplémentaire.
Ce roman m'a donné envie de ses autres œuvres, et, pour avoir lu presque tous les autres "nominés" au Goncourt, je trouve que c'est le livre qui le méritait le plus, du moins parmi les nominés.

PA57 - - 41 ans - 21 août 2011


Lassant 1 étoiles

Au début, je me suis dit "c'est bien écrit et imagé, j'aime bien", et puis, au bout d'un moment, le style d'écriture qu me paraissait agréable est devenu vite fatigant... Ca devient un peu pathos et saoulant. C'est toujours le même rythme, et ça fatigue. Dommage

Clara11 - - 33 ans - 23 juillet 2011


Vas-y Michel pousse le plus loin le bouchon. 6 étoiles

Michel Houellebecq aurait-il besoin d'une boussole ?
Sa carte et son territoire n'ont pas fini de faire parler dans les chaumières.
L'auteur méritait-il son Goncourt, selon moi non. Ce livre qui n'en constitue pas moins un phénomène est loin pour moi de représenter ce qu'il y a de mieux et de plus rafraîchissant dans la production française, ou alors le prochain Goncourt sera donné à Alexandre Jardin ( ne riez pas).
Cependant il y a fort à parier que dans quelques décennies on parle encore de Houellebecq et de son coup d'éclat.
Il faut que je dise que le personnage, écrivain maudit, névrosé, isolé dans l'élaboration de sa production, déclinologue d'un occident foutu a tout pour me plaire. Je trouve que Houellebecq représente assez bien l'homme blanc occidental dans ce qu'il a de plus sinistre, c'est une caricature.
Son roman a de belles envolées sur l'art, sur la ruralité, sur les stars du PAF et les " artistes ". La mise en scène d'un Houellebecq peint par l'artiste du moment et dont la toile s'élève à 900 000 euros image bien la mégalomanie de Michel, mais ça j'adore.
La mise en scène de sa propre mort est magnifique, un monceau de pourriture bouffé par les mouches et les asticots.
Houellebecq nous parle de l'art contemporain, de ses petites manigances, de Jean Pierre Pernaud et de ses soirées terroir.
La polémique sur Wikipedia est une fumisterie ou alors un sacré coup de pub, ça c'est du Michel.
Alors que penser de ce livre. Je dis mille fois oui à Michel, j'adore sa façon de dépeindre notre déliquescence humaine, son cynisme, son j'en foutisme et sont talent.
Du talent il en a un sacré paquet à revendre, mais pas un talent d'écrivain, désolé Michel.
Je pense que Michel devrait à l'instar d'un Renaud Camus écrire un journal. Car il est un excellent commentateur de notre quotidienneté, de notre époque. Il la découpe au scalpel, l'analyse, la fait fermenter dans sa cornue littéraire qui est ensorcelante.
Alors oui Michel, écris-nous encore plein de livres, tu as touché le Graal, maintenant tu n'as plus rien à prouver, fais-toi plaisir et écris vraiment ce qui te plaît.

Hexagone - - 53 ans - 29 juin 2011


Les particules Lamentabls 1 étoiles

Ce n'est pas un livre, mais un "produit".

Avec une étiquette Goncourt, une campagne marketing de "promo" et un matraquage publicitaire. Aucun style, des histoires sans aucun intérêt, farcies de noms de gens vaguement "branchouilles", et si on a le courage d'aller jusqu'au bout, ça n'a ni queue ni tête.

Ce monsieur n'a jamais eu rien d'autre à écrire que des platitudes, des pages de sexe triste et de haine xénophobe, et des opinons méprisables. Le snobisme, et les côteries des média ont fait le reste.

Il suffit de savoir que le personnage, faute de talent, a volé le titre d'un autre auteur Michel Levy qui a publié "La carte et le territoire" en 1999, un bien beau recueil de nouvelles qu'il faut se procurer d'urgence avant qu'il disparaisse noyé dans la pub et la "rentabilité" des rayons de la Fnac.

Lancelot-du-lac - - 59 ans - 29 juin 2011


L'espace du dedans 7 étoiles

Je ne comprends pas bien pourquoi ce livre a suscité tant de réactions, extrêmement vives parfois. En fait il me semble que c’est plus la personnalité de l’auteur ou plutôt l’image qu’il souhaite en donner qui était en question, le tout pimenté par les rumeurs, les ragots autour du prix Goncourt.

Mais revenons au livre et disons le tout de suite je l’ai beaucoup aimé. J’ai trouvé très intéressante l’idée de faire le portrait d’Houellebecq en creux par le personnage censé être le plus important du livre. Il y a bien d’autres trouvailles dans ce roman comme le fait d’écrire l’histoire au passé quand elle est au futur pour le lecteur de 2011, ou encore d’insérer une troisième partie qui est un vrai roman policier.

Ce roman que je n’aurais jamais lu sans l’insistance d’un ami m’a captivé et ce d’autant plus que la lecture est agrémentée de remarques ironiques qui sont souvent celles d’un moraliste, contempteur de son temps. On a reproché à Houellebecq ses propos ou prises de position, sur Picasso par exemple. Mais diantre c’est justement ce refus de « la pensée unique » qui fait aussi le charme de ce livre. Provoquant ? Pourquoi pas et en cela il est bien de son temps, ayant compris que la bête médiatique ne se nourrit que de ce qui est excessif et souvent dérisoire.

L’humour ravageur a des limites car trop souvent franco-français et je ne suis pas sûr que les lecteurs étrangers goûteront comme nous le récit du réveillon organisé chez Jean-Pierre Pernaut. Ou alors il faudra trouver un traducteur particulièrement habile.

Houellebecq montre un grand talent que les critiques de ses livres précédents ne me semblent pas avoir signalé quand il évoque la vieillesse et la mort du père du héros. C’est poignant et bouleversant. « Au milieu de l’effondrement physique généralisé à quoi se résume la vieillesse, la voix et le regard apportent le témoignage douloureusement irrécusable de la persistance du caractère, des aspirations, des désirs, de tout ce qui constitue une personnalité humaine ». Le misanthrope, le solitaire, celui qui aime l’hiver et la tombée du jour ne serait-il pas d’abord un homme qui souffre, enfermé dans « l’espace du dedans » décrit par Michaux « Vous savez, j’étais bien seul, parfois ». Houellebecq montre dans ce livre qu’il sait aussi fort bien exprimer ce désarroi.

Jlc - - 81 ans - 31 mai 2011


quel ennui 1 étoiles

Ayant suivi les oeuvres de Houellebecq dès son début, mon intérêt y va décroissant.
J'avais adoré L'extension du domaine de la lutte, ...
"La carte et le territoire", j'ai trouvé cela d'une banalité, insipide, quelconque.
Le sulfureux, le provocateur, le glauque, qui faisaient son style initial, a disparu... Je n'ai éprouvé aucun intérêt dans cette lecture, mais peut-être est-ce un passage obligé pour y décrocher le Goncourt... Espérons qu'une fois cette notoriété acquise, l'auteur fasse retour à son travail d'écriture, et non du marketing.

Happy_kangourou - - 49 ans - 22 mai 2011


Barbant et sans intérêt 1 étoiles

Comme à chaque fois, le battage publicitaire massif finit par faire croire au lecteur de bonne volonté que le "dernier Houellebecq" a peut-être quelque chose à dire..

Hélas, comme à chaque fois, on retrouve les mêmes platitudes pseudo-intellectuelles, rédigées dans style consternant de banalité. Houellebecq est vraiment le produit du "système" éditorial de l'époque : fait d'un bric-à-brac de propos de café du Commerce, de vagues fausses provocations (cette fois pas de racisme, mais de la misogynie bien beauf...) et une grande quantité de vide.
Visiblement il est très content de lui quand il parle de sa petite personne - ah, voyez-vous je suis un écrivain maudit - et raconte son propre enterrement, et ses amis creux mais "célèbres" genre vedettes de la télé. La belle affaire, on s'endort dessus, ça n'a aucun intérêt.

A fuir, c'est vraiment de l'escroquerie intellectuelle, et les critiques qui lui passent la brosse à reluire sont simplement soumis à leur environnement : la machine des gros éditeurs, les groupes de presse et de média, les copinages et les dîners en ville, le zèle pour complaire aux "célébrités"... c'est lamentable.

Heureusement, avec un cerveau on s'en tient, à l'écart. Je ne l'ai pas acheté heureusement, mais lu en version "pdf" qu'un ami m'a prêté.

Frantz - - 74 ans - 18 mai 2011


Terne 4 étoiles

Ce roman retrace la triste vie de Jed Martin, fils d'architecte, artiste à succès, charmeur, et qui malgré tout ce que la vie lui offre ne semble jamais pleinement heureux. L'auteur en profite pour se mettre en scène sous image plutôt pitoyable. Mais le vrai Houellebecq n'est-il pas plus proche du héros que de lui-même ?

Au final, si le roman n'est pas désagréable, surtout pour ses pointes humoristiques, son côté décousu, entre description de chauffe-eau et réflexion sur l'état de l'art en architecture m'a rapidement lassé. Si on essaye de s'éloigner de l'histoire pour le prendre plus comme une étude de notre société, je l'ai trouvé bien trop superficielle et caricaturale pour qu'elle éveille mon intérêt.

C'était mon premier roman de Houellebecq, et vu les récompenses je suppose un des meilleurs, mais ce sera aussi probablement mon dernier.

Frankgth - - 54 ans - 8 mars 2011


Une découverte 8 étoiles

Je n’ai jamais lu Houellebecq, auteur à succès et surtout personnage. Un personnage en marge, tellement décalé qu’il m’est arrivé de me demander s’il n’était pas que le résultat d’une construction marketing à laquelle je ne voulais pas succomber.
Il a fallu qu’à l’occasion du prix Goncourt je me laisse convaincre à lire mon premier Houellebecq.
Avec Jed Martin et Michel Houellebecq lui-même, nous cheminons dans ces 400 pages autour de la création artistique (et de ses ressorts tellement hors de portée), de la construction familiale meurtrie dès l’origine à une enquête de police macabre autour d’un crime commis dans le futur…
Je craignais une écriture absconse et finalement elle est assez classique, autant que la construction romanesque qui n’a pas grand-chose de surprenant.
Pourtant on lit cette carte et ce territoire d’une seule traite car l’intrigue est bien menée et que Jed est un type extraordinaire et paumé qu’on a envie d’aimer pour ses fulgurances artistiques autant que pour son détachement du monde que finalement seul Michel Houellebecq (et un peu Olga) aura réussi à ébranler.
Première tentative plaisante qui m’amènera peut-être à lire Les particules élémentaires et à dépasser l’image du personnage que se donne lui-même Michel Houellebecq.

Monito - - 52 ans - 2 mars 2011


Houellebecq et ses avatars 8 étoiles

Après avoir joué avec les clones dans le très SF « La possibilité d’une île », Houellebecq, dans « La carte et le territoire> s’amuse maintenant à se démultiplier. Car la plupart des héros présent dans ce roman sont autant d’avatars de lui-même. Autant d’autoportraits de lui-même, de sa pensée. Il est évidemment Houellebecq, cet écrivain qui vit tel un ermite désenchanté en Irlande dans une maison bien trop grande pour lui .Il est évidemment aussi le héros de ce livre, Jed Martin, ce touche à tout artistique qui connaît la gloire presque sans le vouloir, en sachant juste sortir de sa tanière au moment adéquat. Il est aussi Jasselin qui, en fin de bouquin, va tenter de faire la vérité sur le meurtre horrible de Houellebecq. Un inspecteur qui vit seul avec sa femme et leur petit chien Michou, qui remplace le fait de ne pas pouvoir avoir d’enfant.
Certains peuvent trouver tout cela délirant, abracadabrantesque, ou incompréhensible, et pourtant ce roman se lit tout seul, d’une traite tant les sujets évoqués sont passionnants, bien traités et une fois de plus, avec cet auteur, dresse un portrait sans condescendances du monde dans lequel nous vivons. Nous avons donc ainsi quelques splendides pages sur le monde de l’art, avec force name-dropping ; nous avons une histoire d’amour qui, comme nous le savons depuis les Rita Mitsouko, finissent mal en général ; nous avons enfin, un polar avec cette enquête sur le meurtre affreux de Houellebecq.
De plus, ce roman peut tout à fait se lire au premier degré, tout comme il peut amener plusieurs autres grilles de lectures. Certes comme toujours, la vision du monde est désenchantée, avec ses vies vécues de manière presque autarciques mais si l’on y réfléchit bien, c’est vraiment le cas. Quant au Goncourt, il l’assimile plutôt à un prix de rattrapage, pour l’ensemble de l’œuvre de l’auteur..

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 18 février 2011


Contemporain, lucide, original et drôle 8 étoiles

Houellebecq est un écrivain. Sa capacité à générer à la fois admiration et détestation en est une preuve. Savoir s'il mérite ou non un prix littéraire n'a, à mon sens, aucun intérêt.
Par contre il mérite la lecture.
Bien sûr il conserve d'un livre à l'autre des tics: son héros va à Beauvais et on a droit à un paragraphe touristique sur la ville, il achète un appareil de photo et deux pages sont consacrées à la lecture de la notice, etc.
Mais tout ceci relève de la volonté d'inscrire le récit dans le monde contemporain. Et c'est cela qu'Houellebecq fait le mieux: parler de la vie quotidienne avec ses difficultés, ses incohérences, ses foucades, ses modes, ses contraintes, ses joies.
Si on le lit bien, on trouve cette inimitable manière de jeter un regard lucide, désabusé et néanmoins généreux sur le monde actuel.
Salutaire.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 31 décembre 2010


Le livre de la maturité 9 étoiles

Jed Martin est un artiste plasticien branché qui s'est fait connaître en photographiant sous divers angles des cartes Michelin. A l'occasion d'une de ses expositions, il contacte l'écrivain Houellebecq et lui demande d'écrire un texte pour sa plaquette illustrée ce qui ne sera pas pour rien dans l'incompréhensible succès remporté par « l'oeuvre » de Jed. Celui-ci revient ensuite au portrait à l'huile de personnages célèbres comme Steve Jobs ou Jeffs Koons, traités sous forme d'allégories figuratives. Sa cote atteint alors des sommets, la bagatelle de plusieurs millions d'euros par tableau. Resté en relation avec l'écrivain qui vit reclus en Irlande puis dans la Creuse, il lui propose d'exécuter son portrait et de lui en faire cadeau. Ce qui ne portera pas bonheur à l'écrivain...
Un livre totalement inclassable, flirtant avec le roman à la française, la satire sociologique, le polar gore et l'anticipation à très court terme. Une sorte de somme allégrement menée et totalement centrée sur la personnalité de l'auteur. Jed est bien entendu un avatar « arts plastiques » de Houellebecq qui se met également en scène sous sa facette « écrivain », ce que certains pourraient taxer d'exhibitionnisme, de narcissisme voire de nombrilisme, mais qu'il nous semble plus juste de considérer sous l'angle de l'auto-dérision ironique. Il n'est pas donné à tout le monde d'arriver à rire de soi-même, de ses faiblesses, renoncements et autres petitesses. En effet, c'est un Houellebecq vieillissant, solitaire, misanthrope et philosophe blasé qu'il nous décrit sans la moindre complaisance. Comme dans tous ses livres, il pratique avec maestria la provocation et l'outrance, dépassant parfois les bornes (l'outing de Jean Pierre Pernaud (?) ou sa propre décapitation suivie d'un monstrueux découpage en lamelles à l'aide d'un laser chirurgical) et forçant souvent le trait jusqu'à en devenir parfois un peu lourd. Mais n'est-ce pas le principe même de la caricature ? Un des nombreux intérêts de ce livre réside là, dans cette description lucide, sans concession d'un monde décadent, partant à la dérive, en proie à une pipolisation généralisée, dans un pays transformé en réserve naturelle ou en un immense musée des traditions populaires livré en pâture à de riches touristes exotiques. Et comme l'auteur reste compréhensif et indulgent envers ses lecteurs, il leur livre même la clé de son propos en toute dernière page. Il leur a proposé rien moins qu' « une méditation nostalgique sur la fin de l'âge industriel en Europe ». Le style est toujours aussi flamboyant et la lecture captive toujours autant, en raison d'une ironie, d'un humour et d'une finesse d'analyse omniprésentes. Seuls (légers) reproches : des termes en italique trop nombreux, un nombre important de copié-collés (notice technique d'appareil photo, modes d'emploi ou article de catalogues d'agences de voyages) et, une influence américaine (Bret Easton Ellis) qui ne devrait pas obliger, sous forme de citations assez systématiques de marques (Samsung, Audi, Mercedes) ressemblant à de la publicité déguisée. Ce livre de la maturité d'un auteur majeur (sans doute le meilleur de sa génération) méritait-il le Goncourt ? Certainement, si l'on compare avec la concurrence (Beigbeder ?) quoiqu'il apparaisse comme très légèrement inférieur par rapport à ses deux derniers opus. Mais à ce niveau de qualité, on ne va pas chipoter. On laissera ça aux Germano-pratins !

CC.RIDER - - 66 ans - 24 décembre 2010


Voir comment on donne le Goncourt en 2010 et pleurer 1 étoiles

L'impression générale de copié collé à tour de bras y compris, pourquoi pas, la description des types de Mercédès, le tout fort mal cousu. Territoire fort morne sans cartes... A bout de souffle, le livre dévoile un crime juste dans les dernières pages du 'roman', juste pour faire dans le surréalisme -on imagine bien le tableau- après le bouillon de notes tous azimuts sur l'art, l'architecture, les célébrités éphémères télévisuelles... la solitude, la mort, l'euthanasie. Se moquer une dernière fois du lecteur?

Je ne sais si la description d'Houellebeck en Irlande est fidèle à la réalité, mais ce remplissage de pages et ces élucubrations pompeuses semblent être issus d'un état éthylique chronique. Je partage l'avis de Morgenes: affligeant.

Proverbe chinois "... N'ouvre la bouche que lorsque tu es sûr que ce que tu vas dire est plus beau que le silence. »

Deashelle - Tervuren - 15 ans - 14 décembre 2010


Affligeant 1 étoiles

Premier (et dernier) Houellebecq que je lis. C'est juste affligeant. Mal écrit (et dans vingt ans, complètement dépassé avec ces tics d'écriture qui voudraient faire un style), sujet inintéressant. Si c'est ce que la littérature française a de mieux, pauvre de nous!

Morgenes - - 46 ans - 13 décembre 2010


Une découverte 7 étoiles

Jed Martin est un artiste solitaire, touche-à-tout oscillant entre peinture et photographie. Au début du roman, il acquiert une large notoriété grâce à des photographies de cartes Michelin, rassemblées en une exposition intitulée « la carte est plus intéressante que le territoire ». Cette soudaine célébrité l’amène à fréquenter le tout Paris mondain, et nous croisons au fil des pages Frédéric Beigbeder, Jean-Pierre Pernaut, occasion pour l’auteur de se livrer à des portraits critiques plutôt savoureux. Mais la rencontre la plus intéressante est celle que Jed va faire dans le cadre de son projet suivant, celui de peindre des hommes dans l’exercice de leur profession. Et ce que Jed veut avant tout, pour cette « série des métiers », c’est réaliser le portrait de l’écrivain Michel Houellebecq.

Pour ma première expérience de lecture d’un roman de Houellebecq je n’ai pas été déçue. Tout d’abord, je ne m’attendais pas à ce style somme toute classique, de la part d’un auteur provocateur qui sait si bien déchaîner les passions. Ensuite, la construction est également pour moi une surprise. Très carrée, impeccable, elle est aux antipodes de l’image d’homme à l’esprit tortueux voire torturé que Houellebecq affiche. Enfin, son humour cynique a fait mouche, et j’ai éclaté de rire à plusieurs reprises.
Toutefois, d’autres aspects de ce roman me laissent pleine de questions, car je ne suis pas sûre d’avoir compris les intentions de l’auteur. En particulier le fait de citer tant de marques. Nous vivons dans une société de consommation, c’est un fait, alors pourquoi par exemple narrer par le menu les fonctions d’un appareil photo récemment acheté, et faire ensuite une comparaison avec d’autres marques ? Si c’est là une critique de cette ère frénétiquement consommatrice, je la trouve un peu courte.

Je m’interroge aussi sur la troisième partie, qui donne un tout autre ton au roman puisqu’il bascule à ce moment dans le polar. Pourquoi ce choix, si ce n’est pour tuer une image médiatique et laisser toute la place à Jed Martin ? Un Jed Martin qui est à mes yeux le véritable Michel Houellebecq, et qui est vraisemblablement une des facettes de cet homme qui a fait le choix de s’incarner dans son propre roman. Exercice hautement schizophrénique qui m’a quelque peu troublée. La partie la plus réussie est pour moi l’épilogue, brillant aboutissement où tout s’achève de manière flamboyante et diablement intelligente. Ces pages sont les plus belles.

Une découverte, une lecture qui sans m’emporter totalement est bien loin de me laisser indifférente et me questionne… voila de quoi me donner envie d’aller plus avant et de me plonger sans doute dans « Les particules élémentaires », que beaucoup d’amateurs me recommandent.

Aliénor - - 56 ans - 4 décembre 2010


Imposture formatée 1 étoiles

Que dit "La Carte et le territoire" ? Rien. Sur l'Art ? Il s'est dit des choses autrement plus profondes sur ce sujet dans des quantités d'essais depuis un demi-siècle au moins. Sur la mort ? On vieillit, on meurt, et ça n'est pas marrant. Sur la vie ? Les animaux sont gentils, les humains méchants (on comprend sa passion pour les toutous) Sur la société ? L'individualisme et le matérialisme règnent en maitre. Quelle découverte ! C'est vrai qu'avant lui personne n'y avait pensé... Il faut croire qu'il suffit de manier habilement les lieux communs sociologiques, d'un bon plan marketing (avec matraquage publicitaire soviétique) et de quelques faux scandales (le plagiat dans wikipédia) pour transformer un livre creux en phénomène (de foire). Reste le style et là c'est vite réglé : Houellebecq n'en a pas, son écriture est aussi plate que ses idées (et je ne parle pas de la construction de son roman d'un amateurisme consternant).

Chameau - - 44 ans - 10 novembre 2010


Houellebecq : le Forrest Gump de la littérature 4 étoiles

Un auteur c’est un plat qui se mange froid. Or, Houellebecq est un auteur froid. Aussi...


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Si "au commencement était le Verbe"...

Dans ses deux premiers titres - Extension du domaine de la lutte et Les particules élémentaires -, qu'est-ce que nous disait Michel Houellebecq (si d'aventure cet auteur tentait de nous dire quelque chose) ?


Ce chérubin semblait vouloir nous dire, avant de s'en désoler, qu'il vaut mieux être riche et beau (et puis, jeune aussi) quand on veut séduire (1) de belles nanas, que pauvre et laid.


Cette affirmation qui ne souffrira aucune contestation ferait donc de Houellebecq un grand écrivain doublé d'un grand moraliste.


Car, si Houellebecq avait été riche et beau à une époque où il ne l'était pas, il aurait bien évidemment et très certainement cherché à séduire des filles pauvres et laides...


C'est donc ça ?



Alors maintenant, à quand un auteur mais... de génie celui-là, qui nous expliquera, contre toute attente, combien il est préférable d'être issu d'une catégorie sociale dite "privilégiée" plutôt que d'appartenir à une catégorie sociale dite "défavorisée" ? (défavorisée ????? Qualificatif outrageusement euphémisant quand on constate l'ampleur des dégâts sur cette classe) quand on veut, non seulement séduire de belles nanas, mais aussi et surtout, se faire une place au soleil...


A quand cet auteur de génie ? Parce que... bon... on s'impatiente là !


1- Séduire des nanas : oui parce que... Houellebecq, les nanas, il voulait coucher avec, c'est tout. Et elles ne s'y sont pas trompées bien sûr ! Elles qui ne supportent pas, lorsqu'elles en ont besoin, qu'on leur dise qu'elles en ont envie et vice versa. Mais ça................... Houellebecq l'ignorait.



***


Plus tard, avec un titre comme Plateforme, et dernièrement avec "La Possibilité d'une île" et "La carte et le territoire", il semblerait que Houellebecq ait souhaité élargir quelque peu son champ de vision et qu'il se soit décidé à nous donner des nouvelles du monde.


Si Houellebecq connaît réellement notre monde contemporain en général, et l'Art en particulier (2), et si on oublie un moment une inspiration souvent absente ou poussive, force est de constater que les informations de l'auteur à ce sujet semblent avoir pour sources principales, sinon unique, le journal de 20H (TF1 ou France 2, c'est au choix), les émissions de Delarue, Envoyé Spécial pour s'être attardé devant son écran (somnolant ?), et maintenant qu'il est en Espagne : TV5 ; ce qui, tout le monde en conviendra, n'arrangera rien, bien évidemment.


2 - Houellebecq est un auteur très vague ! Aussi, gare au mal de mer ! Et manifestement, cela ne gêne personne puisque dans le milieu littéraire tout le monde triche et bâcle : auteurs et critiques. Qui s'en plaindra ? Sûrement pas les lecteurs, nous affirme-t-on.

Tout comme il a une vague idée de la science fiction et des sectes dans "La possibilité d'une île", dans son dernier titre Houellebecq a juste une vague, très vague idée du fait que l'art contemporain n'est, le plus souvent, qu'une vaste fumisterie sans talent ; mais il ignore le plus important : c'est une fumisterie très sérieuse à la racine de laquelle on trouvera des individus (artistes, mon oeil !) sans humour qui se préoccupent de tout et qui ne plaisantent sur rien ; ce qui aggrave sensiblement leur cas à tous - rien à voir donc avec la démarche d'un Marcel Duchamp.




_______________



Mais alors...


A prendre ou à laisser Houellebecq ? Un Houellebecq qui est à l'écrit ce que Mylène Farmer est à la musique et à la danse (on me dit que tous les deux partagent le même fans-club !)...



Au diable la culpabilité !


Vraiment ! Sans regret et sans remords, on doit pouvoir laisser Houellebecq ainsi que les fossoyeurs de la littérature qui l'ont promu au rang d'auteur qu'il faut avoir lu sous peine d'être frappé d'inconséquence ou de nullité, là où ils ne seront jamais, à savoir : dans un lieu qui ressemble fort à un avenir car, il y a des auteurs qui savent voir loin et acheminer l'attention de leurs lecteurs plus loin encore, et surtout, là où personne ne peut décemment souhaiter être mené : à tous les drames et à toutes les tragédies, nous tous glacés d'effroi, face au pire.


En revanche - et on l'aura compris -, Houellebecq ne nous mènera guère plus loin que dans sa salle de bains qu'il ne fréquente que rarement, pour une douche qu'il ne se résoudra jamais à prendre en gosse mal léché, difficile et laborieux quant à l'acquisition des apprentissages de la petite enfance... et sur son pot aussi, lieu de toutes les rétentions, en pré-ado attardé...


Et ce, alors que le monde d'aujourd'hui et de demain a et aura besoin de titans !


Car, il faut le savoir : un auteur digne de ce nom, un auteur qui se respecte, se doit d'être sale à l'intérieur mais... impeccablement mis à l'extérieur, un auteur au linge irréprochable ; et à ça, Houellebecq ne s'y résoudra jamais !


Oui ! Propre à l'extérieur et sale à l'intérieur car, porteur de toutes les ignominies dont notre espèce est capable cet auteur ! Jusqu'à ce que... une fois la morale évacuée ou expurgée, il ne reste plus que des hommes, femmes, enfants, vieillards, pères, mères, soeurs, frères, filles, fils, bourreaux et victimes, eux tous terrés au fond d'un gouffre, les yeux tournés vers le ciel, et la nuit, les étoiles, à la recherche d'une lumière rédemptrice pour les plus coupables d'entre eux, et consolatrice, pour les plus humbles, face à un lecteur non seulement témoin mais... acteur, incarnant pour l'occasion...


Le dernier des hommes.

Serge ULESKI - Paris - 55 ans - 9 novembre 2010


la légèreté ou le renfermé ? 6 étoiles

Voilà un bouquin plaisant. Contrairement à toute attente, Houellebecq s'y révèle... drôle ! Et c'est assez bienvenu !
Sur le fond, en revanche, les héros sont toujours typiquement houellebecquiens : en totale inadaptation avec le monde, vivants en reclus avant de disparaître d'une manière ou d'une autre.
L'écrivain a beau changer les professions des personnages ou se lancer dans l'autofiction, ça sent tout de même le radotage et ça réveille un sentiment de « déjà lu ».

Tout de même, on voit qu'il peut (un peu) délaisser ses petites marottes et couper dans le texte pour éviter les digressions vulgaires ou juste indigestes dont il parsème souvent ses textes : ici pas de sexe graveleux (juste quelques considérations sur l'assèchement des couilles) et peu ou pas de détails scabreux.
On arriverait presque à penser que Houellebecq peut soigner un texte comme est censé le faire tout écrivain. Il faudra seulement qu'il évite les romans de genre (le meurtre à la Jackson Pollock est risible et pas un instant effrayant, tout comme les détails abracadabrantesques de l'enquête d'ailleurs) et peut-être qu'il arrivera un jour à rentrer dans la norme. On le lui souhaite, sinon il est condamné à nous resservir ses éternels portraits d'inadaptés qui commencent à sentir un peu trop le renfermé à mon goût.

B1p - - 51 ans - 30 octobre 2010


agréable à lire, mais ne mérite pas un prix 8 étoiles

La vie de Jed Martin est un sujet intéressant, et donne l'occasion à Houellebecq de donner son avis sur la société contemporaine ; on ne s'ennuie pas ! Mais le rythme se ralentit et la convention originale consistant pour l'auteur à se mettre en scène dans son propre roman, a ses limites et la fin du livre est laborieuse.

Ce que j'aime, c'est le refus de l'auteur de se joindre à la "bien-pendance" ; ce que j'aime moins, c'est la nécessité qu'il éprouve à tout expliquer ! Veut-il concurrencer Wikipedia ?

Tanneguy - Paris - 85 ans - 23 octobre 2010


Un regard incisif sur l'humanité et son destin 8 étoiles

J’aime beaucoup Michel Houellebecq. Je le trouve intéressant comme écrivain et aussi comme personnalité malgré son physique ingrat. Ce livre est le deuxième que je lis de lui, le premier étant « La possibilité d’une île ». Il ne m’a pas encore déçu et je ne crois pas que cela se produise tant j’aime son style d’écriture et son regard incisif et sans concession sur l’humanité et son destin.

Nous suivons donc dans son dernier livre l’évolution de la carrière et de la vie de Jed Martin, un artiste hors normes qui a choisi de représenter différents types d’activités humaines par le biais de ses photographies et de sa peinture. C’est donc dans le milieu de l’art contemporain qu’évoluent la plupart des personnages du roman. Les deux premières parties du livre sont assez sages, je trouvais que l’écrivain s’était bien rangé depuis « La possibilité d’une île ». Je retrouvais cependant ses analyses incisives du milieu qu’il a choisi de décrire et ses personnages dévorés par l’ambition et avides de réussite financière et sociale. Cependant, les scènes percutantes étaient curieusement absentes ce qui m’étonnait de la part d’un auteur tel que monsieur Houellebecq qui se plaît à bousculer ses lecteurs, à les provoquer.

La troisième partie tranche sur les deux premières car, le roman contemporain prend soudain des airs de polar avec un meurtre sordide, répugnant et abject. J’ai trouvé l’idée excellente et la construction bien pensée. Le contraste est salutaire et percutant. Une autre bonne idée est que monsieur Houellebecq s’inclut dans les personnages. Cela pourrait sembler prétentieux mais il se décrit sous un jour qui ne l’avantage pas du tout et j’ai aimé son honnêteté et son absence de complaisance envers lui-même. Peut-être fait-il un peu trop référence à ses œuvres antérieures. Cela m’a légèrement agacée mais si peu. Nous retrouvons aussi Frédéric Beigbeder et d’autres personnalités du domaine artistique français dans le récit.

La fin est assez réussie malgré quelques longueurs irritantes. Je me plais toujours en compagnie de cet écrivain talentueux qui réussit à m’étonner, à me séduire, à m’émouvoir et à m’instruire. Grâce à lui, je découvre William Morris, Otto Dix ainsi que quelques autres artistes et écrivains étonnants. Je voudrais aussi souligner l’immense tendresse et la nostalgie qui habitent les pages dans lesquelles l’écrivain décrit la relation de Jed Martin avec son vieux père. Très émouvant et d’une grande tristesse. Un excellent roman qui mérite une bonne note.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 17 octobre 2010


paresseux michel 4 étoiles

On aime ton cynisme bien-aimé misanthrope.
Il y'a bien ces quelques phrases d'un pessimisme absolu qu'on adore.
Mais malgré tes années de solitude irlandaise, tu es devenu presque sympathique.
Que s'est-il passé ?

La première partie du livre est tout de même excellente.
Jed Martin (prononcer à l'américaine), artiste contemporain et ses photos de carte Michelin, ça c'est une idée.
La deuxième s'essoufle un peu.
La troisième est à supprimer.
Houellebecq qui fait du polar ?????
Aucun intérêt.

La verve noire du jeune auteur s'est quelque peu essoufflée.
Il en est presque devenu poète :

"Puis tout se calme, il n'y a plus que des herbes agitées par le vent. La végétation triomphe toujours".

Michel Houellebecq est-il mort ?

Crosp - - 47 ans - 25 septembre 2010


Une grande déception 3 étoiles

Ce "roman" m’a profondément déçu, et je serais très surpris qu’il remporte un prix, quel qu’il soit.

J’avais beaucoup aimé « extension du domaine de la lutte », adoré « les particules élémentaires », apprécié ses autres ouvrages (plus « Plateforme » que « la Possibilité d’une île »), mais là quelle déception !

Ce qui faisait l’identité et l’intérêt des écrits de Houellebecq a complètement disparu. L’auteur semble ne pas se rendre compte qu’il n’a plus rien à dire.

D’aucuns diront qu’il se range, que c’est, comme je l’ai déjà lu, « le roman de la maturité ». J'affirme que certains passages de cette oeuvre semblent avoir été écrits par un débutant (surtout l'incipit ; quelle lenteur dans la mise en place, quel manque d’intérêt pour les personnages, quelle pauvreté de vocabulaire).
Clichés pas drôles, formules toutes faites reprises de l'oral, descriptions inutiles, étiques, ou ridicules ; beaucoup de choses pourraient ainsi être énumérées.

Houellebecq ne parvient plus du tout à appréhender les aspects pathétiques de la vie de ses personnages, il n’arrive plus à faire rire ou presque. Tout ça donne le sentiment qu’il n’y croyait pas lui-même, et j’ai eu la surprise de me désintéresser complètement de l’intrigue. On pourrait même dire qu’il n’y a pas d’intrigue, en réalité, tellement tout ça tient sur une feuille de papier à cigarette. Sans compter les personnages sans relief...

Ce qui me plaisait chez Houellebecq, c'est sa façon de décrire les désillusions, pas la désillusion elle-même. Décrire le désenchantement du monde, n'importe qui peut le faire. Faire rire, utiliser le quotidien pour en dégager l'intensité dramatique ou plus largement émotionnelle, c'était ça Houellebecq. Il le faisait avec génie. Parce que ses écrits étaient jusqu'ici largement autobiographiques?

M. H. a fait des choses immenses, et j’espère qu’il y reviendra… il est permis d’en douter à la lecture du dernier opus, qui pourrait laisser croire qu’il n’a pas situé le siège de son talent.

Houellebecq a voulu écrire une histoire comme tous les « vrais » romanciers, et il y a sacrifié tout ce qui faisait le génie de son oeuvre antérieure. On ne l'aimait pas comme un auteur "classique", et il a peut-être voulu faire dire qu'il n'était pas qu'un provocateur. La carte et le territoire donne l'impression que l'auteur a voulu entrer dans le moule, mais n'est pas Balzac qui veut.

La rentrée littéraire apporte sûrement avec elle de nombreux ouvrages supérieurs à celui-ci. Tenez, je n'ai rien à dire du contenu, tellement c'est pauvre et exsangue.

Roi Lear - - 41 ans - 23 septembre 2010


Au dessus de la mêlée 7 étoiles

Le roman star de la rentrée 2010 est un bon opus. Un peu débarrassé de ses tics visionnaires, l'auteur en revient à la critique d'un monde selon son prisme.

La rhétorique houellebecquienne n'a pas son pareil pour toucher la fibre sensible de son lecteur friand de détails et de parcours de vie désabusé. Une fois encore, celui-ci ne s'ennuiera pas au fil des pages.

Néanmoins le discours sur le microcosme de la télé tel que décrit n'apparait pas très original et loupe largement la cible. De même, la mini histoire d'amour du héros est aussi moins développée que celle un peu similaire de Plateforme.

Persiste la nouvelle idée d'inclure les notices wikipédia et le parti pris de l'autoreprésentation de l'auteur à travers toutes les voix du roman (du chien michou à l'auteur lui même) pour une unité de ton qui tient fermement son lecteur et l'imprègne fortement d'un fatalisme sombre et qui semble sincère.

Traffic - Marseille - 55 ans - 21 septembre 2010