Le chemin parcouru : Mémoires d'un enfant soldat de Ishmael Beah, Jacques Martinache (Traduction)
(A long way gone)
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Enfant soldat au Sierra Leone
Ishmael Beah est membre de Human Rights Watch, il milite contre l'utilisation d'enfants dans les conflits armés et est le créateur de la Fondation Ishmael Beah, une organisation qui a pour but de réintégrer les enfants soldats dans la vie civile. Originaire du Sierra Leone il sait en effet de quoi il parle lorsque l'on aborde un tel problème : lui-même fut un enfant soldat lors de la guerre civile qui frappa son pays. Une expérience traumatisante, qu'il raconte ici dans son autobiographie "Le chemin parcouru".
Il y narre la perte de ses parents, tués par le tristement célèbre Front Révolutionnaire Uni ( R.U.F. ). Il parle de son errance d'un village à l'autre, perdu, vaquant d'une bande d'orphelins à une autre -des gamins qui, loin de susciter compassion et pitié, terrorisent les populations qui les prennent pour ces monstres assoiffés de massacres, enfants transformés en machines à tuer dont ils n'ont que trop l'habitude. Il dit son espoir lorsqu'il décide de se réfugier dans un village occupé par l'armée régulière, pensant y trouver refuge; espoir malheureusement vain puisqu'à la première attaque des rebelles, celle-ci, aussi, recrute des enfants pour combattre dans ses rangs. Il revient sur la folie, le cauchemar qu'il va alors vivre pendant trois ans où, bourré de propagande, gavé de films de guerre hollywoodiens, drogué à la marijuana et à la cocaïne, armé d'AK47, il rejoint l'armée d'enfants qui se rendra coupable d'actes innommables tout en subissant l'horrible traumatisme de guerres qui les dépassent.
"Il est temps de venger la mort de vos familles et de faire en sorte que plus aucun enfant ne perde la sienne", haranguera une de ces bandes de gosses hagards et terrifiés un officier qui, à l'image du pays qu'il sert, a complètement perdu toute raison.
Ishmael Beah, pourtant, sera chanceux. Sauvé par l'UNICEF, qui récupère certains de ces enfants pour les placer dans des centres de rééducation, il entamera sous leur égide un long processus de réhabilitation, un retour à la normale extrêmement difficile qui sera le point de départ à une nouvelle vie. Si le livre se termine avec sa fuite en Guinée ( suite au coup d'Etat contre le président élu Ahmad Kabbah, qui plongera le pays dans une autre période de tumultes ) il sera plus tard adopté par une New-Yorkaise et partira vivre aux Etats-Unis.
"Le chemin parcouru", histoire d'un gamin pris au piège d'un pays chaotique, est une épopée tragique, une lecture parfois difficile ( si les guerres sont toujours horribles elles le sont d'autant plus du point de vue d'enfants qui y participent ) mais malheureusement nécessaire : il est l'un des rares porte-parole de ceux que l'on écoute trop peu.
D'après diverses ONG il y aurait eu entre 10 000 et 30 000 enfants soldats lors de la guerre civile au Sierra Leone, entre 300 000 et 800 000 combattent encore à travers le monde ( Népal, Sri Lanka, Ouganda... ) et le problème ne se limite pas aux pays en voie de développement puisque ce n'est qu'en 2002 qu'une charte signée par les Nations Unies releva l'âge de recrutement de 15 à 18 ans, le Royaume-Uni étant encore, toutefois, le seul pays européen à se réserver le droit d'envoyer des moins de 18 ans en première ligne. Le chemin reste encore long...
Les éditions
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Le chemin parcouru [Texte imprimé], mémoires d'un enfant soldat Ishmael Beah traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Martinache
de Beah, Ishmael Martinache, Jacques (Traducteur)
Pocket / Presses pocket (Paris)
ISBN : 9782266185066 ; 6,03 € ; 05/03/2009 ; 310 p. ; Poche
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Guerrier malgré lui
Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 5 octobre 2010
On suit le jeune Ishmael en fuite vers nulle part, perdu dans la jungle des adultes. Son parcours nous amène de village en village au cœur des mœurs rurales du Sierra Leone. Cet aspect est fort intéressant. Par contre, comme c’est souvent le cas, les enjeux politiques ne sont pas expliqués – peut-être parce qu’il s’agit d’anarchie pure et simple –, ils sont seulement esquissés pour nous situer un peu.
Après la publication, un journal australien a mis en doute la véracité du récit. Je dois dire que j’ai éprouvé le même sentiment car la livraison n’est pas dénuée d’humour et cela contraste bizarrement avec la gravité du propos. De plus, Beah fait preuve de concision quant à ses propres actes de violence.
Mais bon, à vous de juger.
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Ishmael Beah | 2 | Oburoni | 6 octobre 2010 @ 15:26 |
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