Le chevalier des Touches
de Jules Barbey d'Aurevilly

critiqué par Hexagone, le 17 septembre 2010
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Résistance et insoumission.
J'ignorais tout de cet auteur jusqu'à il y a peu. Bien décidé à entreprendre l'oeuvre, le hasard m'a mis dans les mains ce livre. Dès les premières pages j'ai bien senti que j'abordais quelque chose qui allait m'emmener plus loin qu'un simple plaisir de lecture. Barbey d'Aurevilly a cet indéniable talent de pouvoir en quelques mots bien choisis et placés de planter un décor, une ambiance, un fait d'arme. Comment ne pas tomber sous le charme de ces descriptions de cette ville de Normandie pluvieuse et ténébreuse. Le conciliabule, au coin du feu de ces vieillards, qui fait la trame du roman vaut à lui seul la lecture. Les descriptions des visages, des tempéraments pénètrent le lecteur et impriment une ambiance qui enveloppe le récit d'un charme envoûtant. J'ai eu le sentiment d'être au carrefour de la littérature. Est-ce Jules qui emprunte ou tous les autres qui se sont inspirés de lui ? Je l'ignore, mais il est certain que cet auteur trop peu connu, à mon sens, mérite toute notre attention. On peut lire ce livre de plusieurs manières, roman historique, roman d'aventures, roman de résistance. Car on sent bien dès le début que ces vieillards vont nous enseigner qu'ils sont les témoins d'un passé héroïque mais révolu. Que l'histoire en marche a écrasé ces résistants qui ont lutté pour des idées qui n'ont pas triomphé. Roman sur la fidélité d'un groupe à un homme, d'un peuple à son histoire, fidélité à son roi jusqu'à la mort. Oui décidément un beau livre, une belle leçon de courage et d'amour.
Souvenirs d'un temps révolu 8 étoiles

Ce petit roman est une fresque grandiose et vivante d’une période peu enseignée de l’histoire de France : les guerres de chouannerie, vues qui plus est côté royaliste et non pas du côté des vainqueurs de la Révolution. On est loin des chouans de Balzac, le récit est bref : la capture, la libération et la vengeance du Chevalier des Touches. Cette aventure violente et riche en rebondissements, narrée par une voix de femme, convoque des personnalités fortes et héroïques qui gravitent autour du mystérieux Chevalier des Touches et de l’émouvante Aimée de Spens.

Il m’a fallu un peu de concentration au début pour suivre le style complexe et fleuri de Barbey d’Aurévilly : il y a trop longtemps que je n’avais pas lu de romancier du XIXème siècle. Pour ceux qui n’ont pas peur des alcools forts peuvent faire ce voyage dans le passé. Dans le passé de notre langue, dans le passé de notre histoire, dans le passé des valeurs et vertus qui faisaient la grandeur de la noblesse d’Ancien Régime (quand elle n’oubliait pas de s’y conformer).

Romur - Viroflay - 51 ans - 25 octobre 2010