Arsène Lupin et le mystère d'Arsonval
de Michel Zink

critiqué par Killeur.extreme, le 24 septembre 2010
(Genève - 43 ans)


La note:  étoiles
Un Arsène peut-il en cacher un autre?
En cette année 1902, Zola vient de mourir, Dreyfus, à défaut d'être innocenté, a été gracié par le Président de la République. C'est dans ce climat que la marquise d'Arnac, antidreyfusarde convaincue organise une réception à laquelle participe le célèbre scientifique Arsène d'Arsonval qui fait une démonstration de guérison des maux par l'électricité et d'un modèle de téléphone révolutionnaire, c'est pendant ces démonstrations que Arsène Lupin volera à la marquise une lettre contenant la preuve irréfutable de l'innocence de Dreyfus, la marquise étant la maîtresse du véritable coupable qui avoue son crime dans la lettre. Pour protéger son amant la marquise accuse Lupin de lui avoir volé ses bagues, l'inspecteur Ganimard entre en piste et l'enquête le pousse vite vers d'Arsonval et sa jeune épouse, Arsonval veuf a épousé en seconde noce sa fille adoptive (fille de sa femme issue d'un premier mariage) puisque ce sont les démonstrations du savant qui ont permis à Lupin de commettre le vol... .

Cet aventure se déroule après l'évasion d'Arsène Lupin (voir la nouvelle de Maurice Leblanc) et même si l'écriture est différente, Maurice Leblanc décrit son époque alors que Michel Zink fait plutôt en racontant les évènements marquants un roman historique.
On pourra aussi reprocher que le roman "passe trop vite" un Lupin qui innocente Dreyfus aurait gagné à être traité comme un duel entre Lupin et l'amant de la Marquise d'Arnac l'un voulant innocenter Dreyfus, l'autre tentant de l'en empêcher.

Mais il faut reconnaître que ça fait plaisir de revoir Arsène Lupin se jouer de son vieil ennemi Ganimard et le fait que Arsène Arsonval ait vraiment existé et que les éléments donnés par l'auteur sur sa vie privée et ses expériences sont vrais donne un cachet authentique au roman et donc à Arsène Lupin (la préface qui révèle beaucoup l'histoire aurait été mieux en postface, mais bon!!!) et Michel Zink réussit comme Leblanc a faire croire au lecteur que Lupin peut être tel ou tel personnage et c'est un commentaire sur "Dorothée la danseuse de corde" (que j'ai critiqué) qui m'a fait réaliser que même si Lupin est peu présent (dans "Dorothée..." il est même complètement absent) physiquement, son ombre plane sur le roman, par exemple, dans le "Triangle d'or" il n'apparait qu'à partir de la moitié du roman, mais Maurice Leblanc oriente l'attention sur plusieurs personnages qui pourraient (par leur attitude, leur désinvolture) être Arsène Lupin et quand on lit un Arsène Lupin, notre attention est fixée sur tous les personnages et quand on croit l'avoir identifié on s'aperçoit qu'il a pris les traits du seul personnage qu'on a éliminé d'office.

Un bon moment de lecture, il manque la touche propre à Leblanc et une intrigue qui aurait pu être plus fouillée, mais le plaisir de retrouver Lupin et le mélange entre les faits réels et la fiction donne un cachet plus réaliste et nous fait presque croire à l'existence d'Arsène Lupin, à lire pour se faire plaisir.