Taxi de Khaled Al Khamissi
(Tāksī : hạwādīṯ al-mašāwīr)

Catégorie(s) : Littérature => Arabe

Critiqué par Ori, le 27 septembre 2010 (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 104ème position).
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Humour amer dans les taxis du Caire …

Une cinquantaine de dialogues entre le narrateur et différents chauffeurs de taxis apportent au lecteur un précieux témoignage de ce qu’est aujourd’hui la vie quotidienne du "petit peuple" dans la capitale égyptienne.

Par delà l’humour désespéré émaillant la plupart des propos des taxi-men interrogés, l’on réalise à quel point le citoyen égyptien se bat de manière pathétique pour assurer ses fins de mois, victime de la corruption éhontée des fonctionnaires à tous les niveaux de l’Etat et de la perpétuation par les possédants du système d’exploitation ‘des pauvres bougres’ …

Malgré une traduction qui laisse à désirer, le lecteur occidental retire de cette lecture une information essentielle quant au type de société régissant certains des pays en voie de développement, telle l’Egypte, et dont la pseudo-démocratisation est un leurre affiché par les gouvernants pour continuer de bénéficier de la manne américaine, selon un des témoins …

A l’issue de quelque 200 pages dont l’intérêt demeure très soutenu, l’auteur aura notamment abordé pêle-mêle, le marché noir des tickets de matchs de foot, le clivage des populations musulmane et copte, les prix ‘à la tête du client’, les trafics avec la Libye, l’attrait exercé par la capitale sur les provinciaux, ou par les monarchies du Golfe sur la main d’œuvre locale, les filles qui demeurent délurées sous le voile islamique, la rétroactivité des lois, la soumission à la volonté de Dieu en toutes circonstances, et par dessus tout, la grande misère étreignant une population sans espoir …

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Philosophie et bon sens populaire en Egypte .

7 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 20 août 2012

Réalisateur, journaliste et écrivain égyptien; Khaled Al Khamissi est l'auteur du best seller "Taxi" paru en 2009 (Editions Actes Sud)

En 2005 et 2006, Khaled Al Khamissi a sillonné les rues du Caire en taxi et rapporté une cinquantaine de conversations avec les chauffeurs. Des dialogues du quotidien portant sur l'économie, la politique et la vie sociale. Les lourdeurs de la bureaucratie, une société corrompue, la pauvreté latente et la peur de parler librement. Le tout souvent enrubanné d'humour grivois pour oublier la dureté du quotidien.
Ces chauffeurs cairotes s'en remettent à Dieu pour mieux le dénigrer quelques secondes après.
Des conversations qui fleurent bon le caractère arabo-méditerranéen. Une détresse sociale prémonitoire aux évènements qui se dérouleront en 2011 (Révolution égyptienne Place Tahrir)

J'ai apprécié ce court roman, profondément humain.
Un bon moment de lecture.

L'Egypte vue par des chauffeurs de taxi bavards !

7 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 2 juillet 2012

Ces 58 textes sont 58 instantanés de l'Egypte des années 2005-2006. Al Khamissi permet donc aux lecteurs de découvrir les injustices et les incohérences du système égyptien sous Moubarak grâce aux chauffeurs de taxi avec lesquels l'auteur converse. Ces informations permettent de nous éclairer sur les souhaits de ce peuple et sur la future révolution.

De nombreux sujets sont évoqués : les femmes, l'argent, les magouilles, les élections, la religion, l'école, les Etats-Unis, les Irakiens évoqués avec une certaine nostalgie, le passé avec Sadate et Nasser ...

Les chauffeurs sont loquaces et se confient volontiers. Ils sont parfois touchants quand on les voit se saigner pour nourrir leur famille, amusants par leurs blagues, rusés dès qu'ils parlent d'argent.

Ce recueil de textes est intéressant par les scènes de vie qu'il présente et par le caractère didactique implicite. Le regard des Egyptiens sur les Etats-Unis, l'Europe ou même l'Irak suscite notre intérêt.

Ambiance cairote

9 étoiles

Critique de Berlioz (, Inscrite le 27 novembre 2011, 29 ans) - 15 janvier 2012

Ces cinquante-huit témoignages nous plongent dans une Egypte corrompue à tous les niveaux. D'une sincérité affligeante, ce livre nous balade de taxi en taxi, nous offre des conversations avec des chauffeurs de taxi tous très différents les uns des autres qui partagent leur vision sur le monde qui les gouverne. On a vraiment l'impression d'être dans la peau du narrateur, à l'arrière de ces taxis insolites. Fabuleux.

La vie dans le rétro d'un taxi jaune égyptien

8 étoiles

Critique de AmauryWatremez (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 55 ans) - 8 novembre 2011

Khaled Al Khamissi rapporte dans ce livre cinquante-huit conversations, retranscrites en dialecte égyptien, qu'il a eues avec des chauffeurs de taxis du Caire entre avril 2005 et mars 2006, alors que Moubarak feignait de solliciter son peuple sous le joug pour un cinquième mandat. Il est question, comme dans les livres d'Alaa El Aswany, auteur de « l'immeuble Yacoubian » 1, de tous les maux qui assaillent la société d'avant le « printemps arabe », confisqué pour l'instant en Égypte par l'armée :

La corruption à tous les niveaux, l'inertie des autorités, la débrouille obligatoire pour survivre, se procurer les denrées nécessaires ou simplement de l'eau, les problèmes endémiques des grandes villes égyptiennes, la question des religieux fondamentalistes, les problèmes de couple aussi, le rôle des femmes, beaucoup plus complexe que dans l'imaginaire occidental, les brimades subies à cause des militaires, des notables la décadence des intellectuels etc..

« l'immeuble Yacoubian » de Alaa El Aswany explique parfaitement le passage d'une période très douce et heureuse au règne de la haine mieux que bien des pensums d'une grande sagesse ou réputés tels.

Quiconque a fait l'expérience du Proche-Orient connaît bien les sympathiques taxis « Servis », dont parle l'auteur dans ce livre, de couleur orange, généralement des limousines Mercédès hors d'âge, ou blanche ou jaune en Palestine et dans le Sinaï (bicolores au Caire, noir et jaune, ou noir et blanc), le plus souvent des « japonaises » brinquebalantes, dans lesquels on s'entasse à quatre ou six, ces taxis le plus souvent collectifs « bon marché », du moins pour ceux qui connaissent les prix, les touristes à sac banane et « bob » se faisant généralement avoir, mais c'est de bonne guerre, et de toutes façons, même s'ils paient deux ou trois fois le prix normal, cela reste deux à trois fois moins cher qu'un taxi parisien ou provincial.

Quand j'habitais Jérusalem j'ai toujours largement trouvé plus sympathique de prendre un « servis », dire « sheirout » (ou « chiotte » en hébreu côté israélien), qu'un car conditionné des lignes « Egged », plus confortable et plus régulier dans les horaires mais sans ce supplément d'âme.

Une ressemblance avec les chauffeurs parisiens, on enrichit largement son vocabulaire d'expressions grossières ou argotiques ou son répertoire d'injures. Après avoir pris le taxi au Caire ou à Alexandrie, on sait dire « Nique ta mère » ou « Va te faire enculer » en arabe ou en dialecte égyptien sans trop de problèmes.

On les prend rarement tout seul quand le taxi dessert une autre ville, et on attend généralement que le taxi soit rempli pour démarrer, ce qui permet au chauffeur et à ses clients de boire frais à la terrasse d'un café, de toutes façons il fait souvent trop chaud pour prendre la route, il vaut mieux ne pas être trop pressé. Les chauffeurs attendent le chaland aux portes des villes ou sur les places, c'est à qui parle le plus fort pour rameuter le plus de clients, c'est vivant, chaleureux et parfois pénible aussi car il faut toujours négocier le prix et ne pas demander trop de calme pendant un trajet entre une grand-mère et ses nombreux paquets, un jeune « shebab » qui raconte sa dernière virée à Ramallah, et les vieux qui commentent la politique sous leurs keffieh..

C'est un changement de rythme qui est à faire par l'occidental pressé et stressé, ce qui lui permet aussi de mieux comprendre la société de ces régions, plus organique, plus humaine que les nôtres bien que certains les méprisent les considérant comme arriérées et désordonnées. Prendre le « servis » c'est déjà se rapprocher beaucoup plus des habitants de l'Égypte, de Palestine, de Jordanie ou du Liban.

Une fois parti, il faut savoir que le code de la route est assez simple, il y a les voitures qui vont dans le même sens que le taxi, et celles qui vont en sens inverse, qui deviennent l'ennemi, avec un grand « E ». La bande-son des taxis proche-orientaux se compose dans le meilleur des cas des belles chansons d'Oum Khalsoum ou Fairouz, le son au maximum, des morceaux plus modernes d'Amr Diab, et dans les autres cas, la plupart du temps, de chansons sentimentales d'une célébrité locale, chanteur de charme d'Alexandrie ou du Caire.

Le prix des conteurs

10 étoiles

Critique de Spiderman (, Inscrit le 14 juin 2008, 62 ans) - 6 juin 2011

Chacun des 58 récits de ce recueil est un instantané saisissant de la réalité égyptienne des années 2005-2006. La lecture ou la relecture de la prose si bien enlevée de Khaled Al Khamissi après la révolution de janvier 2011 et la chute de Moubarak apporte un éclairage extraordinaire sur la vie dans la capitale d'un pays qui se dit "oum ed dounya", mère du monde ...
Le chauffeur de taxi est souvent le premier contact avec un citoyen lambda du pays que l'on visite. Ceux du Caire sont hors du commun : occupant ce job en complément d'un ou plusieurs autres emplois, sans véritable connaissance de la ville ou même de la conduite, au volant de guimbardes où le compteur n'est qu'un objet gênant le passager avant, leur principal passe-temps est la conversation avec les passagers.
Pour les avoir utilisés pendant des années et avoir eu la chance de bavarder avec eux en dialecte égyptien, j'ai trouvé dans le livre de Khaled Al Khamissi un aperçu fidèle, vif et touchant de ces dialogues cordiaux, familiers et incroyables de sincérité.
On trouvera ici beaucoup des éléments du malaise qui a conduit des millions de citoyens soumis à un système inhumain vers une révolte dont on attend de véritables transformations jusque dans le quotidien des chauffeurs de taxis, poètes, témoins, victimes ou insoumis.
Leur interprète, Khaled Al Khamissi était l'un des orateurs remarqués sur les barricades de la place Tahrir : osons attendre une version plus gaie dans une dizaine d'années ...

la tragédie ou la leçon de philosophie d'un peuple

10 étoiles

Critique de Camarata (, Inscrite le 13 décembre 2009, 73 ans) - 20 mars 2011

L’auteur nous dépeint avec chaleur et pas mal d’ironie ses innombrables trajets en taxi dans des villes égyptiennes.
Chaque trajet mis en scène est une histoire exemplaire et différente qui tire tantôt vers la fable comique, la tragédie ou la leçon de philosophie désabusée d’un peuple qui en voit de toutes les couleurs .

Le vocabulaire des protagonistes savoureux, populaire, épicé de tournures typiques et de blagues a pour effet de nous dépayser et de nous rapprocher en même temps.
Dans ces récits vivants, coquasses ou déchirants, on apprend beaucoup, sur la situation politique et économique du pays et sur la mentalité et le fatalisme d’un peuple qu’on comprend parfaitement. Très facile et plaisant à lire par sa construction et son style vif et familier, il éclaire et donne à réfléchir.

la vie quotidienne au Caire

8 étoiles

Critique de Sandra75 (, Inscrite le 10 décembre 2010, 44 ans) - 10 décembre 2010

Pour ceux et celles qui ont eu la chance de passer quelque temps dans la pollution cairote, ils pourront retrouver l'ambiance poisseuse et bruyante de cette ville épuisante. A rapprocher de l'immeuble Yacoubian pour la vision sombre sur cette société, mais probablement plus léger.

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