Les artistes au bordel de Hervé Manéglier

Les artistes au bordel de Hervé Manéglier

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Critiqué par Catinus, le 1 octobre 2010 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans)
La note : 8 étoiles
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Interlope

Lorsque l’on parle de Hugo, Flaubert, Rousseau , on songe immédiatement à « grands écrivains dotés d’un style remarquable « , à des œuvres intemporelles, à une certaine « élévation de l’âme « . Ce qui est exact. Mais durant leur vie, ils ont eu une face cachée, peu avouable, comme d’autres d’ailleurs : Dumas,Nerval, Gide, Wilde, Stendhal, Proust, Jouhandeau, Daudet, Gauthier, Maupassant, Huysmans et des peintres comme Ingres, Degas, Picasso, Lautrec , ... pour ne citer que les plus connus. Leur point commun fut la fréquentation des bordels, boxons, lupanars, clandés, c’est comme vous voulez. Ils ont fréquentés plus ou moins assidument ces demoiselles, dames, surnommées putes, p***, prostituées, catins, … à votre goût. C’est ce parcours initiatique et foutrement interlope, que nous conte cet ouvrage. A travers des récits, des anecdotes, des extraits de journaux très intimes, des extraits de leurs œuvres également. C’est de « l’hénaurme « comme aurait dit Flaubert, « c’est très frais ! « , aurait-il ajouté. Comprenez que tout cela est très peu « moralement correct « .
Pour ma part, muni de mon patronyme si particulier ( oups ! ), il fallait absolument que j’y touche, que je sache tout de tout cela ( je cause de la théorie, de ces anecdotes si croustillantes, attends-toua ! ) … pour ne pas mourir idiot. Mission accomplie, avec délectation !


Extraits :


- De Maupassant : Le bordel, il n’y a que ça de vrai, d’abord, fait-il dire à un de ses personnages. Les femmes du monde, j’en ai goûté, mais n’en faut plus. Quand on est empêtré d’une, on ne peut s’en débarrasser, et puis avec ces mijaurées, faut un tas de façons, faut payer de sa personne. Moi, j’aime pas me mettre en habit noir. Et puis, faut prendre un tas de précautions pour ne pas les compromettre, dans compter qu’il y a des jours où ça fait sa poire, tandis qu’ici ( au bordel ), les femmes sont toujours aimables.

- Alexandre Dumas se faisait fort, enfermé, le matin, dans une chambre avec cinq femmes, du papier, des plumes et de l’encre, d’en ressortir le soir, ayant écrit ses cinq actes et baisé les cinq femmes.

- Si l’on en croit les frères Goncourt ( et pourquoi ne les croirait-on pas ? ), c’est Lord Hertford qui aurait baptisé ce petit coin des grands boulevards compris entre la Maison d’Or, l’Opéra de la rue Le Peletier, la Librairie nouvelle, le café Anglais et Tortoni « le clitoris de Paris « .

- ( à propos de la bande de Mérimée, Stendhal, Delacroix, Musset , …)
En été, lorsque leurs libations s’étaient poursuivies tard dans la nuit, il leur arrivait d’aller regarder le soleil se lever, du haut des tours de Notre-Dame, en sirotant des orangeades, au milieu des chouettes et des chauves-souris.

- C’est ainsi que naquirent, dans la seconde moitié du XIX è siècle, les brasseries à femmes. Elles eurent un succès considérable auprès de la jeunesse. Dotées d’un personnel de salle exclusivement féminin, elles conjuguaient le plaisir et la convivialité du café avec les émotions du bordel.

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