Naissance d'un pont de Maylis de Kerangal
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Je ne regarderai plus les ponts comme avant…
Vous -Est-ce l’histoire d’une construction d’un pont ?
Moi -Oui et non.
V -Parce que s’il s’agit de nous raconter l’assemblage d’un pont, ça n’a aucun intérêt !
M -C’est bien pour cela que j’ai répondu : non. Il y a cent raisons de lire ce livre.
V -Ah on ne parle pas béton dans ce livre.
M -Si, c’est même une jeune femme à queue de cheval qui en est responsable.
Pour tout vous dire, il s’agit d’une ville américaine : Coca (cherchez pas, elle n’existe pas) qui a un maire ( le Boa) voulant marquer son passage. Il décide qu’il y aura un pont gigantesque qui relira Coca à l’autre rive du fleuve. Cet ouvrage démesuré nécessite une importante main d’œuvre et des cadres soigneusement choisis. Parmi eux Diderot l’ingénieur, Sanche le grutier… des hommes et des femmes, avec un passé et des rêves d’avenir. Une dizaine de portraits attachants.
A travers l’Histoire de la ville, on comprend aussi qu’un tel projet ne fasse pas l’unanimité : les écologistes, les propriétaires de ferry-boats, sans oublier les défenseurs des indiens vivant sur l’autre rive et qui craignent pour le mode de vie de ceux-ci. Ils useront de leurs armes pour faire vaciller ce chantier.
Un livre qui marquera cette rentrée littéraire.
Les éditions
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Naissance d'un pont [Texte imprimé], roman Maylis de Kerangal
de de Kerangal, Maylis
Verticales
ISBN : 9782070130504 ; 19,20 € ; 26/08/2010 ; 316 p. ; Broché -
Naissance d'un pont [Texte imprimé] Maylis de Kerangal
de de Kerangal, Maylis
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070445325 ; 8,10 € ; 05/01/2012 ; 336 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (23)
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Roman-pont et roman-fleuve
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 4 novembre 2024
Dès que le maire de Coca, surnommé le Boa, eut fait part de son projet un rien mégalomane de faire construire un pont reliant sa ville à Edgefront sur l’autre rive, une flopée de candidatures sont parvenues au Département ressources humaines du Consortium ayant emporté le marché public. Elles concernent une grande diversité de métiers : ingénieurs, chefs de chantier, grutiers, spécialiste du béton, sans compter les métiers connexes indispensables à faire vivre cette communauté de circonstance, le chantier pouvant aisément s’assimiler à une petite ville dans la ville.
Le projet ne plaît pas à tout le monde. Pensons aux passeurs dont les barques à moteur feront bientôt office de pièces de musée. Ou aux écologistes, soucieux de la paisible nidification des oiseaux migrateurs dont les environs du chantier sont un point de chute. Ou certaines communautés indiennes dont le territoire sera empiété par la nouvelle route qui prolongera le nouveau pont. Des conflits sociaux éclatent également. Bref, l’histoire de ce pont n’est pas un long fleuve tranquille.
Outre les aspects techniques relativement fouillés, qui en tant que non initié m’ont paru très instructifs, il y a aussi une étude des personnages-clef non moins fouillée : leur carrière, leur réalité familiale, leurs aspirations. On assiste aussi à des naissances d’idylle. L’idylle, une sorte de pont entre deux êtres humains qui ont hâte de mieux se connaître ?
Etant originaire du Havre, l’autrice a certainement dû être marquée par la construction du pont de Normandie, un bien bel ouvrage. Tout comme son roman !
Antagonismes
Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 14 mai 2024
Pourquoi cette violence? Car le sujet est grave, c'est celui de la place de la technique dans le développement de l'humanité. Une technique personnalisée par le pont qui prend naissance dans les lignes que le lecteur parcourt. Ce pont qui va entraîner l'opposition des personnes: les Indiens contre le Boa (le maire de la ville de Coca), Jacobs leur défenseur, universitaire qui a compris la fragilité des cultures autochtones contre Diderot, l'ingénieur en chef, figure du "anywhere", qui parcoure la surface du globe et contribue à sa dénaturation par les projets techniques qui fouettent sa motivation. C'est Diamantis la technicienne qui est en train de rater sa vie à force de privilégier sa vie professionnelle, c'est Thoreau (quel nom...) qui est en train de rater la sienne à cause de la lassitude et qui tente un dernier coup de poker. C'est l'opposition entre l'architecte, porté par son regard idyllique et l'idée de son bâtiment contre l'ingénieur dont les calculs sont le royaume.
Un beau roman, riche et dense dans lequel le lecteur trouvera la matière à réfléchir et à puiser des exemples sur le développement à tout crin. Le tout est servi par un style élégant qui ne m'a pas laissé indifférent.
Un monde avec ses ambitions et ses risques
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 29 septembre 2018
Un pont. Entre deux rives ? Tant et tant de ponts …
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 12 juillet 2016
Un pont. En pays indéfini, qui va relier les deux rives d’un fleuve au niveau de la ville de Coca, qu’on imaginerait facilement du côté de l’Amérique Centrale. Coca est dirigée par John Johnson, dit « Le Boa », qui à peine élu maire se pique de rêves de grandeurs, au pluriel, impressionné qu’il fut par un séjour à Dubaï où, nous dit Maylis de Kerangal, un tiers des grues existant à la surface du globe est mobilisé … Coca aura son pont. Pas n’importe quel pont bien sûr. C’est l’architecte Ralph Waldo qui remporte le concours. Et Ralph Waldo est un architecte à concepts, au même titre que Le Boa est un Maire à visions :
« … il décrit la forme qui ramasse les lieux : pour dire l’aventure de la migration, l’océan, l’estuaire, le fleuve et la forêt, la passerelle de lianes au-dessus des gorges et le tablier qui joue au-dessus du vide, il a choisi un hamac hautement technologique … »
Un décideur, un architecte inspiré, encore faut-il trouver les hommes, les femmes, qui vont physiquement s’impliquer, qui vont être capables de mener cet ouvrage d’une durée bornée dans le temps. C’est là qu’intervient Diderot, un chef de projet d’une grande compagnie de Travaux Publics en fin de carrière. C’est à lui qu’on va confier la responsabilité de recruter et d’acheminer les compétences qui permettront de passer du croquis à l’ouvrage d’art. Et de fait, Diderot est un personnage central du roman. Ralph Waldo et Le Boa ne sont intervenus que pour créer les conditions d’apparition de Diderot. Et de Sanche, le grutier. Et de Summer Diamantis, la responsable de la centrale béton. Et de Katherine, conductrice d’engin de terrassement. Et de tous ceux que Maylis de Kérangal va successivement animer sous nos yeux, un pied dans l’ouvrage du pont, l’autre dans leur histoire personnelle. Qui interférera, ou pas.
Le pont va s’élever progressivement sous nos yeux. La société de Coca va inter-réagir au fur et à mesure que les éléments prennent de la place dans le paysage, des relations se nouer et des drames éclater. Et le pont va s’élever. Prendre son autonomie en quelque sorte. A la fin il sera terminé. Mais quid de l’histoire ? Eh bien, on ne sait pas. Un pont, une fois que c’est bâti … ?
Deuxième essai
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 14 décembre 2015
Mais depuis, j'ai lu "réparer les vivants", un livre choc que j'ai admiré et qui m'a décidé à tenter un nouvel essai.
Si je n'y ai pas retrouvé la puissance du titre précédent, j'y ai retrouvé la "patte" originale de cette auteure.
Sa manière de construire un roman à partir d'un événement, puis, de "décortiquer" l'impact de cet événement ; pour un pont, cela concernera des hommes, les ouvriers, les indiens indigènes, une ville et ses habitants, mais aussi un fleuve, une forêt.
À travers quelques personnages forts, nous avons les différentes visions de cette gigantesque réalisation.
"En chemin, l'adversaire de l'ouvrage interpelle Diderot, j'aimerais connaître votre sentiment sur ce pont dont vous êtes le bâtisseur, dites-moi quelque chose de concret. Diderot le regarde puis articule très distinctement je ne calcule pas ces menaces hypothétiques, ces fantasmes, pas le temps, mon inquiétude se porte sur l'exécution du travail et la sécurité des hommes, que menacent les délais délirants, le cahier des charges intenable, le climat de merde, la putain de rentabilité de tout ce bordel."
Que ce soit dans les domaines humains, sociaux, écologiques, géographiques, Maylis de Kérangal analyse toutes les interactions d'une manière quasi-scientifique, souvent très technique, et tout cela avec une écriture formidable, recherchée mais exigeante.
Je ne regrette pas ce deuxième essai réussi !
Pari risqué.
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 27 janvier 2014
L'auteur n'a pas eu peur et son grand atout est son extraordinaire talent d'écriture. Quelques passages valent vraiment la lecture et même la re-lecture.
L'aspect négatif c'est le mode décousu de l'assemblage du roman !
Mais c'est un bon moment de lecture
Des petites phrases soulignées au hasard :
Le téton au garde à vous dans le creux des corsages
Celui qui veut construire un pont doit faire un pacte avec le diable
Juste une photo qui blanchit au fond d'un portefeuille
Ce jour m'appartient et je danse pour lui
Histoire...
Critique de MEloVi (, Inscrite le 6 juillet 2011, 40 ans) - 17 décembre 2013
La construction d'un ouvrage d'art de cette envergure entremêle des passés et des objectifs qui n'ont rien en commun si ce n'est ce pont entre deux rives. La métaphore est là, les effets majeurs.
Maylis de Kerangal rend bien compte de ces problèmes.
Ce roman est bien documenté mais peut être parfois un peu fastidieux à aborder. Les intrigues, liées aux différents personnages, sont plaisantes.
Pas facile de la finir...
Critique de Auteurpm (, Inscrit le 2 octobre 2012, 50 ans) - 14 mars 2013
Vanités des vanités...
Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 2 octobre 2012
Livre étonnant, sur un sujet étonnant, écrit en adoptant un point de vue très « project management » et une écriture tendue, avec des phrases de trois pages sans point ni guillemets (il faut qu’on sente à la lecture que le projet est en retard, peut-être).
Au-delà du pont ou des protagonistes de sa construction, l’évocation de Coca est saisissante. Histoire, géographie, climat, nous savons tout de Coca… sauf où la situer. Sans doute est-ce intentionnel, Coca est une de ces villes-monde cosmopolite, orgueilleuse et contrastée où le luxe côtoie la misère et où les bidonvilles poussent à l’ombre des "world first" architecturales.
Un pont enchanteur
Critique de SidonieLasalle (, Inscrite le 18 mars 2012, 50 ans) - 2 mai 2012
Un projet grandiose, vibrant, unique :
" les tours ne seront pas éclairées jusqu'au sommet afin qu'on puisse penser qu'elles se prolongent dans la nuit, le tablier sera un simple trait comme une ligne de fuite, on fera toucher les matières, le fleuve, la ville, la forêt..."
La ville est imaginaire, mais les réalités sont superbement approchées : la soif de grandeur d'un politicien en déroute; deux solitudes telles les piliers d'un pont se rejoignant au dessus de la misère affective et sociale; les mouvements d'une population déracinée, la confrontation entre entrepreneurs et ardents défenseurs de l'environnement; l'effort collectif, les petites victoires et les immenses déceptions; la dualité entre espoir et réalisme cruel.
Subtile, parfois drôle, toujours cohérente et précise, Maylis de Kerangal nous embarque dans une épopée humaine et technique déroutante, passionnante, tour à tour légère et grave. Le lecteur est plongé, sans casque ni protection, au coeur de ce chantier titanesque, il navigue parmi les ouvriers anonymes et les bâtisseurs de rêves, foule d'hommes et de femmes aux destins personnels noyés dans le gigantisme d'un projet qui les dépasse, et qui s'opposent sans relâche à la puissance d'une nature hostile.
Une jolie tranche de vies mêlées, une documentation impeccable, un style haletant : un très beau moment de lecture.
Le Progrès
Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 21 mars 2012
Maylis de Kerangal s’attache d’abord à chacun de ces personnages et nous en dresse un portrait rapide, qui prend parfois les allures d’un CV détaillé, mais n’oublie pas toutefois les aspirations ou les besoins qui ont guidé les pas de Georges Diderot, l’ingénieur, de Sanche Alphonse Cameron, le grutier, de Summer Diamantis, la bétonneuse, ou encore de Duane Fisher, de Buddy Loo ou de Katherine Thoreau, les ouvriers, les sans-grade. Toutes ces figures que rien ne liait se trouvent réunies autour du pont – auquel on serait tenté de donner une majuscule – sorte de fétiche ou de dieu païen vers lequel tous les regards se tournent, qui joue avec le destin d’hommes et de femmes qui ne se seraient pas vus s’il n’existait pas et qui se rencontrent maintenant et ont tous une influence – plus ou moins grande – sur la vie de ces inconnus familiers avec qui ils partagent tout, le temps d’une messe aux allures de grands travaux.
La naissance d’un pont, sous la jolie plume de Maylis de Kerangal, c’est donc avant tout une aventure humaine. Toutefois, ce n’est pas que cela : derrière cette galerie de portraits, il y a une fable sur le progrès. C’est aussi ça, le pont : le progrès. Or, ce progrès, il avance sans qu’on sache vraiment s’il faut s’en réjouir. De l’autre côté de Coca, ville imaginaire d’une Californie qui semble riveraine d’un bout d’Amazonie, il y a la jungle et en son sein, une tribu indienne avec son mode de vie, sa culture… menacés par ce pont qui les rapproche inexorablement de la « civilisation » qui mettra fin à la leur. Les Indiens, c’est le combat de Jacob.
L’auteur joue donc de cette ambivalence du pont : espoir ou fatalité ? Pour les habitants de Coca, le pont est un gain de temps, de sécurité et la fierté de figurer sur la carte, de posséder un chef-d’œuvre d’ingénierie. Pour les Indiens, le pont est d’abord une opportunité de commercer, mais il rapproche surtout inexorablement la jungle de la ville avec à terme la disparition d’une langue, d’une religion, d’un mode de vie, d’une culture. Un pont nait, une civilisation meurt. Dans le monde moderne, le pont ne rapproche plus les peuples, il les assimile – mot grotesque et pourtant bien trop d’actualité.
Faut-il donc se réjouir de la naissance d’un pont ? On est d’abord impressionné par la prouesse, puis on se rappelle qu’elle n’est que le fruit des ambitions personnelles d’un politicien pas très vertueux et que derrière ces deux tours provocantes, se dessine un drame humain qui les rend indécentes. Mais quoi qu’on en pense, rien ne peut stopper l’avancée du pont, ni les écologistes, ni les terroristes aux motivations obscures, ni les conflits sociaux – surtout pas les Indiens.
Il y a donc comme une sorte de résignation, dans ce livre : « On n’arrête pas le progrès ! » Au vu des rencontres et des séparations, des échanges et des conflits qui ponctuent le livre, des destins tantôt merveilleux et tantôt tragiques qui se dessinent autour de ce « pont cannibale », Maylis de Kerangal ne donne pas de réponse à notre question. A la fin du livre, la froide technicienne demande si « c’est la fin de la guerre » quand se rencontrent Diderot et Jacob, l’homme qui se coule dans le monde et celui qui rejette son avancée. Sans obtenir de réponse claire, elle reprend le service : le pont avance quoi qu’il en soit. Le livre, lui, se clôt sur l’image d’un carton de Campbell’s Soup qui flotte dans un fleuve où deux amoureux nagent à l’indienne. Une image qui laisse songeur…
Des images , du rythme...
Critique de Nav33 (, Inscrit le 17 octobre 2009, 76 ans) - 5 novembre 2011
Cette lecture m'a évoqué des images de bandes dessinées grand format avec des plans vertigineux sur le site du chantier , des zooms sur des visages. Inexorablement l'ouvrage grandit fruit de désirs disparates , d'aventuriers et pauvres venus de toute la planète , d'ingénieurs "mercenaires" mais pas sans morale, prestige de potentat local, de politiciens , d'affairistes. Finalement ici comme dans la vraie vie les acteurs sont de toute manière absorbés par leur oeuvre , même si la finalité n'est pas claire . (Le cas semblable extrême est celui l'architecte anglais du pont de la rivière Kwai qui se prend au jeu de la construction d'un pont pour l'ennemi dans le roman de Pierre Boulle.)
genèse d'un pont qui pose problèmes
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 24 août 2011
Originaire de Toulon, Maylis de Kerangal est une femme de lettres : elle s’est occupée d’une maison d’éditions pour la jeunesse et elle a déjà plusieurs romans à son actif. Son roman Naissance d’un pont a obtenu en 2010 le prix Médicis dès le premier tour.
Construire un pont ne doit pas être banal, mais celui imaginé par l’auteure est démesuré. Il fait penser à celui de Millau. A la différence que Maylis de Kerengal a choisi les States comme décor, bien que la nature particulièrement hostile aux humains transporterait plutôt le lecteur vers les forêts latino-américaines. Tout un petit monde se dégage des milliers de travailleurs employés à ce chantier titanesque. Summer est la miss béton, Sanche domine dans la cabine en haut de sa grue, Duane Fisher et Budy Loo assurent le spectacle en bravant le vertige, Jacob s’indigne grandement face à ce déni d’écologie, Le Français tient à maintenir son métier de passeur et au sommet, il y a Diderot, maître du projet et le Boa, un maire qui veut marquer son nom dans l’histoire de la ville de Coca.
Les personnages sont bien typés et accrochent le lecteur. Ils représentent la société qui nous entoure : un syndicaliste, un homme politique, un défenseur de l’écologie, un patron, des humains qui essayent de résoudre leurs petits problèmes quotidiens…
Un bémol pour le style : trop de longues phrases qui appesantissent. La phrase périodique bien construite apporte un plus pour autant qu’elle accentue les climax de l’action. La répétition des longues phrases provoque l’ennui et nuit même à la compréhension du texte dont on risque de perdre le fil.
Brèves rencontres sur chantier pharaonique
Critique de Ori (Kraainem, Inscrit le 27 décembre 2004, 89 ans) - 23 août 2011
Nous sommes ici les témoins de la construction d’un pont géant suspendu, destiné à relier d’un côté une rive en zone forestière abritant des tribus d’Indiens ombrageux, et de l’autre, la ville proprement dite (brésilienne peut-être) où la ‘civilisation’ est déjà présente avec ses rutilances citadines et ses gratte-ciels.
Parmi les centaines de travailleurs affluant de tous côtés pour prendre part à ce chantier géant, l’auteure a choisi quelques personnages-clés, importants ou mineurs, dont elle retrace ici les histoires personnelles qui les ont faits converger pour un temps dans l’aventure. Parmi ceux-là, le maire, ses opposants, le chef de chantier, le grutier, la technicienne du béton, ainsi que l’un ou l’autre ouvrier, asiatique ou indien d’Amérique.
A moins qu’il ne soit familiarisé avec le génie civil, le lecteur trouvera ici maintes occasions de vivre l’évolution d’un chantier, ses exigences, les diverses coordinations le faisant progresser, les incidents, conflits et récriminations, les rencontres fortuites et, roman oblige, les amourettes de passage.
Excellemment bien documenté, ce roman se lit pratiquement d’une traite et avec un certain plaisir, malgré le fait qu’il soit, et de manière surprenante, dépourvu de toute émotion communicative.
Un pont pourquoi faire ?
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 9 mai 2011
Un bouquin plutôt étrange, l'histoire d'un pont mais pas que...
J'ai eu du mal parfois à voir où voulait en venir l'auteur, ni livre d'architecture, ni de sociologie, ni d'écologie, ni d'urbanisme, ni de critique de notre société atomisée, donc pas un livre de ça en particulier mais de tout ça en général.
Au travers de destins hétéroclites, MDK dépeint la construction d'un pont au fin fond de cet état presque imaginaire de Californie, dans cette ville qu'elle a eu le mauvais goût de nommer Coca.
Des hommes et des femmes des quatre coins du monde y convergent, chacun avec une motivation personnelle et parfois troublante. Ceux qui cherchent prosaïquement un contrat de travail, ceux qui cherchent à s'y réaliser et à étoffer leur CV, les indiens marginalisés.
Ce livre est une fresque sur tous ces destins qui le temps d'un chantier vont s'animer, s'aimer, se battre, se disloquer.
Cela part dans tous les sens, c'est même le reproche que je fais à ce livre, azimuté, non contrôlé.
L'histoire se mêle d'écologie de bon aloi, de choix sociaux, de grève, d'onirisme, cela sans prendre un sens concret. Au fond comme ce pont qui va on ne sait où, pour quelle utilité ? Sinon satisfaire l'égo du Boa.
Alors au final ?
Et bien MDK a un indéniable talent, mêlant vocabulaire élaboré aux phrases les plus basiques, elle a indéniablement un monde littéraire bien à elle et qu'elle maîtrise et qu'elle saura faire fructifier. Elle a une personnalité d'écrivain intéressante qui fait que ce livre ne sera pas le meilleur de sa production, qu'elle va mûrir, qu'on va en entendre parler encore longtemps. Elle a juste la nécessité de creuser un peu plus son sillon sans partir, déboussolée, dans tous les sens. Un auteur à suivre.
Style déconcertant , lecture incontournable
Critique de Chakili (Floreffe, Inscrit le 30 décembre 2010, 76 ans) - 23 avril 2011
... Un tableau sous forme de flashes successifs, dans un style tout à fait particulier, voire déconcertant. La syntaxe n'est pas académique; les phrases sont longues, interminables, composées de segments juxtaposés séparés par une ponctuation rudimentaire. Le style est mi-populaire - phrases sans sujet, compléments sans verbe, incises perdues ne sont pas rares - et contraste avec la richesse d'un vocabulaire recherché, intellectuel, appuyé de métaphores.
Le lecteur peut être surpris, personnellement j'ai adoré pour la fluidité qui en découle : le rythme est nerveux alors qu'il s'agit surtout de l'analyse psychologique et sociale d'une dizaine de protagonistes; un sentiment de richesse littéraire prédomine.
Prix Médicis 2010 : Lecture pas facile mais qui vaut quand même le coup !
Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 6 mars 2011
Parce que ce pont est au centre de tout mais pour moi ce n'est qu'un prétexte pour regarder les gens autour de ce pont. Ce sont les gens qui vivent au rythme de ces constructions qui est le sujet principal. Drôle de vie que celle des chantiers ! Il y a les privilégiés, et les autres mais tous sont dans la même galère mais toujours au rendez vous aux prises de postes.
Autour de ce pont, il y a des enjeux économiques (pas toujours avouables), des vies qui se défont (accidents), des vies qui se re-construisent, des enjeux écologiques, une économie parallèle, des détracteurs, des grèves ... Le sujet est pour moi intéressant et assez bien exploité, mais le style de l'écriture m'a déroutée quelques fois ... Les personnages sont minutieusement décrits et travaillés.
Il me semble que l'auteur a vraiment travaillé son sujet, les descriptions sont précises et le vocabulaire soigneusement choisi.
Une lecture difficile, mais je ne regrette pas d'avoir tenu bon !
Naissance de l'ennui
Critique de Arnaud (Andenne, Inscrit le 29 novembre 2004, 44 ans) - 21 février 2011
L'idée est belle
Critique de Lu7 (Amiens, Inscrite le 29 janvier 2010, 38 ans) - 11 février 2011
Cet affairement fébrile et joyeux, ces corps à l'effort, cette partie pourtant si éphémère de la "vie" d'un pont.
Une belle écriture de chantier.
On ne s'attache pas ici aux personnages, ce n'est pas le but. Certains passages semblent parfois tombés de nulle part, privés que nous sommes de ce qui se passe dans la tête de ces accoucheurs de ponts.
Mais l'on passe un moment agréable, vif, léger, dans le béton, la sur la peinture rouge, pendus aux cables d'acier et les pieds dans la vase.
BOF BOF BOF
Critique de Pauline3340 (BORDEAUX, Inscrite le 2 août 2008, 56 ans) - 22 janvier 2011
pont pied pont oeil
Critique de Ronanvousaime (, Inscrit le 13 mai 2007, 49 ans) - 5 décembre 2010
Un très bon moment de littérature, vraiment !
Une odyssée collective
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 21 octobre 2010
Un roman à l’écriture riche, torrentielle , un fleuve de mots qui colle parfaitement au sujet : un chantier gigantesque à réaliser en un temps mesuré . On est transporté au coeur de ce maelstrom , on voit, on entend , on respire son activité diurne et nocturne , on suit sa gestation (cf : le titre), les différentes phases de sa construction, les obstacles à son avancée : l’interruption des travaux, les revendications salariales , l’accident, les imprudences ….Si la dimension technique y est présente elle n’y est jamais pesante , le vocabulaire industriel participant de la poésie de la modernité qui se dégage de l’ouvrage .
Une odyssée collective où les personnages sont constamment dans le mouvement , des personnages variés, venus d’horizons géographiques et sociaux différents , unis par l’urgence de la réalisation mais poursuivis par leur passé . Diderot, le chef de ce chantier , dont le nom renvoie au philosophe du 18e siècle, maître d’œuvre de l’entreprise encyclopédique , en est le centre , le pivot .
Le pont qui enjambant le fleuve relie les quartiers citadins riches de la ville tentaculaire de Coca aux quartiers populaires est un personnage à part entière de l’oeuvre . Maylis de Kerangal fait de lui le trait d’union entre présent et avenir , nature et culture, modernité et tradition, citadins et Indiens , mais aussi une sorte de monstre dévoreur, nouveau Minotaure .
Une épopée actuelle , puissante, au contenu dense , qui conjugue la dimension réaliste , la dimension poétique et la dimension fantastique et qui m’a paru trop courte ……
Le pont personnage principal, secondaire...
Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 38 ans) - 9 octobre 2010
Un pont, des centaines d'ouvriers, cadres, et responsable divers. MdK' nous évoque tout et j'ai vraiment eu peur qu'en 300 et quelques pages elle se perde dans son ambitieux projet et au final, elle réussit son coup avec maestria.
Pas de longueur, pas de passages inutiles, un grand nombre de personnages mais malgré ça on n'a pas l'impression que l'auteur se disperse.
Au final un livre intéressant, original, intelligent.
Que demander de plus?
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