L'iris de Suse
de Jean Giono

critiqué par Jules, le 1 mars 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Une autre vue de la Provence
Nous sommes en 1904. Un surnommé Tourniquet, ou Tringlot, ancien condamné aux travaux forcés militaires, est en fuite dans la campagne provençale. Il a quitté Toulon quelques jours auparavant et nous ne connaissons rien des raisons qu’il a de fuir comme s'il avait le diable aux trousses. Manifestement, cet homme a de la technique, de l'habitude. Il sait ce que c’est que d’être poursuivi.
Il ne se déplace que dans le plus grand silence et il devine ses poursuivants. L’un il l’appelle « Cachou » car il en mange tout le temps et cette odeur se repère. L'autre c'est « Porte-clefs » car il ne cesse de faire du bruit en manipulant celui-ci. Grâce à cela, il leur échappe sous nos yeux alors qu’il n'en est qu'à une dizaine de mètres. Cachou et Porte-clefs ne se rendront compte de rien.
Tringlot file loin et change d'apparence. Sur une petite route, il tombe sur un énorme troupeau de moutons mené par trois hommes. Le chef des meneurs est un homme déjà d’un certain âge, Louiset, crevant de douleurs au ventre sur le bord du chemin. Tringlot s'en occupe et le mène jusqu’à l’étape du soir. Là, l'autre va lui proposer de les aider à mener ce vaste troupeau jusque dans les hauts alpages. Pourquoi pas ?… Il sera bien mieux caché là-bas que dans les vallées ou les petits villages. Et nous montons haut, très haut dans la montagne.
Un autre monde s’ouvre ainsi à lui, avec d’autres valeurs, d’autres règles, d'autres problèmes, d'autres dangers et d'autres amitiés. Il y a aussi les bourgades, comme Mons et Villard avec leurs attraits et leurs risques. Mais il va surtout découvrir que la montagne aussi a ses passions et ses secrets, ses personnages hors du commun, comme la baronne de Quelte, Murataure, Anaïs, l'Absente, Casagrande.
Quand, des mois plus tard, son ami Louiset va quitter la montagne avec tout son troupeau, Tringlot y restera encore un petit temps, tellement il est envoûté par certains de ces personnages.
Mais pourquoi fuyait-il, et fuit-il toujours ?…Louiset a bien deviné qu'il a un secret, mais il l'estime trop pour lui demander quelque chose.
Giono nous livre ici un superbe tableau de la haute Provence et des montagnes. L’intrigue avance constamment sur deux tableaux et nous découvrirons que cette Provence n’était pas toujours un lieu aussi paisible qu'il ne l'a décrit dans bien d’autres livres.
L'iris de Suse 5 étoiles

J'ai un peu honte, je découvre Giono par ce titre, alors que j’entends parler de lui depuis toujours.
J'ai trouvé ce que l'on dit de cet auteur: un climat fort, des personnages haut en couleur etc...
Mais je me suis demandé pendant la lecture quel produit ou quel traitement médicamenteux il prenait pour dérouler un scénario aussi décousu. (je vais faire hurler ses laudateurs) Des personnages qui arrivent dans le récit sans que l'on sache d'où ils arrivent et pourquoi; des situations tellement approximatives qu'elles autorisent tous les rebonds; pas ou peu d'éclairage sur un certain nombre de comportements des personnages centraux...
Bref, je suis déçu même si le style général m'a procuré du plaisir.
Je vais aller vers d'autres Giono.

Nobody93 - - 78 ans - 7 mars 2019


Tringlot de Provence... 8 étoiles

1904, à Toulon, Tringlot, ancien condamné aux travaux forcés, s'échappe au nez et à la barbe de ses deux poursuivants : Cachou et Porte-clefs repérables et repérés qu'ils sont, l'un précédé d'une odeur de cachou qu'il consomme en quantité, l'autre par le bruit des clés qu'il manipule constamment dans sa poche.
On le retrouve dans la campagne provençale où il croise Louiset, malade, qui mène un troupeau aux alpages ; et qui lui demande de l'aide… Alors nous montons haut, très haut dans la montagne. C'est pour Tringlot la découverte de la montagne et, par la force des choses, d'une autre vie peuplée de personnages insolites et parfois inquiétants : Murataure, Anaïs, l'Absente, Casagrande, la Baronne, la Belle Marchande...
« L'iris de Suse » est le dernier roman de Jean Giono publié de son vivant. On y retrouve les grands thèmes chers à l'auteur, mais aussi la montagne provençale, personnage à part entière du récit. le style, plus dépouillé que jamais rappelle néanmoins les premiers ouvrages tels que « Colline », « Un de baumugnes » ou « Regain » ; malgré la critique qui évoque un côté opéra bouffe, probablement du fait de certains personnages pour le moins « baroques ».
Un bien beau texte.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 31 janvier 2013