Le Cantique des innocents
de Donna Leon

critiqué par Marvic, le 6 octobre 2010
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Cas de conscience pour Brunetti
Un pédiatre et sa femme sont brutalement agressés en pleine nuit, leur petit garçon de 18 mois enlevé par des carabiniers masqués. Brunetti se rend au chevet du médecin agressé, et tout en essayant d'éviter un nouvel épisode de "guerre des polices", il va enquêter sur les raisons de cette violence.

On retrouve dans ce dernier roman de Donna Leon tous les personnages de la série, du questeur au fidèle Vianello et l'ambiance si particulière de Venise.

L'intrigue n'avance pas beaucoup dans la première moitié du livre mais nous avons le plaisir de partager les préférences culinaires de Brunetti et ses réflexions sur la paternité, qui vont l'engager à poursuivre et essayer de comprendre les comportements étranges du Dottore Pedrolli et de son épouse.

Un excellent épisode des enquêtes du Commissaire Brunetti où on retrouve tout ce qui a fait le succès de la série, mais est-ce le fait de connaître déjà tous les personnages, celui-ci m'a semblé plus clair, plus linéaire.
Jusqu'où peut-on aller ? 8 étoiles

Donna Leon joue cette fois avec les émotions primaires du lecteur, celles que l'on ressent à l'idée de perdre un enfant. Même si il s'agit dans le cas présent d'un enfant que les carabiniers retirent à ses parents parce qu'il aurait été adopté illégalement, on ne peut qu'avoir l'estomac qui se noue parce que le bambin a 18 mois. Autant de temps passé à être aimé et voilà qu'on l'arrache aux siens... ça fait froid dans le dos. Une sensation de colère et de peur qui se trouve renforcée avec les éléments qui vont constituer peu à peu la trame du récit, l'horreur qui grandit, se développe jusqu'aux révélations finales, absolument affreuses de cruauté et de sordide. c'est la claque et on se surprend à se demander ce qu'on ferait en pareil cas. de quoi s'identifier à Brunetti qui vit lui-même les tourments évoqués. Il y a la loi et puis il y a tout le reste.... des êtres humains parfois bien sombres.

Dans doute un des tout bons numéros de la série Brunetti. Le commissaire, fort et fragile à la fois, se remet en question et mène une introspection sur ses valeurs et son attachement à la famille. A travers lui, c'est le portrait d'une certaine Italie qui est dépeint, hésitant entre traditions et modernité, corruptions et valeurs ancestrales.

J'aurai toutefois un bémol sur les toutes dernières pages que je trouve bien trop moralisatrices. Une tendance qui est d'ailleurs perceptible dans plusieurs chapitres du roman, lorsque Brunetti juge du comportement de certaines personnes. Il devient tout à coup très conservateur et même un brin pénible.
Mais cela ne m'a pas empêchée de grandement apprécier cette lecture !

Sahkti - Genève - 50 ans - 19 février 2011