Herzog
de Saul Bellow, Jean Rosenthal (Traduction)

critiqué par Bookivore, le 26 octobre 2010
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Le sommet de Bellow
Bien que "Le Don De Humboldt", pour lequel il a obtenu le Prix Pulitzer en 1976 (et Bellow a aussi eu le Prix Nobel de littérature la même année), soit immense, "Herzog", publié en 1963, est, pour moi, le meilleur roman de Saul Bellow, un des plus grands auteurs américains (mort en 2005) du XXème siècle avec Thomas Pynchon, Philip Roth, Tom Wolfe et Paul Auster (et j'en oublie, sans aucun doute).
"Herzog", difficile à trouver de nos jours (et c'est dommage), raconte l'histoire de Moses Herzog, un professeur quadragénaire, presque quinquagénaire, qui s'isole dans sa maison de campagne du Massachussets après que sa femme Madeleine, se seconde femme par ailleurs, l'ai quitté. Au bord de la folie nerveuse, il écrit, ou s'imagine écrire, des lettres, à ses proches, amis, famille, mais aussi à des gens célèbres, au gouvernement, à des collègues, à des vivants ou des morts. Lettres qu'il n'envoie jamais, et certaines même, il se contente de s'imaginer les écrire. Tout son passé lui revient à la tronche, et il l'entremêle avec le présent, ne sachant bientôt plus dans quelle époque il vit vraiment. Victime de ses obsessions, de son monde intérieur, victime de lui-même...
Enorme succès de librairie, "Herzog" (mot qui signifie 'duc' en allemand, il me semble) a reçu le Prix International de littérature en 1965, et est une oeuvre colossale, drôle et tragique, l'oeuvre majeure (avec "Le Don De Humboldt", ceci dit) de Saul Bellow.
C'est vraiment dommage qu'on ne puisse plus trouver, facilement et à prix raisonnable (je parle pour la France, car je pense que dans d'autres pays, on le trouve plus facilement), ce livre rarement réédité (mais, quand même, l'édition que je possède, en visuel d'article, date de 2006). "Herzog" fait partie de ces livres à lire absolument, un roman majeur et grandiose !
Chronique d'une crise 7 étoiles

Une drôle d'expérience de lecture que cet "Herzog". Une appréciation en dents de scie également. J'ai eu beaucoup de difficulté à m'attacher à cet intellectuel prétentieux qui paraît être son propre ennemi juré. Les lettres fictives qu'il écrit à des auteurs, sociologues, philosophes et autres sommités m'ont ennuyé au plus haut point par leur hermétisme et leur pédanterie. Saul Bellow semble parfois étaler son savoir encyclopédique au détriment de son récit. Il est cultivé, on peut lui accorder, puis quand il arrête un peu de frimer il est capable d'écrire de sublimes passages. J'ai passé les deux tiers de ma lecture à alterner entre le roulement oculaire découragé et l'admiration. Puis heureusement, le dernier tiers change un peu la trajectoire, le personnage devient plus supportable, les péripéties (si l'on peut utiliser ce terme) sont accrocheuses, l'humour fait mouche et la finale est toute en beauté. Je dirais que j'accorde un 7/10 au premier tiers, un 6/10 au second et un 8.5/10 à la dernière partie. Ça vaut tout de même la peine d'être lu, mais ça ne plaira vraiment pas à tous les publics.

ARL - Montréal - 39 ans - 22 août 2018