Beijing coma de Ma Jian

Beijing coma de Ma Jian
(Beijing coma)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par CC.RIDER, le 9 novembre 2010 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 301ème position).
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Un livre bouleversant

Dai Wei est un jeune et brillant étudiant en biologie moléculaire à la Faculté des Sciences de Beijing. Il porte la honte d'être le fils d'un droitiste. En effet, dans les années 50, son père, grand violoniste émigré aux Etats-Unis croyant naïvement aux lendemains qui chantent avec l'arrivée de Mao au pouvoir, rentra au pays pour être immédiatement enfermé au Lao-Gaï (Goulag chinois) pendant plus de vingt ans. En juin 1989, des milliers d'étudiants occupent pacifiquement la place Tienanmen, réclamant la fin de la corruption, un peu de liberté et plus de démocratie. Avec autant de sauvagerie que les fois précédentes, le pouvoir communiste réprimera cette action avec la plus extrême violence : tirs à balles explosives sur la foule, intervention des chars pour écraser les manifestants. Au milieu de ce carnage, Dai Wei reçoit une balle dans la tête qui le plonge dans un coma profond qui durera dix ans. Transformé en légume qui sent et entend tout, le malheureux étudiant se souvient.
« Beijing Coma » est un livre bouleversant qui nous raconte minutieusement non seulement la sinistre affaire de la place Tienanmen mais encore la révolution culturelle avec ses millions de morts, ses gens ébouillantés, enterrés vivants, ses prisonniers battus à mort à coup de pierres ou de bâtons, ses hommes que l'on oblige à se battre entre eux pour prouver qu'ils sont de bons maoïstes, ou qui sont si affamés qu'ils en arrivent à manger leurs excréments et même à se comporter en cannibales. Sans oublier la vente systématique des organes des condamnés à mort ou la facturation à la famille des frais d'exécution. Ce livre est le plus terrible réquisitoire jamais écrit contre le communisme chinois. Tous les faits rapportés sont accablants. Personne ne peut donner un chiffre fiable du nombre de morts et de blessés de la place de Tienanmen, pas plus que le nombre de millions de morts victimes du communisme chinois. Ma Jian a travaillé dix ans pour nous proposer ce livre majeur du niveau de ceux de Soljénistsine. Bien entendu, cela choque, dérange et est souvent pénible à supporter. C'est l'horreur à l'état maximal, le totalitarisme froid, organisé, sans aucun scrupule, sans coeur, sans âme, sans tripes. Si l'on veut être un tant soit peu averti et aller au-delà de la sino-béatitude actuelle, il faut absolument lire ce livre majeur (car les médias ne nous ont pas raconté le dixième de ce qui s'est réellement passé à l'époque...) Qu'en est-il d'ailleurs aujourd'hui ? On peut douter qu'un régime aussi monstrueux se soit réformé de l'intérieur, même touché par la grâce du divin capitalisme.

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terminus tian'anmen

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 2 juillet 2016

Dai Wei, étudiant en biologie moléculaire à l'université de Beijing (Pékin), est immobile sur son lit. Atteint d'une balle dans la tête un beau jour de printemps 1989, non loin de la place Tian'anmen, il est dans le coma. Les années passent, sans espoir de guérison, mais la partie de son cerveau laissée intacte lui permet d'entendre et sentir tout ce qui se passe autour de lui. Il revit ainsi, presque heure par heure, les événements, tendres et dramatiques, qui ont abouti à la terrible répression mettant un point final au mouvement vers la démocratie de la Chine d'après Mao Zedong (Mao-Tsé-Toung pour les anciens). Passé et présent convergent vers une fin tragique qui voit s'écrouler tous les rêves d'une jeunesse encore imprégnée d'idéal, avant que l'argent, bien ou mal gagné, ne remplace l'honneur et la liberté. Un constat implacable, ne négligeant aucune des contradictions qui ont agité tant le camp contestataire que celui des dirigeants d'un parti qui n'a de communiste que le nom. Comment le goût du pouvoir parvient à dévoyer les idées les plus généreuses ? Cette question, essentielle à la survie de l'humanité, est au cœur de l'ouvrage. Un roman puissant, aux dernières pages quasi insoutenables, aux qualités littéraires évidentes, jamais ennuyeux et qui touche à l'universel tout en décrivant par le menu ces quelques jours qui faillirent ébranler le monde…

noir de jais sous un ciel rouge étoilé

10 étoiles

Critique de Bertrand-môgendre (ici et là, Inscrit le 9 mars 2006, 69 ans) - 19 février 2014

Ça y est ! Je l'ai ! J'ai trouvé l'auteur que je recherchais, un homme capable d'écrire une si belle œuvre.

Si Mo Yan peut être comparé à un pilier soutenant un édifice, Ma Jian ressemble à l'eau tempétueuse d'un torrent qui suivant l'humeur se détourne de son lit qu'on lui aura pourtant bien canalisé. Il n'hésite pas à s'attaquer furieusement aux fondations du dit édifice.

J’attendais depuis longtemps de lire ce genre d'ouvrage. La part historique occupe une bonne place, jalonnée par des faits marquant de la mémoire des Chinois ; la part journalistique relate les coulisses du mouvement des intellectuels étudiants et professeurs en tête, ayant abouti aux tragiques événement de la place Tienanmen le 4 juin 1989.

J'attendais depuis longtemps cet auteur, car je ne pouvais me résoudre, me contenter de lire le prix Nobel de littérature déçu par la qualité littéraire de son œuvre et surtout par le manque d'engagement politique.

Les petites nouvelles regroupées sous le titre Nouilles chinoises, avaient amorcé mon intérêt envers Ma Jian, la mendiante de Shigatze la entretenu et Benjing Coma conforté.
C'est le livre que je recommande volontiers aux jeunes étudiants cherchant à connaître la version engagée de ces évènements.

Ma Jian m'a sorti de cette espèce de suite de textes bon enfant, mièvre qui de peur de se voir censurer dépeignent des situations misérables sans les dénoncer vraiment.
Bravo monsieur Ma Jian.

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