Le rideau de jade
de Isaia Iannaccone

critiqué par Jfp, le 14 novembre 2010
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
la chine voisine...
Un empereur de Chine autoritaire et passablement sanguinaire, un pape avide de se débarraser de cette Compagnie de Jésus qui lui fait de l'ombre et menace son pouvoir. On est au milieu du dix-huitième siècle, à l'époque où l'opéra connait ses premiers succès en Europe et va devenir bientôt le genre musical le plus prisé dans le monde entier. Un de ces opéras, écrit sur un livret de Carlo Goldoni (le célèbre auteur de "La Locandiera" et de maintes autres comédies), va circuler de Venise à Pékin, dans les malles d'un jésuite amateur de bel canto et désireux de faire entrer la dernière musique à la mode à la Cité Interdite. Derrière cette trame historique basée sur des événements avérés va se greffer une histoire romancée aux rebondissements spectaculaires, où femmes et eunuques se disputent la possibilité de faire valoir trémolos et vocalises. L'auteur dresse un portrait inattendu des relations existant entre l'Europe et la Chine au Siècle des Lumières. On apprend que les jésuites étaient présents au sein même de la Cité Interdite, fort appréciés pour leur savoir en matière d'astronomie. Le travail d'érudition qui a présidé à la conception de ce roman est visible, un peu trop tout de même car il nuit à la fluidité des dialogues, alourdis par de nombreuses références historiques. Remarquablement traduit, ce roman historique se lit toutefois avec un grand plaisir et ravira les amateurs de musique et d'orientalisme. Un grand pas également en direction d'une connaissance éclairée de la civilisation chinoise...