Lupus, tome 2
de Frederik Peeters

critiqué par Blue Boy, le 20 novembre 2010
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Mieux vaut être vieux et rebelle que jeune et du côté obscur…
Le petit périple avait bien commencé pour Lupus et Tony… jusqu’à ce qu’ils rencontrent cette nana porteuse de poisse, Sanaa…C’est sur la planète Norad que les choses ont vraiment mal tourné avec la mort de Tony et du type chargé par son milliardaire de père de ramener sa fille fugueuse au bercail. Maintenant Lupus doit fuir avec cette dernière, mais il y un problème de taille : il en est tombé raide dingue… Tous deux finiront par trouver refuge sur Necros, une planète mouroir pour retraités plus ou moins aisés, dans un hameau perdu en pleine jungle où vit clandestinement une communauté d’anciens ayant décidé de résister au système envers et contre tout…

Non seulement, cette suite reste digne du premier tome mais monte également en puissance, l’étau se resserrant peu à peu sur les fuyards dont la tête a été mise à prix dans toute la galaxie…Lupus se sent aspiré et désarmé face au charme et à la candeur de Sanaa, dont les yeux et le cœur restent insondables, alors qu’il n’a même pas eu le temps de se remettre de la perte tragique et brutale de son ami… Deux éléments concourant à accentuer lentement la tension du récit. Leur séjour dans le petit havre que représente la communauté leur permettra toutefois de prendre du recul et de passer du bon temps en compagnie de ces vieux rebelles aux personnalités bien trempées et non dépourvus d’humour... Des passages aussi hilarants (le t-shirt capteur d’émotions) que plein d’émotion contenue (la rencontre entre Sanaa et un vieillard emmuré dans le silence depuis 30 ans, après la mort accidentelle de sa femme et son fils).

Bref, un grand moment de bonheur que cette BD qui sent le vécu, et qui à coup sûr vieillira bien tel un bon vin…
Un graphisme magique 8 étoiles

Toujours ce trait noir, épais, un peu brouillon au premier abord mais qui me bluffe totalement par sa capacité à traduire un maximum d’émotion. Des cadrages surprenants qui fonctionnent pourtant très bien et quelques regards simplement dessinés qui paraissent vivants. Je ne sais pas comment expliquer cette magie qui transparaît dans ce graphisme sombre et profond, bien loin de ce que j’aime habituellement mais c’est une indéniable réussite. Ensuite cette histoire de cavale. Deux êtres perdus, déboussolés qui fuient sans plan précis et qui se retrouvent paumés sur une planète peuplée de vieillards. Ça aussi j’aime beaucoup. Le fait que l’action se passe sur des mondes légèrement exotiques ajoute à l’étrangeté du récit qui pourtant reste très encrée sur la psychologie des personnages. Lupus distille une incroyable humanité dans ces quelques pages et c’est pour cela qu’il faut lire cette BD.

Kabuto - Craponne - 64 ans - 20 mai 2012